mercredi 30 juin 2021

LUMA Arles, 2021

 

Ouverture de la Luma Arles

Parc des Ateliers

35, boulevard Victor Hugo, Arles

À partir du 26 juin 2021

 


 Extension(s) du domaine de La Tour

 

 

  Après toutes ces années d’attente, l’ouverture complète de la Fondation Luma à Arles (Tour, La Grande Halle, Les Forges, La Formation, La Mécanique Générale et le parc paysager de Bas Smets) frappe les esprits. Cette signalétique, en apparence impériale (ne nous trouvons-nous pas à Arles avec ses références romaines, sachant que la Tour de Frank Gehry voulue par Maja Hoffmann, mesure 56 mètres de haut avec 9 étages et possède une superficie de 15 831 m²) cache certainement un rhizome culturel plus deleuzien. En effet l’ambition affichée n’est pas de créer un nouveau musée ou un nouveau centre d’art, mais plutôt un « campus créatif ». Ce qui ouvre bien des perspectives internationales pour la ville et ses habitants ainsi que pour l’ensemble du sud de la France, de l’Europe, et bien au-delà.

 

   Très vite, l’intérieur permet au visiteur de se trouver assez vite à l’aise au milieu d’un écosystème très agréable. L’impression de gigantisme extérieur se trouve atténuée par une ambiance très conviviale, propice à la déambulation active. On trouve donc dans la Tour un nombre important de réalisations pérennes. Philippe Parreno, rez-de boulevard, galerie Sud, propose Danny (sorte de remix de toute sa filmographie) avec une salle qui fonctionne à l’unisson, comme un environnement où le spectateur devient partie prenante (avec un plan d’eau, un peu dangereux, qui peut se couvrir d’ondes), un son enveloppant et d’autres interférences volontaires. Un double toboggan de Carsten Höller, Isometric Slides, trône au centre, entre fonction utilitaire pour les plus courageux, réflexion esthétique et pensée en action pour ceux qui hésitent à l’utiliser. Le Drum Café, bar conçu par Rirkrit Tiravanija, s’inscrit dans la tradition des lieux à vivre tout en réactivant les principes de l’esthétique relationnelle. Au niveau 2, se trouve une très impressionnante réalisation d’Olafur Elíasson, miroir renversant, nommé Take your Time. Christian Marclay, au Glassroom, a réalisé un montage vidéo de 24 heures nommé The Clok, utilisant des extraits de film connus et moins connus, montrant les instruments permettant de compter le temps. Évidemment, cette durée pose de nombreuses questions concernant temps réel, temps filmé et temps ressenti. Endodrome de Dominique Gonzalez-Foerster, propose une recherche sur les états de conscience différents. Elle a également concocté un vaste projet avec Charles Arsène-Henry, La Bibliothèque est en feu, au niveau 3, une réflexion sur la lecture en tant que phénomène.

 

Olafur Eliasson, "Take your Time", Tour Luma, Arles, 2021.

  Au niveau des expositions, un copieux programme avec « Trois générations », Galerie Est, où se situe une sélection d’œuvres de la collection de la fondation Emanuel Hoffmann. Une installation de Richard Long, des photos de Duane Michals, et de superbes œuvres de Cy Twombly. Dans la Galerie principale, « The Impermanent Display » (« L’Exposition éphémère ») comporte des œuvres de la collection Maja Hoffmann/LUMA Foundation. En majesté, Urs Fischer et ses appropriations de sculptures classiques reproduites en cire qui lentement se consument et s’évanouissent (première oeuvre créée en 2011 à La Biennale de Venise avec le soutien de Maja Hoffmann). Remarquons que la Bourse de Commerce de François Pinault qui vient d’ouvrir avait aussi choisi cet artiste comme signalétique. Et bien d’autres créateurs comme Etel Adnan, Alighiero Boetti, Isa Genzken, Franz West (également présent dans les jardins avec un gros volume rose intitulé Krauses Gekröse) et Christopher Wool.

 

« Les Archives vivantes » constituent une continuation de la monstration, en ce qu’elles établissent un lieu entre mémoire et recherche. Elles participent à l’élaboration du futur tout en préservant le passé. Des matériaux essentiels s’y trouvent comme les fonds Diane Arbus, Edouard Glissant, Nan Goldin, Derek Jarman, Annie Leibovitz. Une mention spéciale pour la légendaire revue Parkett Magazine, dont les deux co-fondatrices et rédactrices se trouvent toujours en activité dans d’autres domaines, Jacqueline Burckhardt et Bice Curiger (directrice de la Fondation Vincent van Gogh). Un superbe travail de Sigmar Polke pour les débuts du magazine s’y trouve exposé.

 

  En dehors de la Tour existent les autres lieux, comme La Mécanique Générale avec une exposition collective « Prélude » comprenant bouquets et compositions florales de Kapwani Kiwanga, ainsi qu’une exploration virtuelle de la Camargue par Jakob Kudsk Steensen. Mention spéciale pour Pierre Huyghe, à La Grande Halle avec une vertigineuse installation After UUmwelt. Le sol préparé héberge deux fourmilières et des essaims d’abeilles tandis que des écrans judicieusement placés présentent des images sans cesse renouvelées. Des capteurs disséminés entrent en relation avec une intelligence artificielle qui analyse et fait se rencontrer le visible et l’invisible, l’humain et l’animal, peut-être l’idée d’un impossible Ailleurs.

 

Pierre Huyghe ""After Uumwelt", Luma, Arles, 2021.

  Devant la masse des expositions, nous reviendrons une autre fois, dans un autre article, sur tous ces travaux non cités et non analysés, qui possèdent tous, un fort potentiel interrogateur.              

                                                                                                                                                                    Christian Skimao

 

 

 

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