lundi 14 février 2022

Exposition "Pourrir dans un monde libre" Max Hooper Schneider, MOCO La Panacée, 2022.

 

MO.CO. La Panacée

14, rue de l’École de Pharmacie, Montpellier

Exposition "Pourrir dans un monde libre "

Max Hooper Schneider

Du 12 février au 24 avril 2022

 

 

   Max Hooper Schneider Eocene Epizoon: Cnidarian Bacula (detail), 2021.

Fossile de l’époque éocène, machine en aluminium, sable aggloméré 175 x 110 x 136 cmCourtesy de l’artiste, High Art, Paris / Arles et Maureen Paley, Londres / Hove 


 

                                                    

                          Pourriture noble ?

 

Mourir, c’est pourrir un peu. Et même davantage. Cette exposition de Max Hooper Schneider explore un nouveau monde qui laisse peu de place à l’humain. Venant de Los Angeles, terreau artistique en pleine expansion depuis quelques années, il nous convie à découvrir quelque chose d’insolite qui conjugue réflexion philosophe et mise en scène digne d’un blockbuster.

 

  Dans la grande salle, se trouve une installation vidéo avec triple projection nommée Divination Through Decomposition (Mercury’s Prograde) réalisée en 2022 avec une composition musicale apocalyptique de Jorge Elbrecht. La croissance de ces « champignons » en gros plan et en accéléré montre que la vie continue, mais sans l’espèce humaine. Ces œuvres posent bien des questions sur le futur tout en créant un très fort sentiment d’angoisse puisque si nous disparaissons, ces questionnements n’auront plus aucune raison d’être. Une vitrine énigmatique reposant sur des jambes de résine (Rainforest Cafe) et une sculpture composée de débris constituent le cycle That wich grows out of decomposition, illuminates from chaos (« Ce qui fleurit de la décomposition illumine depuis le chaos »).

  Dès l’entrée, des machines chromées à l’allure inquiétante et mues par un mécanisme caché, issues de références liées à la science-fiction, happent le regard. À la fois technologiques et presque animales, parfois végétales, elles se jouent des classifications actuelles. Nous nous trouvons dès lors dans une transgression radicale des différents règnes du vivant dont nous ne saisirons jamais les codes d’accès puisque la vie est devenue autre, radicalement autre. Ces trois œuvres s’inscrivent dans le cycle Arid Lands and Novel Machinic Life (« Terres arides et nouvelle vie machinique ») suivies par de baroques agglomérations d’accessoires érotiques de type bondage et SM. Des maisons de poupée galvanisée au cuivre ainsi que des fruits et légumes réels plaqués de cuivre composent Garden of Uncertain Preservation (« Jardin de la préservation incertaine »).

  Il y a encore beaucoup d’autres entrées dans cette bacchanale visuelle qui joue avec toutes les techniques pour mieux nous emmener dans cet ailleurs qui comprend cependant de nombreuses références américaines, donc planétaires. Citons deux vitrines qui conjuguent nostalgie et radioactivité dans To Flourish in Afterlife (« S’épanouir dans l’au-delà »). Utilisant la figure du  Pillsbury Doughboy, emblème pâtissier et culinaire de la Pillsbury Company, très célèbre sur le continent nord-américain dans les années 1960-1970, l’artiste en réalise une version phosphorescente avec des coraux bleutés. Les deux compositions appelées Afterlife luisent dans la nuit, comme irradiées par l’atome en un ballet immobile, transfigurées par une joie factice et mortelle.

Max Hooper Schneuider  Afterlife (Three Friends" et  Six Friends)


  L’ambition de Max Hooper Schneider est grande et ses réalisations s’inscrivent avec brio dans une vision d’après. Actuellement, un certain nombre d’artistes, conscients d’une fin possible de notre monde, semblent conjurer celle-ci par des créations échevelées et fort questionnantes. L’intérêt de ces hybridations repose ici sur la double culture scientifique et artistique de l‘artiste. Sans oublier l’importance de la musique. Cette monstration de grand format se perçoit comme un spectacle total qui donne parfois le tournis, mais permet de s’interroger sur les (im)possibles du futur.

                                                                                                                                     Christian Skimao

 

 

 

 

 

 

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