MO.CO.
La Panacée
14,
rue de l’École de Pharmacie, Montpellier
Exposition "Pourrir dans un monde libre "
Max
Hooper Schneider
Du 12 février
au 24 avril 2022
Pourriture
noble ?
Mourir,
c’est pourrir un peu. Et même davantage. Cette exposition de Max Hooper
Schneider explore un nouveau monde qui laisse peu de place à l’humain. Venant
de Los Angeles, terreau artistique en pleine expansion depuis quelques années, il
nous convie à découvrir quelque chose d’insolite qui conjugue réflexion
philosophe et mise en scène digne d’un blockbuster.
Dans la grande salle, se trouve une
installation vidéo avec triple projection nommée Divination Through
Decomposition (Mercury’s Prograde) réalisée en 2022 avec une composition
musicale apocalyptique de Jorge Elbrecht. La croissance de ces « champignons »
en gros plan et en accéléré montre que la vie continue, mais sans l’espèce humaine.
Ces œuvres posent bien des questions sur le futur tout en créant un très fort
sentiment d’angoisse puisque si nous disparaissons, ces questionnements n’auront
plus aucune raison d’être. Une vitrine énigmatique reposant sur des jambes de
résine (Rainforest Cafe) et une sculpture composée de débris constituent
le cycle That wich grows out of decomposition, illuminates from chaos
(« Ce qui fleurit de la décomposition illumine depuis le chaos »).
Dès l’entrée, des
machines chromées à l’allure inquiétante et mues par un mécanisme caché, issues
de références liées à la science-fiction, happent le regard. À la fois
technologiques et presque animales, parfois végétales, elles se jouent des
classifications actuelles. Nous nous trouvons dès lors dans une transgression radicale
des différents règnes du vivant dont nous ne saisirons jamais les codes d’accès
puisque la vie est devenue autre, radicalement autre. Ces trois œuvres
s’inscrivent dans le cycle Arid Lands and Novel Machinic Life (« Terres
arides et nouvelle vie machinique ») suivies par de baroques
agglomérations d’accessoires érotiques de type bondage et SM. Des maisons de poupée galvanisée au cuivre ainsi que
des fruits et légumes réels plaqués de cuivre composent Garden of Uncertain
Preservation (« Jardin de la préservation incertaine »).
Il y a encore beaucoup
d’autres entrées dans cette bacchanale visuelle qui joue avec toutes les
techniques pour mieux nous emmener dans cet ailleurs qui comprend cependant de nombreuses
références américaines, donc planétaires. Citons deux vitrines qui conjuguent
nostalgie et radioactivité dans To Flourish in Afterlife
(« S’épanouir dans l’au-delà »). Utilisant la figure du Pillsbury Doughboy, emblème
pâtissier et culinaire de la Pillsbury Company, très célèbre sur le continent
nord-américain dans les années 1960-1970, l’artiste en réalise une version
phosphorescente avec des coraux bleutés. Les deux compositions appelées Afterlife
luisent dans la nuit, comme irradiées par l’atome en un ballet immobile, transfigurées
par une joie factice et mortelle.
Max Hooper Schneuider Afterlife (Three Friends" et Six Friends)
L’ambition de Max Hooper Schneider est grande et ses réalisations s’inscrivent avec brio dans une vision d’après. Actuellement, un certain nombre d’artistes, conscients d’une fin possible de notre monde, semblent conjurer celle-ci par des créations échevelées et fort questionnantes. L’intérêt de ces hybridations repose ici sur la double culture scientifique et artistique de l‘artiste. Sans oublier l’importance de la musique. Cette monstration de grand format se perçoit comme un spectacle total qui donne parfois le tournis, mais permet de s’interroger sur les (im)possibles du futur.
Christian Skimao
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