Exposition
Jean-Michel Othoniel COSMOS ou Les Fantômes de l’amour
Dans
une dizaine de lieux culturels en Avignon
Palais
des Papes, Collection Lambert, Musée lapidaire, etc.
Du 28
juin 2025 au 4 janvier 2026
Jean-Michel Othoniel, Cosmos, Palais des Papes, Avignon, 2025
Construire un rêve amoureux
Cette année 2025 marque
une date importante pour Jean-Marie Othoniel. Sollicité par la ville d’Avignon
pour célébrer les 25 ans de sa désignation comme capitale européenne de la
culture et les 30 ans de son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, il
a choisi d’occuper une dizaine de lieux emblématiques avec 260 œuvres, avec ses
briques et ses perles, le plus souvent monumentales. La thématique de l’amour, assortie
de nombreuses citations littéraires, où « Les Fantômes de l’amour pourraient
entrer en résonnance avec Fragments d’un discours amoureux de
Roland Barthes.
Le Palais des papes comprend, évidemment, le plus
d’œuvres et les plus monumentales. Commençons par les deux Astrolabes,
celui de la place du Palais, à l’extérieur en signalétique, et l’autre présent
dans le cloître Benoit XII, tous deux composés de grosses perles rutilantes. Le
Tombeau de l’amour demeure une œuvre plus émouvante, réalisée avec les
fameuses briques de l’artiste, bleues et dorées, dans la Chapelle Saint-Jean.
Sans oublier son pendant, le presque « petit » cénotaphe de la Chapelle
Saint-Martial, inspiré du tableau de Nicolas Poussin, Et in arcadia ego (Moi
aussi j’ai vécu en Arcadie) qui joue sur la profondeur d’un temps oublié, mais
qui peut réapparaître. Le cosmos se trouve toujours présent avec les Constellations,
suspendues dans la pénombre de la Chambre de Parement, créant un effet tout à
fait magique. Enfin l’énorme installation avec un tapis de 7500 briques bleues et
des suspensions de boules dans la Grande Chapelle renoue avec l’esprit
« grand format » du Palais des Papes. Sans oublier les 60 peintures
de l’artiste, de tailles diverses, sises dans le Grand Tinel, au fond recouvert
de feuilles d’or blanc, qui représentent des plantes magnifiées.
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Jean-Michel Othoniel et Sol Lewitt, Collection Lambert, Avignon, 2025 |
Du côté de la Collection Lambert, Othoniel se
trouve subtilement en correspondance avec des œuvres de Robert Ryman, Louise Lawler, Roni Horn ou Nan Goldin, etc. Une
mer de briques bleutées répond également à un Sol Lewitt permanent, tandis
qu’une œuvre de 2015, une pierre en obsidienne sur un socle en bois de
marronnier, prend place dans la pièce où se trouve Wall Drawing # 538 ;
On Four Walls, Continuous Forms with Color Ink Washes Superimposed avec un
résultat magnétique. Un autre dialogue superbe a lieu entre des Wonder Block,
les élégants monolithes de verre sulfurisé (et leurs croquis préparatoires) et le
légendaire Donald Judd mural, à dix modules, en acier galvanisé et plexiglas.
Avec Carl Andre, s’établit rapidement une parenté horizontale tandis que
des œuvres encadrées d’Othoniel entrent en discussion avec des Cy Towbly
inspirés. Il y a également des œuvres plus anciennes, parfois à connotation
érotique, en souffre jaune, qui irradient de leur côté. Bref, un ensemble très
inspiré et qui joue avec tous les codes de l’art contemporain.
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Jean-Michel Othoniel, Precious Stonewall, Musée Lapidaire, Avignon, 2025 |
Une mention spéciale pour deux
institutions : d’une part, le Musée du Petit Palais-Louvre en Avignon qui trouve
l’artiste en train de s’immiscer parmi les primitifs italiens, mettant en
lumière et en volume une quarantaine d’auréoles composées de cercles de verre
diaphanes sertis d’or, traduisant la puissance des amours sacrés et profanes (ex.
avec Zanobi Strozzi et son Retable de saint Jérôme); d’autre part le
Musée Lapidaire qui se trouve paré de Wonder Block sur toute sa façade tandis
qu’à l’intérieur se trouve un grand volume avec des guirlandes de verre, nommé Precious
Stonewall. Une excellente illustration du passage de la thématique choisie entre
les restes antiques et la pensée contemporaine au travers d’une historicité
dynamique.
Christian
Skimao
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