Exposition
Françoise Pétrovitch, Sur un os
MO.CO.
Montpellier Contemporain
Du 21
juin au 2 novembre 2025
Françoise Pétrovitch. Sur un os, 2024. MO.CO. Montpellier 2025
Naviguer
sur la mer des incertitudes
A l’os. Au plus près de l’os. Sur un os.
Gardons en mémoire cette étrange sculpture, en bronze patiné noir, de petite
fille tenant un os énorme dans sa bouche, repris de travaux anciens où
Françoise Pétrovitch a gravé puis mis en volume L’Ogresse, soit une
enfant qui a mangé un ogre, en un surprenant renversement des codes des contes.
Une grande sélection de céramiques l’accompagne au sous-sol, questionnant
l’acte même de sculpter. Au travers de
toiles et de sculptures, mais aussi d’une installation, nous allons effleurer
ces étranges continents où les mots s’envolent avant de revenir en images qui
murmurent à l’oreille du public.
Françoise Pétrovitch. Sans titre (2019-2024).MO.CO. Montpellier 2025
Les peintures de Françoise Pétrovitch
égrènent des états d’âme et des éclats de vie, comme Sans teint (2024),
huile sur toile, qui se retrouve utilisée pour l’affiche et les flyers du MOCO.
Les couleurs acidulées, sans doute représentatives du temps de l’adolescence,
se trouvent tempérées par la placidité apparente du visage qui laisse néanmoins
entrevoir le trouble sous-jacent de celui/celle qui se pose des questions sur son
avenir. Pourtant rien de mièvre dans ce portrait qui joue avec les codes de la
grande peinture, tout en les détournant avec maestria. Le réalisme s’effiloche
tandis que le questionnement philosophique s’accentue. Au Plateau du premier
étage, un tableau de grand format, sur
quatre panneaux, Sans Titre (2019-2024) représente un personnage
accroupi regardant vers le sol. La mer,
un bateau, une falaise semblent apparaître dans le fond tandis que deux
fragments de corps, non identifiables, apparaissent en arrière plan. Le
questionnement intérieur semble intense et nous revient en mémoire le titre de
la fameuse toile de Gauguin : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? (1897-98).
Chez Françoise Pétrovitch, la dimension onirique demeure primordiale et le
temps semble toujours marquer un temps d’arrêt. D’autres réalisations, des
dessins au lavis d’encre, présents en double ligne occupent également l’espace.
Là aussi, il n’existe ni début, ni fin, mais une suspension temporelle
extrêmement troublante qui se double d’une tension palpable obtenue par
l’emploi de tons vifs et de gris colorés. Une grande installation vidéo occupe
tout le rez-de-chaussée, Papillon, réalisée avec Hervé Plumet. Elle se
compose de cinq écrans de voilage où se trouvent projetées des dessins
éphémères réalisés à l’encre sur des plaques de verre, le tout dans une
irréelle lumière violette. Un grand dessin réalisé sur le mur occupe le fond. L’ensemble
possède une grande force poétique liée à cette immersion dans un univers
mouvant dont le thème central demeure la métamorphose.
En
conclusion, une grande exposition d’une grande artiste qui essaye de cerner ce qui
nous échappe : l’incertitude des transformations.