Exposition
MOVING
“Norman
Foster on Art”
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 3 mai au
15 septembre 2013
Un metteur
en scène
au cœur de son musée
au cœur de son musée
La relation entretenue entre
l’art et l’architecture s’établit dans un champ de rivalité comme le voulait la
doxa classique. Bien entendu, l’évolution a conduit à moduler une telle
approche dans le cadre de l’interférence entre les pratiques. Norman Foster
demeure néanmoins un cas très spécifique puisqu’il entretient avec l’art
contemporain des relations à la fois intellectuelles, affectives et questionnantes.
Si la sculpture de Boccioni intitulée « Formes uniques de continuité
dans l’espace », œuvre admirable de 1913, donne son sens au titre même de
l’exposition « Moving », elle représente également les limites auxquelles
s’est heurté le Futurisme à l’époque. En effet comment rendre compte de la
vitesse au travers d’une structure fixe ? Bien sûr la dimension
conceptuelle et la projection demandée au spectateur compte pour beaucoup mais
on ne peut négliger ce paradoxe surtout que la symbolique de la vitesse se
trouve contrecarrée par l’assise pédestre du personnage. Soit cette remarque
relève de l’anecdote, soit elle introduit une notion de trouble, la seconde
solution s’avérant toujours intéressante dans le cas d’une œuvre d’art.
Ce qui apparaît comme intéressant dans cette monstration dont Foster
assure le commissariat avec l’aide de Jean-Marc Prévost est le choix personnel
de l’architecte. Des œuvres figuratives de Hans Josephsohn, sculptures calmes
et rêveuses, d’un artiste allemand né en 1920 en compagnie d’un Giacometti. En
ce qui concerne l’abstraction une belle sélection allant de Matias Spescha,
artiste rare et superbe à Philippe Decrauzat, sans oublier Joseph Albers, pour
ne citer qu’eux. Enfin quelques grosses pointures actuelles et incontournables
comme Miguel Barcelo, Andreas Gursky ou Ai Weiwei. Une mention spéciale pour la
vidéo de l’argentin Miguel Angel Rios avec « Love » et ses toupies
désirantes accompagnées par la voix de Maria Callas. L’amour, c’est bien connu,
finit mal, en général, pour reprendre un ex duo célèbre. Et les partenaires
n’arrivent pas à régler, ni leur montre, ni leur ballet relationnel.
Pour la bonne bouche quatre œuvres de Turner ont effectué eux aussi le
voyage depuis Londres, à la demande expresse de Norman Foster tandis qu’au
niveau environnemental une œuvre sonore a été commandée à Bill Fontana. Deux
autres œuvres commandées concernent Nuno Ramos et Olafur Eliasson.
Comme expliqué dans le catalogue les thèmes généraux sont le mouvement,
la vitesse, la fluidité, l’immanence, la transcendance, la gravité, la
matérialité, la spiritualité, etc. Ce qui fait certes beaucoup et introduit une
notion générale comme la complexité, clef de voûte de toute exposition vaste et
éclectique. Il s’agit pour le commissaire de remplir son rôle mais aussi de
tenir celui d’architecte. C’est dans cette double conjonction, augmentée d’un
anniversaire, les 20 ans de Carré d’art, que se joue un jeu de rôles
particulièrement intéressant. Qui fait quoi et comment opère le passage de l’un
à l’autre ? Comment se déroule une célébration mémorielle qui se doit de
penser l’avenir ? Quel est le devenir de ce paquebot destiné à la culture
contemporaine et à ses multiples interprétations ? Nous
nous trouvons donc face à un évènement tout à fait particulier qui mélange les
époques et les attentes des visiteurs qui se trouveront –heureusement– surpris.
Christian Skimao
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