Exposition
Jean-Marie Appriou, La cinquième essence
MO.CO.
Panacée, Montpellier
Du 21
juin au 28 septembre 2025
Jean-Marie Appriou, The Lighthouse Watcher, 2025
Naviguer dans les interstices
des mythologies
Jean-Marie Appriou nous
propose un fort beau voyage au travers des quatre éléments primordiaux que sont
l’eau, la terre, l’air et le feu. Ne reste plus qu’à ajouter l’éther, partie
céleste issue de l’Antiquité qui désigne à la fois l’impalpable et l’invisible,
notion indispensable à la vision humaine
et qui sert de lien avec les quatre précédents. À partir de ce postulat, certes
également utilisé par d’autres, doit surgir une forte singularité au travers de
ses oeuvres. Il en parle dans un entretien avec Jean De Loisy : « Mes
sculptures sont le fruit de l’association du minéral, du gaz et de l’eau, et de
leurs échanges mystérieux qui se produisent dans le four. »
L’eau,
et plus particulièrement l’océan, concerne Appriou au premier chef en raison de
ses origines bretonnes. Un bateau d’aluminium portant un personnage de bronze,
fend des flots imaginaires (La barque). La dimension maritime rejoint
une dimension spatiale, semblable à un aéronef mythologique, puisque ce
véhicule pourrait aussi bien circuler parmi les étoiles. Un très étrange
gardien (The Lighthouse Watcher) semble veiller sur les passagers,
lointaine référence au phare d’Alexandrie, septième des sept Merveilles du
monde antique. La terre demeure aussi indispensable puisqu’elle lui permet de
réaliser des modelages qui présentent des rugosités narratives. Le métal sert de
peau et d’écorce tandis qu’en son centre des formes organiques, végétales,
minérales et humaines émergent du chaos primordial. Tout un monde disparu
semble bouillonner à l’intérieur de ces espaces sombres. À propos de l’air,
Appriou réalise une grande et vaste série de douze figures zodiacales, à la
fois hors d’échelle et dont la ressemblance n’est pas évidente. Utilisant des
représentations d’animaux, plus ou moins réalistes, il en donne une
représentation fantastique avec souvent de gros yeux de verre. Au centre, flotte
un voyageur spatial (Mitosis), sorte de Témoin du devenir des
prédictions potentielles. Le feu, élément difficile à saisir, se trouve présent
dans trois oeuvres : deux dans le patio : un brasero en bronze situé dans
la fontaine et un bénitier en bronze aux formes torsadées pouvant servir de
barbecue, enfin trois lucioles en verre phosphorescent, de grand taille, installées
au plafond dans la galerie de circulation.
Jean-Marie Appriou, un des douze signes du Zodiaque, MOCO, 2025.
L’éther, le plus difficile à représenter, se
retrouve au travers de grandes gravures, assez effrayantes, qui rendent compte
d’un monde calme en apparence, mais grouillant et déformé sous la surface de l’eau
et d’une pyramide qui propose une élévation de l’être symbolisée par une tête de
plâtre sise dans une sphère en verre. Pour finir, l’artiste nous rappelle dans
un entretien avec Numa Hambursin que La Cinquième essence se
réfère au tome 5 (en deux volumes) de la bande dessinée éponyme du cycle l’Incal,
de Moebius et Jodorowsky, publiée aux Humanoïdes associés, à la fin du 20ème
siècle. Tout reste à remonter, ou à démonter, en même temps.
Christian Skimao
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