Exposition
à Vincent : un conte d’hiver
Avec Harold
Ancart, Jacopo Benassi, Martin Boyce, James Castle, Louise Chennevière, Gérard
Collin-Thiébaut, Rineke Dijkstra, Simone Fattal, Gustave Fayet, Dominique
Ferrat, Joseph Grigely, Nathanaëlle Herbelin, Isidore Isou, Ann Veronica
Janssens, Hans Josephsohn, Anselm Kiefer, Mark Manders, Sylvain Prudhomme,
Louise Sartor, Wolfgang Tillmans, Rico Weber & Vincent van Gogh.
Fondation
Vincent Van Gogh, Arles
Du 30 novembre
2025 au 21 avril 2026

Mark Manders, Working Table, 2017. Exposition Arles 2025.
Un brasier au cœur
de l’hiver
Fidèle à cette
déclinaison de la vie de Van Gogh, l’exposition se concentre sur son arrivée à Arles, sous la neige, en février 1888 jusqu’à son départ de Saint-Rémy-de-Provence,
27 mois plus tard. Pour donner corps à cette période très créative, bien que
fort difficile, deux écrivain (e) s interviennent au début et à la fin du livre
catalogue (à l’ancienne, certaines pages n’étant pas massicotées), Sylvain
Prudhomme et Louise Chennevière, qui possèdent le même statut que les artistes
exposés.
Ces derniers occupent divers champs de l’art
contemporain avec des œuvres réalisées spécialement pour la circonstance ou
non. Sur la façade de la Fondation, l’annonce de la monstration passe par un immense
rébus de Gérard Collin-Thiébaut, reprenant le titre même de ce qui est montré.
La petite salle à l’intérieur, occupée par une de ses installations, se trouve
consacrée à ses activités de lettres copiées de Van Gogh ainsi que ses célèbres
puzzles de tableaux. Des toiles de grande taille d’Harold Ancart nous
accompagnent dans cette traversée épistolaire, évoquant une plongée dans une
histoire de l’art sans cesse revisitée. Certaines semblent presque élégiaques
tandis que d’autres frappent par leur puissante rigueur. Inattendus, les
tableaux d’Isidore Isou (1925-2007), « pape du lettrisme », intitulés
Commentaires sur Van Gogh. Retour de Dominique Ferrat, qui a beaucoup
travaillé, mais à l’abri du monde pendant de longues années. De grands formats
questionnent l’acte même de peindre où la pensée le dispute au « faire ».
L’inachevé demeure un lieu expérimental empreint d’une grande sensibilité. Des
photographies de grand format de Rineke Dijkstra, extraits de la série Beach
Portraits, montre des adolescent (e) s sur la plage, avec une grande
qualité visuelle où le réel devient presque irréel.

Harold Ancart, Green, 2025. Exposition Arles 2025.
Trois bustes de femmes en laiton de Hans
Josephsohn, dont les formes floutées proviennent d’une accumulation de touches,
semblables, mais en volume, à celles de Tête de femme (1885) de Van
Gogh. Les superbes œuvres de Mark Manders dont Working Table (2017) qui
présente lui aussi quatre têtes de femmes qui semblent en argile alors qu’elles
sont en réalité en bronze peint. Jacopo Benassi expose des volumes qui hésitent
entre sculpture et peinture, sorte de « machineries » narratives, comme
Anti Trojan Horse (2025), un charriot porte-tableaux évoquant une malle
de Van Gogh. Enfin, les panneaux colorés de la grande Ann Veronica Janssens,
Gaufrettes, séquence aléatoire (2025) jouent avec la lumière et avec notre
passage devant eux, mettant en valeur les innombrables variations liées au
temps qu’il fait et à celui qui passe.
De nombreux dessins parsèment également le
parcours, dont ceux d’un certain Anselm Kiefer, devenu la star que l’on sait.
Dans sa jeunesse, en 1963, profitant d’une bourse, il va réaliser toute une
série autour du maître hollandais, certains à Fourques (banlieue d’Arles). Pour
nombre d’entre nous, une découverte importante qui se retrouvera, plus ou
moins, dans son œuvre future. Des gouaches sur cartons récupérés de Louise
Sartor font le lien avec des motifs floraux, entre éphémère et intemporel. Une
grande émotion naît avec les aquarelles de Simone Fattal qui opte pour la suggestion
et légèreté, traduisant ainsi le tragique de la vie et la grandeur de la
création grâce à ses fleurs esquissées.
Enfin, deux artistes historiques se trouvent également
présents : Gustave Fayet (1865-1952), peintre de grand talent et important
collectionneur, né à Béziers et qui a fortement contribué à l’aventure
artistique de son temps ; James Castle (1899-1977), né à Garden Valley aux
USA, qui a réalisé une vaste œuvre dessinée avec des intérieurs et des lieux de
vie, créateur se trouvant totalement coupé du monde et du marché jusqu’en 1951,
date de sa première exposition.
Postalement vôtre…
Christian
Skimao















