Exposition Nicolas Momein
Wipe your cheeks
Domaine
de Panery, Ceysson et Bénétière
Du 13 avril
au 14 juin 2024
Nicolas Momein, vue partielle de l'exposition, domaine de Panéry, 2024 |
Matières
et pensées
Cette exposition de Nicolas Momein propose
différentes réalisations sérielles. La première avec de la poudre d’aluminium
pigmentée sur toile (Transfert 2024); une deuxième utilisant de la poudre
d’aluminium pigmentée sur vinyle contre collé (Orné, Boomerang,); une
troisième, avec de l’acrylique sur toile de jute (Lining) ; enfin
une quatrième, plus spécifique avec un support d’origine animale, transfert à
chaud, poudre d’aluminium sur peau (Peaux à peaux 2024). La mise en
avant des techniques utilisées ici n’est pas anodine car elle s’inscrit dans la
démarche de l’artiste, qui opère un travail d’appropriation de celles-ci pour
obtenir un résultat différent. Cette recherche dans le domaine du « faire »,
dépasse bien entendu le débat entre art et artisanat, pour aboutir à une réutilisation
contemporaine et décalée de pratiques nées dans le monde industriel.
La présence de ses surfaces réfléchissantes frappe
au premier regard. L’utilisation de feuilles d’aluminium pigmenté servant au contre
collage industriel a de quoi surprendre. Ces pigments s’ajustent en surface sur
leur support tout en se plissant, d’où ces zones qui délaissent le « bien
fait » pour glisser vers de plus turbulentes qualifiables de « mal
fait ». J’emprunte ici cette ironique dichotomie à François Morellet qui
jonglait avec malice entre les notions de « bien peint » et de
« mal peint ». Le choc visuel demeure quant à lui intact et se
trouve même renouvelé par cette démarche hors cadre. Ces pressions à froid sur
vinyle se trouvent donc savamment orchestrées tout en laissant libre cours à
toutes les interprétations possibles. L’apparition d’un certain lyrisme au
travers de ces gestes contraints transforme chaque « peinture » (la
dénomination semble assez impropre mais sa résonance passionnelle demeure trop
forte pour se trouver négligée) en une sorte d’opéra sauvage. Dans le caveau du
Domaine, s’exposent aussi de petits formats encadrés qui ne manquent pas d’une
insolente élégance.
Concernant ces étranges peaux, l’artiste
poursuit son travail de « sape », introduisant, une surprenante dose de
baroquisme. La rencontre, non fortuite, entre un élément naturel bien que
transformé et des éléments industriels très typés, donne naissance à des œuvres
hybrides. S’installant dans une entreprise, « Eureka », à l’occasion
d’une résidence organisée par le Centre d'art le Lait à Graulhet en 2022,
Nicolas Momein a mis en place une vision artistique toute reprogrammée. La
pensée demeure un outil au service d’une esthétique liée à des conditions matérielles
en perpétuel devenir.
Christian
Skimao
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