vendredi 10 mai 2013

Exposition MOVING “Norman Foster on Art”



Exposition MOVING
“Norman Foster on Art”
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 3 mai au 15 septembre 2013                                         






              Un metteur en scène 
              au cœur de son musée



 La relation entretenue entre l’art et l’architecture s’établit dans un champ de rivalité comme le voulait la doxa classique. Bien entendu, l’évolution a conduit à moduler une telle approche dans le cadre de l’interférence entre les pratiques. Norman Foster demeure néanmoins un cas très spécifique puisqu’il entretient avec l’art contemporain des relations à la fois intellectuelles, affectives et questionnantes.

  Si la sculpture de Boccioni intitulée « Formes uniques de continuité dans l’espace », œuvre admirable de 1913, donne son sens au titre même de l’exposition « Moving », elle représente également les limites auxquelles s’est heurté le Futurisme à l’époque. En effet comment rendre compte de la vitesse au travers d’une structure fixe ? Bien sûr la dimension conceptuelle et la projection demandée au spectateur compte pour beaucoup mais on ne peut négliger ce paradoxe surtout que la symbolique de la vitesse se trouve contrecarrée par l’assise pédestre du personnage. Soit cette remarque relève de l’anecdote, soit elle introduit une notion de trouble, la seconde solution s’avérant toujours intéressante dans le cas d’une œuvre d’art.

  Ce qui apparaît comme intéressant dans cette monstration dont Foster assure le commissariat avec l’aide de Jean-Marc Prévost est le choix personnel de l’architecte. Des œuvres figuratives de Hans Josephsohn, sculptures calmes et rêveuses, d’un artiste allemand né en 1920 en compagnie d’un Giacometti. En ce qui concerne l’abstraction une belle sélection allant de Matias Spescha, artiste rare et superbe à Philippe Decrauzat, sans oublier Joseph Albers, pour ne citer qu’eux. Enfin quelques grosses pointures actuelles et incontournables comme Miguel Barcelo, Andreas Gursky ou Ai Weiwei. Une mention spéciale pour la vidéo de l’argentin Miguel Angel Rios avec « Love » et ses toupies désirantes accompagnées par la voix de Maria Callas. L’amour, c’est bien connu, finit mal, en général, pour reprendre un ex duo célèbre. Et les partenaires n’arrivent pas à régler, ni leur montre, ni leur ballet relationnel.

  Pour la bonne bouche quatre œuvres de Turner ont effectué eux aussi le voyage depuis Londres, à la demande expresse de Norman Foster tandis qu’au niveau environnemental une œuvre sonore a été commandée à Bill Fontana. Deux autres œuvres commandées concernent Nuno Ramos et Olafur Eliasson.

  Comme expliqué dans le catalogue les thèmes généraux sont le mouvement, la vitesse, la fluidité, l’immanence, la transcendance, la gravité, la matérialité, la spiritualité, etc. Ce qui fait certes beaucoup et introduit une notion générale comme la complexité, clef de voûte de toute exposition vaste et éclectique. Il s’agit pour le commissaire de remplir son rôle mais aussi de tenir celui d’architecte. C’est dans cette double conjonction, augmentée d’un anniversaire, les 20 ans de Carré d’art, que se joue un jeu de rôles particulièrement intéressant. Qui fait quoi et comment opère le passage de l’un à l’autre ? Comment se déroule une célébration mémorielle qui se doit de penser l’avenir ? Quel est le devenir de ce paquebot destiné à la culture contemporaine et à ses multiples interprétations ? Nous nous trouvons donc face à un évènement tout à fait particulier qui mélange les époques et les attentes des visiteurs qui se trouveront –heureusement– surpris.




                                                                                                                                                                                   Christian Skimao

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