mercredi 27 juin 2018

Exposition « Picasso Donner à voir » (Musée Fabre, Montpellier)


Exposition « Picasso Donner à voir »
Musée Fabre, Montpellier
Du 15 juin au 23 septembre 2018

   
Pablo Picasso, Femme aux mains jointes (étude pour «Les Demoiselles d’Avignon») , Paris, printemps 1907, huile sur toile, 91 x 72 cm, Musée national Picasso-Paris, dation Pablo Picasso, 1979, inv. MP16, photo © RMN-Grand Palais, (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau, service presse / musée Fabre © Succession Picasso, 2018

                                          

   Quatorze clés pour comprendre le désir


  Cette monstration s’inscrit dans le cadre de la saison « Picasso-Méditerranée » impulsée par le Musée national Picasso de Paris. Elle comprend une centaine de créations qui explorent toutes les techniques abordées par Picasso dans le cadre d’un panoptique permettant au spectateur de circuler tout en se perdant dans la tradition labyrinthique. Pourquoi 14 moments clés et pas 15 ou 16 ? Ce nombre, somme toute arbitraire, permet une approche très didactique du travail tout en mettant l’accent sur un nombre d’œuvres extrêmement connues provenant de la capitale. Nous ne nous trouvons pas ici dans le principe de la découverte, mais plutôt dans celui de la mise en valeur.

  Passons rapidement en revue ces sections : les débuts avec la période allant de 1895 à 1896 puis la découverte de Paris, le séjour à Madrid, enfin les premières années fécondes dans la ville lumière autour des modèles primitifs avec le grand tournant de 1906-2007 des Demoiselles d’Avignon (on ne verra ici que des esquisses, bien entendu). L’apparition d’une approche nouvelle qui donnera un mouvement nouveau, le Cubisme prend alors place dans les recherches polymorphes de Picasso. La fameuse Nature morte à la chaise cannée de 1912 montre comment l’espace illusionniste le dispute à l’introduction d’objets du réel, utilisés tels quels. Enfin la sculpture, genre très important se trouve représentée par quelques pièces dont Le Verre d’absinthe en bronze peint. La septième section couvrant 1918 à 1923 évoque un certain « retour à l’ordre » avec la toile monumentale La flûte de Pan tandis que la huitième confronte ses recherches au Surréalisme. Période difficile puisque les rapports d’André Breton avec la peinture sont trop restrictifs pour l’artiste. Il crée en fait son propre surréalisme puis va se diriger vers la gravure dont La Suite Vollard dans les années trente qui se trouve exposée au second étage du musée Fabre. « Autour de Guernica » permet d’évoquer l’œuvre, assez hasardeusement puisque se tient en ce moment même la grande exposition éponyme au musée Picasso, mais également sans le tableau, jugé intransportable. La onzième section évoque l’après-guerre et la Riviera avec Antibes d’un côté et les céramiques de Vallauris. Les années 1953-1954 mélangent intimité et création (rupture avec Françoise Gillot) tandis que la disparition de Matisse l’entraîne dans une relecture des grands maîtres de l’art comme Delacroix, Courbet, Poussin, Manet, etc. En 1963-1964 le mano a mano entre l’art et l’artiste s’amplifie grandement avant de nous conduire à la dernière section intitulée « Le souvenir des farces de jeunesse » (1972). Période riche et ouverte qui a été critiquée fortement à l’époque avant de devenir « classique » à son tour.

  S’il n’est guère aisé de trouver du neuf à dire sur l’œuvre du Maître, gardons en mémoire son incroyable vitalité et son sens de l’ironie. Tout tourne autour de lui comme son pinceau-scalpel virevolte sur la toile, dépeçant les formes pour en retrouver l’état originel.

                                                                                                                                                     Christian Skimao


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