mardi 23 octobre 2012

Exposition Eija-Liisa Ahtila « Mondes parallèles »


Exposition Eija-Liisa Ahtila
« Mondes parallèles »
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 12 octobre 2012 au 6 janvier 2013











                                         L' Annonciation d’Eija-Liisa Ahtila





Alice aux pays des rennes (une traversée de l’espace-temps)


  Avec les travaux d’Eija-Liisa Ahtila, artiste finlandaise connue internationalement, on aborde un domaine qui mixe la vidéo avec la notion d’environnement. En effet avec la disposition de plusieurs écrans, le spectateur circule dans ce nouvel espace défini par les sons et les images. Il participe ainsi à la construction d’un lieu participatif qui l’oblige à être partie prenante dans la perception de l’œuvre.

  Comme son titre l’indique, « Mondes parallèles », une coproduction de Carré d’Art avec le Moderna Museet de Stockholm et le Musée Kiasma d’Helsinki, travaille sur les différents états de perception au travers de 6 installations vidéos, de sculptures et de dessins. La vidéo nous pose toujours la question de la référence à la fiction et de l’autonomie d’un art par rapport à son aîné, le cinéma. Une interrogation qui demeure toujours d’actualité malgré l’extrême banalisation de cette pratique artistique.

  Avec L’Annonciation (2010), Eija-Liisa Ahtila intervient à la fois dans le domaine de la performance, de la peinture, du cinéma et de l’histoire de l’art (Fra Angelico par exemple). Tournant avec deux actrices professionnelles, elle a fait appel à des amatrices recrutées par l’Institution des diaconesses à Helsinski. Le paysage glacé permet un déplacement d’avec les scènes peintes de la peinture italienne ou les paysages de Palestine. L’ensemble repose sur des niveaux de perception multiples, optant pour une forte distanciation d’une part, puisque l’on assiste aux travaux préparatoires des actrices mais aussi à une somptueuse reconstitution de ce moment clé de la pensée chrétienne. Il existe un jeu théâtral sur et avec le sacré au travers d’une relecture très interrogative. La présence d’animaux réels (l’âne et les pigeons) et symboliques (figurantes masquées) traduit la participation du monde non humain à cet événement. Deux notions en apparence contradictoires se heurtent fortement, le kitsch et le sublime, finissant par définir une approche très ouverte.

  D’autres œuvres animées questionnent également les préoccupations du regardeur. La Maison (2002) où une femme entend des voix intérieures qui perturbent gravement sa réalité. Ou encore Horizontal (2010) qui présente sur six écrans un épicéa, non pas de façon attendue, à la verticale mais de façon horizontale, d’où le titre de la vidéo, en conservant un modérateur d’échelle à son pied. Il s’agit d’une leçon de peinture par le biais du bruissement des images légèrement mouvantes. Ainsi le changement du point de vue influe sur la perception générale du sujet. La notion évidente de nature s’estompe et oblige à réfléchir à la « Stimmung » (Georg Simmel) de cet arbre au travers du paysage qu’il nous offre. Entre réflexion et contemplation. Eija-Liisa Ahtila se réfère souvent à l’« Umwelt » de Jakob von Uexküll et à sa mise en lumière de la superposition des mondes. Sa transposition dans le monde de l’art contemporain favorise des décisions hétérodoxes qui poussent l’artiste à explorer les frontières d’un monde brouillé.


                                                                    Christian Skimao

       

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