Deux
expositions : « Picasso. Le temps des conflits. » et
« Lignes de fuite » avec Khalil Rabah , Mounira Al Solh, Ibro
Hasanovic , Adrian Paci
Carré
d’art-Musée d’art contemporain, Nîmes
Du
25 octobre au 3 mars 2019
Pablo Picasso Massacre en Corée,1951. Musée national Picasso-Paris. Photo Mathieu Rabeau pour RMN-Grand Palais. |
L’art en peintures de guerre
Toujours dans le cadre de
Picasso-Méditerranée, cette exposition de 39 œuvres de Picasso, provenant du
Musée Picasso-Paris, met aussi en scène des réalisations contemporaines autour
de la thématique des conflits. L’œuvre centrale demeure ici « Massacre en
Corée » de 1951, mélangeant des influences de science-fiction avec Goya,
mais qui ne possède pas la force mythique de « Guernica » Se pose
alors la question, comment donc appréhender « Guernica » sans
« Guernica » ? Une seule
alternative, travailler autour en illustrant son absence par la présence de
pièces qui l’évoqueraient en creux : photos d’archives de Dora Maar, film
d’Alain Resnais, dessins de projets de mobilier avec les corps du tableau du
brésilien Gabriel Borba Filho, de 1977 (exposés à La Biennale de Paris de l’époque),
enfin une série de peintures et d’œuvres sur papier du Maître.
On évoquera l’excellence de nombreuses pièces
allant des diverses versions de « La femme qui pleure » au
métaphorique « Chat saisissant un oiseau » de 1939, ou encore la
puissante « Tête de mort » (sculpture massive en bronze et cuivre),
tout en admirant la finesse et l’efficacité des trois « Tête de
chien » en papier déchiré, brûlé et froissé, de 1943. Une mention spéciale
à « La Suppliante » de 1937 qui orne l’affiche de la monstration. Pour
conclure cette partie historique, une vidéo de Rineke Dijkstra intitulée
« I see a Woman Crying » avec de jeunes écoliers gallois qui évoquent
avec leurs mots et sentiments « La Femme qui pleure » (portrait de
Dora Maar) sans que l’œuvre ne se trouve jamais visible pour le spectateur.
Avec le pendant contemporain, on découvre
quatre approches différentes. Une vidéo d’Ibro Hasanovic, « Note on the
multitude », filmée à Pristina, capitale du Kosovo lors d’un départ pour
une destination nouvelle dans un pays plus riche d’Europe. On y voit les heurts
des corps et l’émotion de la séparation. Adrian Paci, artiste albanais, propose
quatre images qui composent son travail, reprenant des images des spectateurs
lors des funérailles de dirigeants communistes. Le caractère obligatoire de
leur présence contraste avec leur calme indifférence face à ces rituels d’une
autre époque. Mounira Al Solh présente d’une part des dessins et des récits de
réfugiés syriens tandis que des sujets brodés abordent les thèmes personnels de
l’exil et d’un temps définitivement disparu. Enfin, Khalil Rabah, artiste
palestinien, développe le projet d’un Musée palestinien fictif et utopique. La
composition exposée ici se nomme « Acampamento vila Nova Palestina »
et présente sur un assemblage de grandes toiles d’où les personnes ont été
découpés, une peinture d’une favela de Sao Paulo. On y verra ainsi l’oubli des
habitants et la mise en regard de cousinages entre politique et questions
sociales.
Adrian Paci The Procession , 2016, quatre aquarelles sur papier contrecollées sur contreplaqué, 18 x 24 x 2,2 cm chacune. Collection FRAC Aquitaine. Photo Jean-Christophe Garcia. © Adrian Paci. |
Se dessine une salutaire plongée dans un
futur incertain, entre éthique et esthétique …
Christian Skimao
Christian Skimao
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