mardi 24 juin 2025

Exposition Jean-Marie Appriou, "La cinquième essence" , MO.CO. Panacée, Montpellier, 2025

 

Exposition Jean-Marie Appriou, La cinquième essence

MO.CO. Panacée, Montpellier

Du 21 juin au 28 septembre 2025

 

 

Jean-Marie Appriou, The Lighthouse Watcher, 2025

 

 

                  Naviguer dans les interstices des mythologies

 

  Jean-Marie Appriou nous propose un fort beau voyage au travers des quatre éléments primordiaux que sont l’eau, la terre, l’air et le feu. Ne reste plus qu’à ajouter l’éther, partie céleste issue de l’Antiquité qui désigne à la fois l’impalpable et l’invisible, notion  indispensable à la vision humaine et qui sert de lien avec les quatre précédents. À partir de ce postulat, certes également utilisé par d’autres, doit surgir une forte singularité au travers de ses oeuvres. Il en parle dans un entretien avec Jean De Loisy : « Mes sculptures sont le fruit de l’association du minéral, du gaz et de l’eau, et de leurs échanges mystérieux qui se produisent dans le four. »

 

L’eau, et plus particulièrement l’océan, concerne Appriou au premier chef en raison de ses origines bretonnes. Un bateau d’aluminium portant un personnage de bronze, fend des flots imaginaires (La barque). La dimension maritime rejoint une dimension spatiale, semblable à un aéronef mythologique, puisque ce véhicule pourrait aussi bien circuler parmi les étoiles. Un très étrange gardien (The Lighthouse Watcher) semble veiller sur les passagers, lointaine référence au phare d’Alexandrie, septième des sept Merveilles du monde antique. La terre demeure aussi indispensable puisqu’elle lui permet de réaliser des modelages qui présentent des rugosités narratives. Le métal sert de peau et d’écorce tandis qu’en son centre des formes organiques, végétales, minérales et humaines émergent du chaos primordial. Tout un monde disparu semble bouillonner à l’intérieur de ces espaces sombres. À propos de l’air, Appriou réalise une grande et vaste série de douze figures zodiacales, à la fois hors d’échelle et dont la ressemblance n’est pas évidente. Utilisant des représentations d’animaux, plus ou moins réalistes, il en donne une représentation fantastique avec souvent de gros yeux de verre. Au centre, flotte un voyageur spatial (Mitosis), sorte de Témoin du devenir des prédictions potentielles. Le feu, élément difficile à saisir, se trouve présent dans trois oeuvres : deux dans le patio : un brasero en bronze situé dans la fontaine et un bénitier en bronze aux formes torsadées pouvant servir de barbecue, enfin trois lucioles en verre phosphorescent, de grand taille, installées au plafond dans la galerie de circulation.

 

Jean-Marie Appriou, un des douze signes du Zodiaque, MOCO, 2025.



  L’éther, le plus difficile à représenter, se retrouve au travers de grandes gravures, assez effrayantes, qui rendent compte d’un monde calme en apparence, mais grouillant et déformé sous la surface de l’eau et d’une pyramide qui propose une élévation de l’être symbolisée par une tête de plâtre sise dans une sphère en verre. Pour finir, l’artiste nous rappelle dans un entretien avec Numa Hambursin  que La Cinquième essence se réfère au tome 5 (en deux volumes) de la bande dessinée éponyme du cycle l’Incal, de Moebius et Jodorowsky, publiée aux Humanoïdes associés, à la fin du 20ème siècle. Tout reste à remonter, ou à démonter, en même temps.

 

                                                                                                                                                     Christian Skimao

 

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