
Exposition Pedro Cabrita Reis
"L'un après l'autre, quelques pas silencieux"
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 10 novembre 2010 au 23 janvier 2011
Tél. 04.66.76.35.70.
A la recherche du pas perdu
Les travaux de Pedro Cabrita Reis se situent dans l'entre-deux des choses. Ils excèdent ce que l'on attend d'eux par une capacité à se situer ailleurs. Ils fonctionnent sur un faire savoir qui prédispose à la méditation. Si l'histoire de l'art est toujours présente dans ses constructions, elle prend également en compte une volonté mémorielle personnelle. La spécificité du lieu Carré d'art, avec la disposition des différentes salles, a été utilisée par l'artiste qui a conçu l'ensemble de l'exposition en fonction de celle-ci, dans le cadre d'une lecture où chaque espace essaie de dialoguer avec l'autre.
D'emblée ça exp(l)ose avec la grande œuvre "I Dreamt Your House was a Line" qui ouvre l'exposition. Cette œuvre monumentale travaille aussi l'espace intime, les néons se réfèrent à des expérimentations tant privées que s'inscrivant dans l'art minimal tandis que la matérialité de la peinture orange nous ramène à l'acte même du faire pictural. Nous nous trouvons alors à cette croisée des chemins évoquée ultérieurement qui joue avec la notion de dépassement. Tout fait sens à qui veut voir, comme le décrochage présent dans la ligne de néons qui montre l'imperfection voulue du monde ou les câbles électriques de couleur noire qui eux aussi participent de par leur sinuosité à une monstration picturale, paradoxalement mise en volume.
La projection d'une idée passe chez lui par la réalisation d'un ou plusieurs artefacts qui interrogent à leur tour le sens de ses actions artistiques. Avec "A propos des lieux d'origine" l'artiste entretient une relation horizontale d'ensemble entre des poutres métalliques partiellement peintes et des pneus. La prise en considération du réel au travers de cet objet emblématique de notre société qu'est le pneumatique ouvre sur une symbolique forte. Formellement le déroulement brutal de ces poutres, de leur possible invasion renoue avec une sorte d'all-over en volume. Une sorte de potentialité orientée vers une relecture métaphorique ouvre la voie à bien des questionnements; d'ailleurs l'artiste ne déclare-t-il pas : "Le temps existe comme une matière à sculpter".
Pedro Cabrita Reis utilise donc des éléments de toutes origines en mêlant les pratiques. Chez lui l'homogénéité finale naît d'une forte hétérogénéité apparente. Sensible au vécu des objets utilisés dans ses sculptures et installations, il essaye de remettre en place un ordre lié partiellement à la peinture mais qui ne lui suffirait plus. On peut évoquer une parenté avec l'Arte Povera mais qui là aussi ne remplirait pas sa dimension historique en raison du décalage générationnel même si le processus se trouve aussi mis en avant plutôt que la réalisation finale. La recherche de l'énergie au travers de ses machines célibataires comme "The Unnamed Word" fonctionne matériellement à partir de structures métalliques et de néons. Lumière froide aux ombres portées. La boucle se trouve ainsi bouclée.
Christian Skimao
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