MO.CO.
La Panacée
14,
rue de l’École de Pharmacie, Montpellier
Expositions
Marilyn Minter : All Wet et Betty Tompkins :
Raw Material
Sculpture
fontaine d’Elsa Sahal, Vénus polymathe jouissante dans le
jardin
Du 26 juin 2020
au 5 septembre 2021
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Crédit :
Expositions Marilyn Minter : All Wet / Betty Tompkins : Raw Material,
juin-septembre 2021 / MO.CO. Montpellier Contemporain |
Femmes
au bord de la crise de …
Reconnaissances.
Double exposition de deux artistes historiques
américaines, Marilyn Minter et Betty Tompkins. Plus
une œuvre fontaine de la française Elsa Sahal, sise dans le jardin.
Avec All Wet, première
exposition de l’artiste dans une institution française, Marilyn Minter nous
propose une relecture des Baigneuses, très présentes dans l’art
occidental (on pense à Degas et Bonnard). Elle propose une version plus
actuelle de la femme au bain en la situant sous la douche et en changeant le
regard artistique qui devient féminin et non plus masculin. Travaillant sur de
grands formats réalisés à la peinture émail sur métal, elle opte pour une
interrogation du corps féminin, mouillé, qui va se situer entre figuration et
abstraction. Ses toiles possèdent une grande présence, intégrant une réflexion
impressionniste à une actualité féministe. À cette question sur le sujet peint
et sa passivité supposée d’autrefois, Marilyn
Minter répond par une approche paradoxalement plus « réelle » et plus
ancrée dans l’expérience de son propre corps. Dans une impressionnante vidéo, Green
Pink Caviar (2009), des bouches de femmes prises en gros plan, avalent et
recrachent des substances plus ou moins gélatineuses. Une fois encore, l’ « éternel
féminin », se trouve mis à mal par cette représentation très crue et très
puissante, abolissant les hiérarchies anciennes.
Betty Tompkins présente environ 50
peintures et dessins réalisés au cours des dix dernières années. Avec cette
première exposition monographique en France, Raw Material, nous
découvrons un rapport très particulier à l’image pornographique et à sa
relecture. Ses toiles de grand format de la série Fuck Paintings, réalisées
à l’aérographe dans des teintes noir, blanc et gris, représentent l’acte
sexuel, de façon froide et distanciée. En 1969, à ses débuts, elle a utilisé
comme modèle, les photographies pornographiques de son mari, ramenées du
Canada, lorsqu’elles étaient illégales aux États-Unis. Ce travail n’a pas été
accepté pendant de longues années, ni par les galeries traditionnelles ni par
les lieux féministes d’exposition. À La Panacée, des toiles plus récentes
cohabitent avec des collages d’époque extrêmement intéressants, montrant
l’élaboration et la composition de ses futures toiles. La constitution de
diverses séries comme Insults and Laments et Pussy paintings
présente l’évolution de son travail et de la société. L’artiste continue à
questionner la pornographie dominante au travers d’une pratique radicale.
Enfin, dans le jardin, se trouve une sculpture fontaine nommée Vénus polymathe jouissante, (2019) d’Elsa Sahal. La figure mythologique de la beauté féminine se trouve associée au pouvoir du savoir (polymathe) et de la jouissance. Cette sculpture en céramique émaillée, se trouve recouverte d’une glaçure rose, blanc, et de paillettes. Elle possède des attributs féminins en surnombre comme des seins, une vulve abondante, écrin d’un clitoris doré. En fait l’apparition kitsch de cet objet d’où coule l’eau ne se découvre qu’en y regardant attentivement. La dimension symbolique éclate alors dans cette présence inattendue. L’artiste, travaillant la terre de façon traditionnelle dans une approche contemporaine, est une habituée de ces objets « magiques » et encore transgressifs. On ne saurait mieux la soutenir qu’en lançant une campagne de souscription pour son acquisition et son installation définitive en ce lieu.
Christian Skimao
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Elsa Sahal. Vénus polymathe jouissante, 2019. Céramique émaillée, système hydraulique. |
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