jeudi 31 juillet 2025

Rencontres d'Arles 2025 (3)

 

Rencontres d’Arles 2025

Dans divers lieux de la ville

Eté 2025

 

 

 

Michael Cook, Majority Rule (Senate), 2014. Rencontres d'Arles 2025

 

 

                      Rencontres électives (partie 3)

 

 

  Des travaux de recherche prennent place ici, évoqués de façon fragmentaire. Ainsi On Country évoque l’Australie au travers des peuples premiers et de leur représentation (cf. l’affiche des Rencontres qui reprend un des protagonistes de la série des Super héros de Warakurna). Extraordinaire mise en regard d’une société autre avec Michael Cook qui pour dénoncer l’ancienne vision coloniale utilise toujours le même homme, un aborigène mâle, censé représenter l’ensemble de la société australienne. Les lieux changent, mais le même individu cloné se trouve partout, créant un effet visuel de saturation. En parallèle, l’exposition Futurs ancestraux poursuit au Brésil, la dénonciation des violences historiques faites aux minorités, liées à leur origine et/ou à leur orientation sexuelle. Castiel Vitorino Brasileiro  propose une œuvre Corpoflor qui frappe par sa puissance visuelle et son approche incantatoire. Sa transition de genre se trouve incarnée par ces rituels qui ont partie liés avec la transmutation des corps.

 

Castiel Vitorino Brasileiro, oeuvres, Rencontres d'Arles 2025

  Agnès Geoffray, à la Commanderie Sainte Luce, expose « Elles obliquent Elles obstinent Elles tempêtent » qui nous ramène dans une France d’autrefois, malheureusement pas si ancienne, du mi-19ème au mi 20ème siècle, sur fond de violence envers les jeunes filles mineures. Le sujet porte sur les « écoles de préservation », euphémisme pour parler des prisons censées « remettre dans le droit chemin » ces malheureuses. Des documents d’époque, des articles de presse se trouvent interprétés par une mise en situation actuelle de photos de rébellion. L’Histoire, toujours sombre de l’oppression d’un sexe par un autre, se trouve révélée et génère un grand malaise. Jean-Michel André, au Croisière, à l’étage, propose « Chambre 207 », une histoire personnelle, terrible, que l’on résumera ainsi : le 5 août 1983, le père de l’artiste, faisant halte dans un hôtel d’Avignon a été assassiné avec 6 autres personnes, tandis que le jeune Jean-Michel, âgé de 7 ans dormait dans une chambre attenante. Le travail passionnant d’André consiste là aussi à chercher les chaînons manquants, à défaut de faire toute la lumière sur cette affaire criminelle. Des images de Corse et du Sénégal, jointes à des coupures de journaux, créent une installation qui tente de rendre compte d’une résilience en cours.

 

Todd Hido, photographies et citation d'Emily Dickinson, Rencontres d'Arles 2025

  Enfin, pour reprendre notre souffle, les paysages de Todd Hido avec « Les présages d’une lueur intérieure », au premier étage de l’Espace van Gogh. Un parcours toujours étonnant et déroutant entre les souvenirs du photographe et les paysages présentés. Il règne une nostalgie jointe à une désespérance cultivée au travers de ses représentations, très subtilement travaillées, résultat de longues errances en automobile. La notion très américaine du voyage glisse vers une expérience quasi-métaphysique pour aboutir à une œuvre totalement envoûtante.

 

                                                                                                                                Christian Skimao

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