Exposition Jeff Weber
Serial Grey
Project Room
Dans le cadre des Rencontres d’Arles (Grand
Arles Express)
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 15 juin au 14 novembre 2021
 |
Jeff Weber, Snejanka Mihaylova (église Sainte-Barbara), Le Caire, 2013. Avec l’aimable autorisation de la galerie Erna Hecey et de l’artiste.
Structures spéculatives
Les travaux de
Jeff Weber n’optent pas pour une séduction facile, mais proposent une réflexion
de longue haleine sur les structures visibles et invisibles des images. D’abord
avec sa série Untitled (Neural Networks), nous découvrons des photogrammes
abstraits, images de grilles en noir et blanc, exposées sur papier
photographique. L’importance du processus demeure essentielle dans la démarche
de l’artiste, car le travail préparatoire s’effectue en amont puisqu’il s’agit
de se servir d’un logiciel de traitement de données pour intervenir sur un
réseau de neurones artificiels et y découvrir de nouvelles relations entre eux.
L’ombre et la lumière nous invitent à rejoindre une certaine idée de la représentation,
mais en y introduisant une notion spéculative.
Une autre de ses
réalisations utilise des photographies plus classiques (en noir et blanc)
réalisées lors d’une création, par ses soins, d’un lieu éphémère nommé Kunsthalle
Leipzig où il va y faire intervenir six autres jeunes artistes à tour de
rôle. L’ensemble se trouve mis en scène afin de créer un nouveau parcours tant
visuel que réflexif. Plus particulièrement intéressé par l’étude de la gnose du
christianisme copte au travers d’une rencontre avec Snejanka Mihaylova
(intervenant, et croyante, de religion orthodoxe), il réintroduit le savoir, la
réflexion et l’Égypte dans son champ artistique. La gnose deviendrait alors une
« révélation », métaphorique et technique, de son propre travail sur
la lumière. Si le champ narratif semble apparaître comme absent, il affleure en
fait au travers de toutes ses expériences. Il n’est certes pas aisé de mettre
en relation art contemporain et gnose même si d’autres créateurs l’ont tenté
avant lui selon des critères là aussi très personnels, comme Daniel Dezeuze.
Mais d’où parle
l’artiste ? À la fois intéressé par les artefacts des cultures anciennes, mais
aussi par le cinéma expérimental, celui de Robert Beavers et Gregory
Markopoulos, Jeff Weber, navigue dans les eaux tourmentées d’une position indépendante.
Il admire ceux qui n’ont pas intégré l’industrie du cinéma (celle des
arts ?) et qui arrivent avec peu de moyens à produire beaucoup de pensée.
Non pas dans une optique minimaliste, mais dans un individualisme partagé. Sa
volonté de demeurer seul maître à bord le pousse à toujours se dépasser. Cela
peut apparaître comme paradoxal donc questionnant pour nous.
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