Exposition « Laura Owens & Vincent van Gogh » Fondation Vincent van Gogh,Arles, 2021.

 

Exposition « Laura Owens & Vincent van Gogh »

Fondation Vincent van Gogh

35^ter, rue du docteur Fanton, Arles

Du 19 juin au 31 octobre 2021

 

 

Owens et Van Gogh, papier peint spécifique et toile originale, installation salle Fondation van Gogh, 2021.

Murs-murmures

   Laura Owens peint à l’oreille de Vincent van Gogh. Avec cette phrase énigmatique, pourrait se bâtir la longue relation entre l’artiste américaine et le grand peintre néerlandais. Au travers d’une approche éclectique, nous voyons se développer la mise en place d’une œuvre croisée. À la Fondation, au premier étage, les salles se trouvent métamorphosées par des compositions murales de papiers peints. Les motifs se trouvent inspirés par la dessinatrice anglaise du début du 20^ème siècle Winifred How. Cette dernière n’a pas connu la gloire et son travail a été oublié avant de se retrouver mis en avant par Laura Owens. Le parallèle qui s’établit entre van Gogh qui n’a pas été apprécié de son vivant puis est devenu une star et How tombée dans l’oubli permet ainsi de rééquilibrer la balance de la notoriété. Les créations d’Owens se servent de toute une batterie de techniques (sérigraphie, flocage, impression au bloc de bois, aérographe, sable noir, pastel, aquarelle et d’éléments peints à la main). Travail en couches, travail d’orfèvre, travail relié à l’histoire de l’art, travail d’inspiration, travail référentiel, travail réalisé également à l’aide des nouvelles technologies, etc. qui permettent cette approche intense et insolite.

  La constitution de ce corpus plastique, proche certes de l’installation avec les toiles de van Gogh enchâssées dans cet univers flottant de couleurs agencées prend aussi place dans une démarche proche de l’environnement. Même si le spectateur n’est pas invité à rentrer dans une œuvre en trois dimensions, il se trouve comme happé par deux œuvres originales en cours d’effusion. C’est d’ailleurs dans ce rapport vertigineux entre passé et présent, originaux et originalité que se situe un des secrets de la réussite de cette monstration. Il y a d’ailleurs quelque chose d’éminemment insolite à se retrouver devant un véritable van Gogh, perdu ou magnifié avec un véritable Owens. Si à l’heure actuelle, nous assistons parfois à la mise en abyme de l’image jusqu’à sa presque disparition en tant que relais mémoriel, la notion d’une authenticité picturale retrouvée donne un grand sens à cette puissante mise en scène.

  Le côté ludique lié à une solide réflexion intellectuelle sous-tend ses recherches. Au second étage, se trouvent des travaux de l’artiste datant des années 1990 à 2000 incluant des photographies de toiles de van Gogh, en un mélange cultivé et bariolé. Laura Owens s’empare des « terribles passions humaines » du maître d’Arles pour en faire une relecture contemporaine, admirative mais aussi très personnelle, se situant dans une active déconstruction/reconstruction. Elle réalise également des livres d’artistes, reprenant là encore des techniques de toutes sortes et des matériaux à la fois classiques et hétéroclites, sans doute influencée par les livres pop-up. La mise en scène globale par le biais de tables spécifiques, du son et de l’image nous entraîne alors dans un univers autre.

                                                                                                                                                          Christian Skimao

Laura Owens, Untitled [Sans titre], 1997          
Acrylique et modelling paste sur toile, 248,8 × 304,8 cm
Courtesy : l’artiste ; Sadie Coles HQ, London ; Galerie Gisela Capitain, Cologne