Exposition Claude Viallat et Patrick Saytour
Dans divers lieux historiques d’Aubais (Gard)
Du 16 juin au 21 août 2022
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| Vue partielle du haut l'escalier monumental du château d'Aubais, exposition 2022 |
Les Grands Anciens
D’emblée, cette manifestation, organisée par le village d’Aubais, avec le soutien de l’Association des Patrimoines et des Artistes nomades, dont Philippe Pannetier assure le commissariat, s’inscrit dans le cadre d’une réalisation de grande qualité. Les deux protagonistes, membres du dernier mouvement d’avant-garde français, Supports/Surfaces prennent un malin plaisir à croiser leurs œuvres dans un chaos très organisé. Les deux partenaires appartiennent donc à un art contemporain, devenu historique, au fur à mesure de l’avancée du temps. Patrick Saytour, né en 1935 et Claude Viallat, né en 1936, défient l’espace en investissant les vieilles pierres du lieu avec intelligence et pas mal de malice.
Comme l’affirme Saytour,
il a depuis longtemps opté pour une « entreprise de déconstruction de la
forme, de la couleur, du format, du cadre de présentation » ; ainsi explore-t-il
l’envers du décor au travers de l’utilisation d’objets pliés, brûlés,
superposés, juxtaposés, etc. Les matériaux sont le plus souvent pauvres comme
des fourrures synthétiques, des tissus, tapisseries, toiles cirées, … et se
retrouvent évidemment détournés de leur fonction utilitaire première pour
devenir des supports de pensée concrète. Pour Viallat, c’est la fameuse forme
répétée sur bien des supports (toiles, bâches, tissus d’ameublement, parasols,
sacs, etc.) qui lui sert de marque de reconnaissance pour le grand public.
Cette contrainte lui offre paradoxalement une grande liberté puisque toute
problématique d’inspiration se trouve évacuée. L’importance de la couleur
demeure primordiale puisqu’il se définit comme peintre, tout en réalisant aussi
des assemblages ou des peintures tauromachiques figuratives.
Au niveau des lieux, saluons l’installation
qui prend place dans l’escalier monumental du château d’Aubais ; visible
de deux côtés (par la place du village et par l’entrée du dessous), la
ribambelle des travaux des deux artistes remplit l’espace avec brio, tout en se
ménageant une porte de sortie souvent ironique. Saytour a utilisé certaines
barrières métalliques de chantier, jouant avec l’inclusion de ces objets dans
une démarche très théâtrale, tandis que des œuvres de Viallat se balancent dans
le vide. Dans les salles voûtées du château se succèdent des panneaux
travaillés et entaillés pour Saytour, accompagnés de trophées dérisoires tandis
que des toiles de Viallat de toutes époques lui répondent. Dans le temple, se
met en place un dialogue plus intime entre les deux créateurs qui aboutit au presbytère
à la présentation finale d’une œuvre à quatre mains, commencée dans les années
1970 qui nous éclairera, au sens littéral du terme, sur ce dialogue ininterrompu.
Christian Skimao
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| Vue partielle du bas de l'escalier monumental du château d'Aubais, exposition 2022 |
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