Exposition LARRY BELL

Exposition LARRY BELL
En perspective
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 25 février au 22 mai 2011
Tél. 04.66.76.35.77.


WEST versus EAST



Cette importante exposition de Larry Bell en France tient plus d'un parcours initié par Marie de Brugerolle que d'une rétrospective au sens traditionnel du terme. Si les aspects chronologiques demeurent importants on parlerait davantage de choix subjectifs, susceptibles d'offrir une vision plurielle d'un artiste polymorphe. Autrefois classé quelque peu hâtivement du côté du courant minimal, on voit mieux aujourd'hui les liens indirects entretenus avec lui mais aussi la liberté de ton et l'importance des recherches picturales de Bell.

On sait combien l'artiste s'est interrogé sur le rôle de la couleur et de la lumière, travaillant sur des supports variés, allant du papier au verre en passant par la toile. Si ses fameux cubes (la première boîte date de 1959) demeurent une marque référentielle de la recherche entreprise par lui, d'autres œuvres nous interpellent comme les "New Vapor Drawnings" qui subissent une "sublimation". En effet à partir de 1978 naissent les "Vapor Drawnings" provenant d'une machine nommée le "Tank" qui permet de projeter des particules métalliques sur le verre et le papier. De ce rapport étroit entretenu entre la machine et la pensée se constitue un champ opératoire où entrent en ligne de compte des processus cognitifs et qui entraînent le regardeur dans un champ intellectuel mais aussi esthétique. Toujours dans ce glissement prospectif, la série des "Mirage Paintings" qui apparaissent comme des peintures mais qui demeurent des constructions de type collage, utilisant des matériaux mixtes, déclinant des références issues de la peinture occidentale, recevant au final une projection de métal et de quartz.

La mise en branle d'une machine désirante pourrait compenser la froideur apparente de certaines œuvres, le feu couvant sous la cendre, en quelque sorte. Ainsi en va-t-il de créations dont la "Corner Lamp" de 1980 qui à partir d'un dispositif très simple, une plaque de verre et un spot lumineux, permet d'obtenir une série d'irisations qui se projettent dans un coin de la pièce. La sensation de flotter dans un univers mystérieux, de décoller du monde réel se retrouve à une échelle bien plus importante avec "The leaning room" qui questionne notre rapport à l'espace. Si l'on y trouve une parenté certaine avec les environnements perceptuels de James Turrell il existe aussi des différences. La distorsion présente dans les "Pink Ladies" et leur immortelle présence dans l'histoire de l'art achève de brouiller le regard que l'on porte sur Larry Bell. Somme toute une œuvre en devenir, dont le cube, matériel ou immatériel ne serait que l'une des faces de son talent.


Christian Skimao