jeudi 10 juillet 2025

Exposition Wael Shawky , "Je suis les hymnes des nouveaux temples", LUMA ARLES

 

Exposition Wael Shawky

Je suis les hymnes des nouveaux temples

La Grande Halle, LUMA ARLES

Du 5 juillet au 2 novembre 2025

 

 

Wael Shawky, vue partielle, LUMA Arles, 2025

 

            Le futur demeure un passé possible

 

 

  Une exposition phare qui conjugue le passé et le présent dans une remarquable mise en scène globale, entre décors et film. Si les images animées constituent la partie principale de l’exposition, la constitution des décors et la mise en place de dessins et d’objets en verre, céramique et bronze, rehaussent l’ensemble pour aboutir à une expérience immersive. Pour mémoire, Wael Shawky, né en 1971 à Alexandrie, est un artiste égyptien qui travaille sur de nombreux supports et principalement des films comme sa fameuse trilogie Cabaret Crusades où des marionnettes représentent les personnages. Il questionne avec acuité les relations entre Orient et Occident au travers d’un dialogue historique, documenté et cultivé.

 

Wael Shawky, image du film, exposition LUMA Arles, 2025


  Le film, au titre original I am Hymns of The New Temples (Je suis les hymnes des nouveaux temples), en langue arabe classique, avec des sous-titres, date de 2023 et se trouve issu d’une commande du Parc archéologique de Pompéi dans le cadre de Pompeii Commitment. Archaelogy Matters. Il raconte les errances de Gaïa, déesse primordiale de la Terre et mère des Titans selon la mythologie grecque. Au cœur de cette narration, se trouve le temple d’Isis, édifice romain dédié à la déesse égyptienne aux vertus multiples. Des personnages portant de lourds masques, des créatures fantastiques, d’autres divinités, l’accompagnent et prononcent des paroles sacrées lors d’étranges rituels. Les interférences entre pensée grecque, romaine et égyptienne mettent en lumière les antiques croyances méditerranéennes. Tout peut fusionner, se transformer, s’hybrider en un ballet référentiel sans poser (trop) de problèmes. Ainsi, Io peut devenir Isis dans un rapport d’équivalence et Gaïa se trouver assimilée au dieu de la Terre égyptien, Geb. Wael Shawky nous présente ainsi un syncrétisme ancien qui a disparu depuis la naissance des monothéismes qui se sont toujours affirmés comme uniques, au détriment de toutes les autres croyances.

 

  Dans une atmosphère irréelle, plongée dans la pénombre, près d’un Vésuve de couleur rougeoyante, une sorte de rue, comprenant des alcôves ou des échoppes plus ou moins cubistes, permet de voir des têtes et des objets en céramique, bronze et en verre. Ces sculptures sont des inventions et pourtant elles se réfèrent à l’esprit de Pompéi. L’esprit du feu plane sur l’ensemble de cette monstration, entre une Antiquité recréée et une relecture permanente d’un monde disparu. L’artiste propose aussi des dessins, certains dressés comme des sculptures où s’égrène sa production de récits au travers des multiples mutations des temps. Évoquerait-il une sorte d’éternel retour nietzschéen où l’art posséderait la mesure juste ?  

                                       

 

                                                                                                                           Christian Skimao

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