jeudi 14 mai 2009

Exposition Daniel Dezeuze "Troisième dimension"



Musée Fabre
39, boulevard Bonne Nouvelle Montpellier
www.museefabre.com
Du 7 mai au 5 juillet 2009




Une quatrième ?



Avec cet intitulé de « Troisième dimension », pour son exposition dans les salles hautes du Musée Fabre, Daniel Dezeuze propose un choix d’œuvres en volume, ne relevant pas de la simple sculpture mais d’une proposition volumétrique et picturale qui joue avec la spatialité, sans pour autant oublier les héritages successifs de l’histoire de l’art. Et d’une certaine avant-garde devenue désormais historique…

Intéressons nous d’abord à une pièce massive, Per una selva oscura III (Par une forêt obscure III), datée de 1997, dont le titre a été emprunté à Dante. On se trouve face à une forme cubique composée de 28 extensibles assemblés. Cette pièce a été déclinée en deux versions antérieures I et II, différentes au niveau formel. Ici, la masse énergétique, obtenue par couches successives qui semblent impénétrables, explore les concepts du plein et du vide en une structurante énergie. Plus légères et plus ironiques, les Peinture sur chevalet, datent de 1998 et jouent avec les notions d’assemblage et de déplacement. Le chevalet connote l’extensible en le représentant sur un outil indispensable à la peinture traditionnelle. Mémoire du peintre et/ou clin d’œil familial ? En tout cas ces chevalets peints enserrent des œuvres qui les nient en un détournement désormais familier.

Les nefs (début du 21ème siècle, déjà), participent du travail exploratoire de l’artiste en ce qui concerne la structure grillagée. Posées au sol, elles fonctionnent à plusieurs, ici trois volumes, proposant une occupation volumétrique spécifique fonctionnant sur la notion de la découpe et du vide. La référence maritime liée à leur appellation offre un espace ajouré mais paradoxalement massif. Les pavillons, autres grilles en matériau de synthèse, proposent un contrepoint polychrome aux nefs blanches. S’enroulant sur elles-mêmes, elles offrent une vision jaillissante, se servant des murs comme d’un support à leur présence spiralée.

Daniel Dezeuze ressemble à un jardinier en train de bricoler des espèces nouvelles. Il se sert de matériaux triviaux et les réutilise en une variation inhabituelle. Ainsi pour les Ombilics, bois enroulés ayant une fonction utilitaire dans la confection de bordures domestiques. Il en va de même pour ce châssis de très grand format, daté de 1967, passé au brou de noix qui lui donne un aspect « meuble » (dixit l’artiste). De cette référence à l’autre châssis, avec feuille de plastique, lumineuse icône de Support-Surface, on entretient des rapports de connivence et de surprise. La massivité, encore, opposée à la salle des Epuisettes, à l’écart, et qui elle, offre une stupéfiante légèreté, presque insolite, par rapport à l’espace muséal qui se doit résister au temps qui passe. Cultivons donc notre jardin mais avec les conseils avisés de ce grand artiste.



Christian Skimao

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