lundi 19 octobre 2009

Exposition "PROJECTIONS"



"Psychokinesis" de Laurent Grasso, 2008. Courtesy galerie Chez Valentin, Paris.



Exposition « Projections »
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 13 octobre au 3 janvier 2010
Tél. 04.66.76.35.70.


La carte virtuelle des envols plastiques



Un titre énigmatique que celui de l'exposition "Projections", à prendre sous diverses acceptions, dont Françoise Cohen assure le commissariat. Si l'on comprend bien qu'il s'agit d'une référence aux nouvelles technologies et par analogie au cinéma (la projection) on ne peut faire l'impasse sur une définition plus géométrique. J'aimerais aussi rappeler ce qu'en dit Louis De Broglie qui "assimile l'émission de la lumière à la projection par la source de petits corpuscules en mouvement rapide", une véritable passerelle pour nous entraîner du côté des pixels.

Donc une présentation d'artistes aux pratiques hétérogènes allant de réalisations virtuelles comme celles de Chris Cornish qui nous montre un météorite inventé de toutes pièces sur fond de crôute terrestre jusqu'à celles de Laurent Grasso et de son rocher mû par une force invisible. Les dispositifs d'accompagnement de cette œuvre intègrent des illustrations de l'"Astronomie populaire" de Camille Flammarion, sérigraphiées. D'autres créateurs optent pour des réalisations vidéo au sens presque traditionnel comme "Horn Perspective " de Grasso qui mixe le son résiduel du Big Bang, des oiseaux numériques et des mouvements de caméra nous entraînant dans un dédale sans fin. Une œuvre très forte de Manglano-Ovalle nommée "Oppenheimer" représente un acteur jouant l'inventeur de la bombe atomique perdu dans une jungle. Cette mise en situation en Enfer (l'enfer vert en quelque sorte) de ce scientifique distille une grande culpabilité jointe à une forte mélancolie. Il s'agit à la fois de comprendre le dilemme de cet homme face à l'utilisation d'une arme absolue et aussi de dénoncer la duplicité des politiques américains de l'époque qui ont beaucoup menti à ces savants en leur proposant de détruire l'hydre nazie avant d'utiliser le "feu du ciel" contre le Japon.

La peinture ne se trouve pas exclue ou du moins une certaine imagerie avec les compositions post-boursières de Gordon Cheung, illustrations modernes du délire des spéculations (à prendre aussi dans plusieurs sens) humaines. Ni la sculpture avec l'œuvre d'ouverture de l'exposition intitulée "Hammock" de Daniel Arsham qui symbolise le passage ou plutôt son impossibilité, d'un monde à un autre. Partant de ce constat virtuel inscrit dans l'espace du mur, nous nous trouvons confrontés à toutes les dimensions. La troisième ou la quatrième ? Il faudrait aussi évoquer une dimension référentielle propre à tous les artistes de l'exposition qui explorent des continents enfouis comme Jean-Pascal Flavien, proposent des chocs illustrés spatio-temporels comme Cyprien Gaillard, optent pour une relecture du cinéma comme "Argos Cinema" de Tobias Putrih avec le film "La jetée" de Chris Marker. Une mention spéciale pour le superbe travail de Michael Landy qui interroge le principe de destruction dans le cadre de réalisations extrêmement puissantes.

Ne reste plus qu'au spectateur à se projeter dans ses propres projections…

Christian Skimao

Aucun commentaire: