lundi 29 octobre 2018

Picasso (carré d'art-Musée d'art contemporain), Nîmes 2018


Deux expositions : « Picasso. Le temps des conflits. » et « Lignes de fuite » avec Khalil Rabah , Mounira Al Solh, Ibro Hasanovic , Adrian Paci
Carré d’art-Musée d’art contemporain, Nîmes
Du 25 octobre au 3 mars 2019 





Pablo Picasso Massacre en Corée,1951. Musée national Picasso-Paris. Photo Mathieu Rabeau  pour RMN-Grand Palais.




 L’art en peintures de guerre

  Toujours dans le cadre de Picasso-Méditerranée, cette exposition de 39 œuvres de Picasso, provenant du Musée Picasso-Paris, met aussi en scène des réalisations contemporaines autour de la thématique des conflits. L’œuvre centrale demeure ici « Massacre en Corée » de 1951, mélangeant des influences de science-fiction avec Goya, mais qui ne possède pas la force mythique de « Guernica » Se pose alors la question, comment donc appréhender « Guernica » sans « Guernica » ?  Une seule alternative, travailler autour en illustrant son absence par la présence de pièces qui l’évoqueraient en creux : photos d’archives de Dora Maar, film d’Alain Resnais, dessins de projets de mobilier avec les corps du tableau du brésilien Gabriel Borba Filho, de 1977 (exposés à La Biennale de Paris de l’époque), enfin une série de peintures et d’œuvres sur papier du Maître.

  On évoquera l’excellence de nombreuses pièces allant des diverses versions de « La femme qui pleure » au métaphorique « Chat saisissant un oiseau » de 1939, ou encore la puissante « Tête de mort » (sculpture massive en bronze et cuivre), tout en admirant la finesse et l’efficacité des trois « Tête de chien » en papier déchiré, brûlé et froissé, de 1943. Une mention spéciale à « La Suppliante » de 1937 qui orne l’affiche de la monstration. Pour conclure cette partie historique, une vidéo de Rineke Dijkstra intitulée « I see a Woman Crying » avec de jeunes écoliers gallois qui évoquent avec leurs mots et sentiments « La Femme qui pleure » (portrait de Dora Maar) sans que l’œuvre ne se trouve jamais visible pour le spectateur.

  Avec le pendant contemporain, on découvre quatre approches différentes. Une vidéo d’Ibro Hasanovic, « Note on the multitude », filmée à Pristina, capitale du Kosovo lors d’un départ pour une destination nouvelle dans un pays plus riche d’Europe. On y voit les heurts des corps et l’émotion de la séparation. Adrian Paci, artiste albanais, propose quatre images qui composent son travail, reprenant des images des spectateurs lors des funérailles de dirigeants communistes. Le caractère obligatoire de leur présence contraste avec leur calme indifférence face à ces rituels d’une autre époque. Mounira Al Solh présente d’une part des dessins et des récits de réfugiés syriens tandis que des sujets brodés abordent les thèmes personnels de l’exil et d’un temps définitivement disparu. Enfin, Khalil Rabah, artiste palestinien, développe le projet d’un Musée palestinien fictif et utopique. La composition exposée ici se nomme « Acampamento vila Nova Palestina » et présente sur un assemblage de grandes toiles d’où les personnes ont été découpés, une peinture d’une favela de Sao Paulo. On y verra ainsi l’oubli des habitants et la mise en regard de cousinages entre politique et questions sociales.


Adrian Paci The Procession , 2016, quatre aquarelles sur papier contrecollées sur contreplaqué, 18 x 24 x 2,2 cm chacune. Collection FRAC Aquitaine. Photo Jean-Christophe Garcia. © Adrian Paci. 


  Se dessine une salutaire plongée dans un futur incertain, entre éthique et esthétique …                  

                               Christian Skimao
  



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