samedi 20 avril 2024

Exposition Nicolas Momein, Domaine de Panéry, Ceysson et Bénétière, 2024

 

Exposition Nicolas Momein

Wipe your cheeks

Domaine de Panery, Ceysson et Bénétière

Du 13 avril au 14 juin 2024

 

 

Nicolas Momein, vue partielle de l'exposition, domaine de Panéry, 2024

 

                              Matières et pensées

 

 

  Cette exposition de Nicolas Momein propose différentes réalisations sérielles. La première avec de la poudre d’aluminium pigmentée sur toile (Transfert 2024); une deuxième utilisant de la poudre d’aluminium pigmentée sur vinyle contre collé (Orné, Boomerang,); une troisième, avec de l’acrylique sur toile de jute (Lining) ; enfin une quatrième, plus spécifique avec un support d’origine animale, transfert à chaud, poudre d’aluminium sur peau (Peaux à peaux 2024). La mise en avant des techniques utilisées ici n’est pas anodine car elle s’inscrit dans la démarche de l’artiste, qui opère un travail d’appropriation de celles-ci pour obtenir un résultat différent. Cette recherche dans le domaine du « faire », dépasse bien entendu le débat entre art et artisanat, pour aboutir à une réutilisation contemporaine et décalée de pratiques nées dans le monde industriel.

 

  La présence de ses surfaces réfléchissantes frappe au premier regard. L’utilisation de feuilles d’aluminium pigmenté servant au contre collage industriel a de quoi surprendre. Ces pigments s’ajustent en surface sur leur support tout en se plissant, d’où ces zones qui délaissent le « bien fait » pour glisser vers de plus turbulentes qualifiables de « mal fait ». J’emprunte ici cette ironique dichotomie à François Morellet qui jonglait avec malice entre les notions de « bien peint » et de « mal peint ». Le choc visuel demeure quant à lui intact et se trouve même renouvelé par cette démarche hors cadre. Ces pressions à froid sur vinyle se trouvent donc savamment orchestrées tout en laissant libre cours à toutes les interprétations possibles. L’apparition d’un certain lyrisme au travers de ces gestes contraints transforme chaque « peinture » (la dénomination semble assez impropre mais sa résonance passionnelle demeure trop forte pour se trouver négligée) en une sorte d’opéra sauvage. Dans le caveau du Domaine, s’exposent aussi de petits formats encadrés qui ne manquent pas d’une insolente élégance.

 

  Concernant ces étranges peaux, l’artiste poursuit son travail de « sape », introduisant, une surprenante dose de baroquisme. La rencontre, non fortuite, entre un élément naturel bien que transformé et des éléments industriels très typés, donne naissance à des œuvres hybrides. S’installant dans une entreprise, « Eureka », à l’occasion d’une résidence organisée par le Centre d'art le Lait à Graulhet en 2022, Nicolas Momein a mis en place une vision artistique toute reprogrammée. La pensée demeure un outil au service d’une esthétique liée à des conditions matérielles en perpétuel devenir.

 

                                                                                                                   Christian Skimao

 

 

 

 

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