Exposition Pierre Soulages, La Rencontre
Musée Fabre,
Montpellier
Du 28
juin au 4 janvier 2025
Pierre Soulages, 3 brous de noix sur papier, 1949 et 1951. Vue partielle, Musée Fabre, 2025
Bonjour Monsieur Soulages
La difficulté d’une rétrospective
réside souvent dans le fait de ne pas trouver un nouvel éclairage, susceptible
de relancer le regard sur l’œuvre. Placée sous le signe de La Rencontre,
le tableau célèbre de Courbet de 1854, ce dernier symbolise l’importance du
musée Fabre et de la ville pour Pierre Soulages, depuis ses débuts de peintre jusqu’au
moment de sa grande donation de 2005. Possédant 34 toiles réalisées entre 1951
et 2012, le musée Fabre possède une des plus grandes collections de l’artiste
au monde. Sans oublier le rôle incontournable, de sa femme, Mme Colette
Soulages, née Llaurens, tout au long de sa carrière,
La contextualisation joue également un rôle important dans ce genre de manifestation car elle permet de mieux saisir le travail en cours avec les enjeux de chaque époque. Au début, se trouvent les fameuses stèles gravées du musée Fenaille de Rodez, sa ville natale, comme la Statue-menhir de la Verrière (IV-IIIème millénaire avant notre ère) La découverte de Piet Mondrian avec L’Arbre gris (1911) et Max Ernst qui expérimente la technique du raclage et du grattage lui ouvrent de nouveaux horizons. En 1947, Soulages découvre la calligraphie chinoise et va se lier avec Zao Wou-Ki. En 1949, il rencontre Pierrette Bloch, élève d’Henri Goetz. L’artiste refuse la gestualité et le lyrisme pour utiliser un espace construit, avec des outils spécifiques et plus bruts qui l’éloignent du matériel traditionnel de la peinture L’utilisation des brous de noix sur papier tel celui de 1952 et ses premières peintures au noir de goudron changent la donne. En 1948, Pierre Soulages participe à la première exposition d’art abstrait en Allemagne intitulée « Französische abstrackte Malerei » et une de ses toiles est choisie pour l’affiche. Par ailleurs, en fin d’année, J.J. Sweeney, ancien conservateur au MOMA, lui rend visite, achète une œuvre et le soutient. Ces deux évènements changent radicalement sa situation dans le monde pictural français de l’époque. Dès 1949, il expose aux Etats-Unis, à New York pour commencer, à la galerie Betty Parsons.
La recherche de l’artiste tourne autour du noir
et plus précisément de la lumière qui en jaillit. Avec bien des variantes,
jouant avec des couleurs bleues par exemple, une préparation blanche, et des
profondeurs sombres, l’œuvre nouvelle apparaît (peinture 162x114 cm,
décembre 1959) lors de son exposition personnelle à la galerie de France en
1960. Ce clair-obscur se trouve influencé par Zurbaran avec Sainte-Agathe
(1635-1640) et Vincent Van Gogh et
« la peinture de l’ombre » soit des variations de lumière dans des
paysages nocturnes comme dans Paysage au coucher de soleil (1885). Une
démarche très rare : en 1975, l’artiste fait mouler en bronze trois
plaques de cuivre, semblables à des sculptures qui jouent avec les reflets
lumineux, dont une se trouve exposée ici.
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Pierre Soulages, Moulage de plaque de cuivre, 1975. Musée Fabre 2025 |
L’arrivée
des grandes séries d’Outrenoirs à partir de 1979 va relancer toute son
approche de la toile. Ces nouvelles œuvres, très représentatives de
l’aboutissement de ses questionnements, utilisent les reflets de la lumière en
fonction du temps et des déplacements dans l’espace. Souvent sous forme de polyptyques,
ces nouveaux espaces picturaux questionnent avec des variations infinies comme Peinture
222 x 314 cm, février 2008 faisant aussi référence aux entailles de Lucio
Fontana. En 1994, la réalisation, après des années de recherche, des 104
vitraux de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques en Aveyron, proposent une approche
magistrale de l’envers du noir.
A chacune et chacun, de percevoir la rencontre du faire et de l’exploration !
Christian Skimao
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