Exposition
Wael Shawky
Je
suis les hymnes des nouveaux temples
La
Grande Halle, LUMA ARLES
Du 5
juillet au 2 novembre 2025
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Wael Shawky, vue partielle, LUMA Arles, 2025 |
Le futur demeure
un passé possible
Une exposition phare qui conjugue le passé et
le présent dans une remarquable mise en scène globale, entre décors et film. Si
les images animées constituent la partie principale de l’exposition, la
constitution des décors et la mise en place de dessins et d’objets en verre, céramique
et bronze, rehaussent l’ensemble pour aboutir à une expérience immersive. Pour
mémoire, Wael Shawky, né en 1971 à Alexandrie, est un artiste égyptien qui
travaille sur de nombreux supports et principalement des films comme sa fameuse
trilogie Cabaret Crusades où des marionnettes représentent les
personnages. Il questionne avec acuité les relations entre Orient et Occident
au travers d’un dialogue historique, documenté et cultivé.
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Wael Shawky, image du film, exposition LUMA Arles, 2025 |
Le film, au titre original I am Hymns of The
New Temples (Je suis les hymnes des nouveaux temples),
en langue arabe classique, avec des sous-titres, date de 2023 et se trouve issu
d’une commande du Parc archéologique de Pompéi dans le cadre de Pompeii Commitment.
Archaelogy Matters. Il raconte les errances de Gaïa, déesse primordiale de
la Terre et mère des Titans selon la mythologie grecque. Au cœur de cette
narration, se trouve le temple d’Isis, édifice romain dédié à la déesse
égyptienne aux vertus multiples. Des personnages portant de lourds masques, des
créatures fantastiques, d’autres divinités, l’accompagnent et prononcent des
paroles sacrées lors d’étranges rituels. Les interférences entre pensée
grecque, romaine et égyptienne mettent en lumière les antiques croyances
méditerranéennes. Tout peut fusionner, se transformer, s’hybrider en un ballet
référentiel sans poser (trop) de problèmes. Ainsi, Io peut devenir Isis dans un
rapport d’équivalence et Gaïa se trouver assimilée au dieu de la Terre égyptien,
Geb. Wael Shawky nous présente ainsi un syncrétisme ancien qui a disparu depuis
la naissance des monothéismes qui se sont toujours affirmés comme uniques, au
détriment de toutes les autres croyances.
Dans une atmosphère irréelle, plongée dans la
pénombre, près d’un Vésuve de couleur rougeoyante, une sorte de rue, comprenant
des alcôves ou des échoppes plus ou moins cubistes, permet de voir des têtes et
des objets en céramique, bronze et en verre. Ces sculptures sont des inventions
et pourtant elles se réfèrent à l’esprit de Pompéi. L’esprit du feu plane sur
l’ensemble de cette monstration, entre une Antiquité recréée et une relecture
permanente d’un monde disparu. L’artiste propose aussi des dessins, certains dressés
comme des sculptures où s’égrène sa production de récits au travers des
multiples mutations des temps. Évoquerait-il une sorte d’éternel retour nietzschéen
où l’art posséderait la mesure juste ?
Christian
Skimao
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