Exposition Koo Jeong A, Land of Ousss, La Tour, LUMA Arles
Du 5
juillet 2025 au 4 janvier 2026
Koo Jeong A, "Kangse", vue partielle, LUMA Arles, 2025
Le poids des sortilèges
Une exposition toujours étrange de l’artiste coréenne
Koo Jeong A, présentée dans différents espaces de la Tour. A l’étage, une pièce
nimbée d’un rose très violent met en valeur une série de 222 dessins encadrés,
à la fois grotesques et fantaisistes représentant des gens, des animaux, des tracés
plus ou moins identifiables. La couleur provient en fait du sol recouvert d’une
encre fluorescente tandis que des gouttes de verre symbolisent des larmes. Le
voilier d’accompagnement demeure à la fois symbolique (un tour du monde ?),
énigmatique (actuellement ou autrefois ?), enfin décalé par rapport à la
luminosité très urbaine de l’écrin rose. Néanmoins, l’installation [ROSSOR] demeure,
sans doute délibérément, très éprouvante pour la perception visuelle.
En bas, une autre installation de l’artiste,
nommée [SEVEN STARS] propose une interactivité plus apaisée visuellement. Fonctionnant
suivant le principe d’apparition des peintures phosphorescentes en fonction de
la lumière, des étoiles et des nébuleuses jaillissent doucement lorsque la lumière
s’interrompt à intervalles réguliers. Les grandes peintures luminescentes font
référence à La Nuit étoilé de Van Gogh, œuvre incontournable, surtout à
Arles. La nécessité pour le public de rentrer suivant un certain protocole, en
raison de la jauge, offre un côté fête foraine ou cabinet de curiosités, tout à
fait inattendu.
Enfin, dans le hall d’entrée, se trouve KANGSE,
personnage inventé, asexué, en bronze noir, se tenant en équilibre sur un
orteil. Il diffuse des fragrances tandis que des sculptures en bois s’inspirant
des rubans de Moebius lui tiennent compagnie au sol. Cette installation,
présente à la Biennale de Venise en 2024, se trouve rejointe par une série de
blocs ressemblant à des rochers, mais eux aussi en bronze, inspirés des amas
pierreux des Alpilles voisines. Le génie du lieu se joint au génie informatique
pour une apparition olfactive et majestueuse.
Koo Jeong A, [ROSSOR], vue partielle, LUMA Arles, 2025
« OUSSS »,
mot inventé par Koo Jeong A, réunit donc des œuvres allant de 2007 à aujourd’hui.
Ce « Pays de OUSS », en bon français, met en lumière les recherches
sensorielles mais aussi extra-sensorielles de l’artiste. Paradoxalement la
lourdeur du bronze annonce l’immatérialité des choses, dans le cadre de ces
démonstrations paradoxales dont l’enseignement taoïste a le secret.
Christian Skimao
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire