Rencontres
d’Arles 2025
Dans
divers lieux de la ville
Eté
2025
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Stéphane Couturier, photographie de la série 1027 + 123, Rencontres d'Arles 2025 |
Rencontres électives (partie
1)
Débutons avec l’éclatante proposition de Stéphane
Couturier à l’abbaye de Montmajour. Il mixe les images de la villa d’Eileen
Gray à Roquebrune-Cap-Martin (réalisée avec Jean Badovici à la fin des années
1920) avec les peintures de Le Corbusier ainsi que du paysage environnant. Un petit rappel
historique : ce dernier avait réalisé des peintures murales en 1938-39, sans
en avoir demandé l’autorisation à Gray, pensant que son travail pictural pouvait
se trouver imposé chez ses amis sans problèmes. Même si Eileen Gray avait
quitté la villa E 1027 (numérotation d’après les initiales des lettres des 2
fondateurs) dès 1932, elle avait été fort choquée de la défiguration de son
travail de designeuse et d’architecte. Aujourd’hui, Stéphane Couturier met en
place un dispositif qui doit conduire à une osmose symbolique (1027 + 123 pour
les initiales du Corbu) au travers de photographies extrêmement travaillées
nommées par lui des « images augmentées ». La somptuosité du résultat
jointe à une démarche résiliente, surtout après toutes ces années, subjugue le
regard et ouvre de nouveaux horizons.
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Collectif, affiche de La guerre de la langouste, Rencontres d'Arles 2025 |
Autre problématique avec « La guerre de
la langouste » qui n’aura pas lieu pour parodier la pièce de Giraudoux des
années 1930 sur la guerre de Troie. Il s’agit ici d’une uchronie mise en récit par
le critique d’art Jean-Yves Jouannais, l’artiste et enseignante Mabe Bethônico
(travaillant sur le questionnement des archives et la création de fausses pièces),
la scénographe Elisabeth Guyon et des étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure
de la Photographie. Cette installation, collective, assez vaste, se tient
d’ailleurs dans les locaux de l’ENSP à Arles et propose de mettre en scène au
travers d’objets, de films, de photographies, une histoire extrêmement
plaisante qui se serait déroulée dans les années 1961 et 63, entre la France et
le Brésil à propos de cet animal comestible. Un véritable incident diplomatique
a existé entre les deux pays, à propos des zones de pêche, et a été vite aplani
juridiquement. On se laisse facilement happer par le réalisme des créations
proposées et des discours élaborés dans ce grand but fictionnel (ex. changement
de la couverture de l’édition de poche de Mythologies de Roland Barthes
où la DS se trouverait remplacée par le crustacé). Saluons le caractère
inventif et très amusant qui tranche avec le sérieux et la componction de
certaines expositions. Sourire demeure le privilège des langoustes,
fussent-elles en guerre.
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Kourtney Roy, photographie de la série La touriste, Rencontres d'Arles 2025 |
Voyageons avec « La touriste » de Kourtney Roy qui
déconstruit les vacances de rêve. Sur fond de décor de carte postale, la vie de
la touriste (américaine) ressemble plus à un véritable cauchemar qu’à un séjour
apaisant. Le clinquant le dispute à l’inutile avec des photos aux couleurs
éclatantes. Une courte vidéo montre l’envers de la vie d’une possible retraitée
où tout s’écroule dès que fond le masque de beauté. Un humour noir qui demeure assez éprouvant.
Christian Skimao
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