samedi 9 août 2025

Exposition Jean-Michel Othoniel, Avignon, 2025

 

Exposition Jean-Michel Othoniel COSMOS ou Les Fantômes de l’amour

Dans une dizaine de lieux culturels en Avignon

Palais des Papes, Collection Lambert, Musée lapidaire, etc.

Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026

 

                            

Jean-Michel Othoniel, Cosmos, Palais des Papes, Avignon, 2025

                    Construire un rêve amoureux

 

 

  Cette année 2025 marque une date importante pour Jean-Marie Othoniel. Sollicité par la ville d’Avignon pour célébrer les 25 ans de sa désignation comme capitale européenne de la culture et les 30 ans de son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, il a choisi d’occuper une dizaine de lieux emblématiques avec 260 œuvres, avec ses briques et ses perles, le plus souvent monumentales. La thématique de l’amour, assortie de nombreuses citations littéraires, où « Les Fantômes de l’amour pourraient entrer en résonnance avec Fragments d’un discours amoureux  de Roland Barthes.

  Le Palais des papes comprend, évidemment, le plus d’œuvres et les plus monumentales. Commençons par les deux Astrolabes, celui de la place du Palais, à l’extérieur en signalétique, et l’autre présent dans le cloître Benoit XII, tous deux composés de grosses perles rutilantes. Le Tombeau de l’amour demeure une œuvre plus émouvante, réalisée avec les fameuses briques de l’artiste, bleues et dorées, dans la Chapelle Saint-Jean. Sans oublier son pendant, le presque « petit » cénotaphe de la Chapelle Saint-Martial, inspiré du tableau de Nicolas Poussin, Et in arcadia ego (Moi aussi j’ai vécu en Arcadie) qui joue sur la profondeur d’un temps oublié, mais qui peut réapparaître. Le cosmos se trouve toujours présent avec les Constellations, suspendues dans la pénombre de la Chambre de Parement, créant un effet tout à fait magique. Enfin l’énorme installation avec un tapis de 7500 briques bleues et des suspensions de boules dans la Grande Chapelle renoue avec l’esprit « grand format » du Palais des Papes. Sans oublier les 60 peintures de l’artiste, de tailles diverses, sises dans le Grand Tinel, au fond recouvert de feuilles d’or blanc, qui représentent des plantes magnifiées.

Jean-Michel Othoniel et Sol Lewitt, Collection Lambert, Avignon, 2025


  Du côté de la Collection Lambert, Othoniel se trouve subtilement en correspondance avec des œuvres de Robert Ryman,  Louise Lawler, Roni Horn ou Nan Goldin, etc. Une mer de briques bleutées répond également à un Sol Lewitt permanent, tandis qu’une œuvre de 2015, une pierre en obsidienne sur un socle en bois de marronnier, prend place dans la pièce où se trouve Wall Drawing # 538 ; On Four Walls, Continuous Forms with Color Ink Washes Superimposed avec un résultat magnétique. Un autre dialogue superbe a lieu entre des Wonder Block, les élégants monolithes de verre sulfurisé (et leurs croquis préparatoires) et le légendaire Donald Judd mural, à dix modules, en acier galvanisé et plexiglas. Avec Carl Andre, s’établit rapidement une parenté horizontale tandis que des œuvres encadrées d’Othoniel entrent en discussion avec des Cy Towbly inspirés. Il y a également des œuvres plus anciennes, parfois à connotation érotique, en souffre jaune, qui irradient de leur côté. Bref, un ensemble très inspiré et qui joue avec tous les codes de l’art contemporain.

Jean-Michel Othoniel, Precious Stonewall, Musée Lapidaire, Avignon, 2025


  Une mention spéciale pour deux institutions : d’une part, le Musée du Petit Palais-Louvre en Avignon qui trouve l’artiste en train de s’immiscer parmi les primitifs italiens, mettant en lumière et en volume une quarantaine d’auréoles composées de cercles de verre diaphanes sertis d’or, traduisant la puissance des amours sacrés et profanes (ex. avec Zanobi Strozzi et son Retable de saint Jérôme); d’autre part le Musée Lapidaire qui se trouve paré de Wonder Block sur toute sa façade tandis qu’à l’intérieur se trouve un grand volume avec des guirlandes de verre, nommé Precious Stonewall. Une excellente illustration du passage de la thématique choisie entre les restes antiques et la pensée contemporaine au travers d’une historicité dynamique.

 

                                                                                                                     Christian Skimao

 

 

 

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