Exposition « Questions d’images
(visages de sable) »
pour les 30 ans du Frac Languedoc-Roussillon
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 6 septembre au 31décembre 2012
et Exposition Benoît Brosat
Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes
10, Grand’ Rue
du 7 septembre au 31 octobre 2012
GRAHAM GUSSIN
Know Nothing, Self-portrait as X-The man with
X-Ray Eyes, 2003, impression numérique sur
papier photo, 52 x 42 cm. © G. Gussin
Un anniversaire révélateur
Pour les 30 ans des Frac (1982-2012 pour mémoire), celui du
Languedoc-Roussillon s’est installé temporairement au premier étage de Carré d’art-Musée
d’art contemporain que pilote désormais Jean-Marc Prévost. Cette nouvelle
synergie inaugure une ère nouvelle dans les relations entre deux institutions à
la fois proches et éloignées en ce qui concerne leurs missions. Emmanuel Latreille,
directeur du Frac et commissaire de l’exposition prend comme thématique l’image
et ses questions avec en exergue une citation de Michel Foucault extraite des Mots et des choses « … comme à la
limite de la mer un visage de sable ». ainsi apparaît le côté interrogatif
de la manifestation car nous ne sommes pas dans un système arrêté mais mouvant,
« une pratique didactique de la perception, libre de toute idée préconçue
sur ce qui mérite ou non d’en être l’objet…» comme dit Susan Sontag. La monstration
opte également pour une clarté didactique en se divisant en six sections
comprenant toutes des œuvres appartenant à la collection du Frac :
Portraits de femmes, Autoportraits, Personnages dans l’espace public, Fictions-Mémoire,
Intériorités et Effacements.
Les photographies se mêlent aux vidéos et aux installations. La
déclinaison des images offre des raccourcis très étranges, ainsi la
manifestation commence avec une œuvre historique d’August Sander, Konfirmandin, Westerwald 1911 –tirage de 1978– (l’auteur du fameux ouvrage photographique
Antlitz der Zeit (Le Visage de ce temps) publié en 1929 et
interdit par les nazis) pour s’achever avec une vidéo de Raad Walid-The Atlas
group intitulée I only Wish That I Could
Weep (J’aurais seulement voulu
pleurer) datée de 2001. Elle se compose de vraies-fausses images prises à
Beyrouth et défilant en accéléré. Fixité et marche rapide du temps semblent des
paradigmes possibles avec la question de l’image et de son identité trouble.
Même structurée, toute sélection comporte sa part de risque et de
hasard, ce côté discontinu qui permet au spectateur d’heureuses rencontres
inattendues. On songe ici aux mises en scène de Lucien Pelen et son goût du
risque qui heurtent les narrations sophistiquées de Delphine Balley. Ou les
portraits de Natacha Lesueur qui se cognent aux prises de vue d’attitudes non
conformes d’Erwin Wurm sous l’œil vide des mannequins de Marylène Negro. C’est
dans l’établissement de ces connexités multiples que naît l’existence d’un
parcours personnel qui se superpose à celui voulu par l’institution. Champ et
hors-champ en quelque sorte. Le décalage, les intrigues visuelles, la force de certaines
images, leur banalité également ainsi que leur possible mauvaise interprétation
enrichit grandement la visite. Point d’indifférence mais un tonique
questionnement semble le mot d’ordre dans cette circulation très ouverte.
Une exposition personnelle de Benoit Brasat à l’Ecole des Beaux-Arts
permet aussi de questionner le rapport entre la représentation et l’objet réel
tiré de son contexte. La démarche de l’artiste consiste à retrouver
physiquement un objet reproduit dans une photographie accompagnant un article
de presse et à exposer les deux dans un espace consacré. La quête et la
recherche tentent d’apprivoiser une réalité pleine de tractations et de périls
narratifs. A déguster en plus, après le gâteau d’anniversaire, comme une
liqueur digestive.
Christian Skimao
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