dimanche 4 juillet 2021

MO.CO Hôtel des collections, Montpellier, 2021. "Cosmogonies".Fondation Zinsou.

 

Mo.Co. Hôtel des Collections

Exposition « Cosmogonies. Zinsou, une collection africaine. »

13, rue de la République à Montpellier

Du 3 juillet au 10 octobre 2021

Léonce Raphaël AGBODJELOU, ASTON, lshola AKPO, Joël ANDRIANOMEARISOA, Sammy BALOJI, Pierre BODO, Frédéric BRULY BOUABRE, Seyni Awa CAMARA, Chéri CHERIN, Jeremy DEMESTER, Jean DEPARA, Omar Victor DIOP, Kifouli DOSSOU, Rotimi FANI‐KAYODE, Samuel FOSSO, Pauline GUERRIER, Romuald HAZOUME, Seydou KEITA, Adama KOUYATE, George LILANGA, Ibrahim MAHAMA, Esther MAHLANGU, Emo de MEDEIROS, MOKE, Zanele MUHOLI, Rigobert NIMI, J. D.'Okhai OJEIKERE, Kwesi OWUSU-ANKOMAH, Gérard QUENUM, Sadek RAHIM, Lyndi SALES, Chéri SAMBA, Amadou SANOGO, Malick SIDIBE, Aïcha SNOUSSI, Sanlé SORY, Cyprien TOKOUDAGBA

 

Emo de Medeiros, Vodunaut # 4 (2016) 

Le Bénin, l’Afrique, le monde.

 

  En un vaste panorama, l’exposition Cosmogonies présente près de 110 œuvres (sculptures, photographies, peintures et installations) de 37 artistes de différentes générations. Elles proviennent de la Fondation Zinsou, créée en 2005, à Cotonou, au Bénin, qui a ensuite ouvert un musée d’art contemporain à Ouidah, comprenant plus de 1000 œuvres d’une soixantaine d’artistes, provenant de 34 pays.

  La question de la dénomination d’art contemporain « africain » se pose toujours, mais finit par s’estomper en raison de la valeur des œuvres des artistes les plus connus. Le phénomène de mondialisation a changé le regard avec des enjeux planétaires comme la restitution des œuvres africaines anciennes et le dynamisme d’une création actuelle ouverte. Par ailleurs, la Fondation fait appel à des artistes originaires de toute l’Afrique, mais aussi d’autres continents, du moment qu’ils et elles travaillent sur des problématiques africaines, au sens large.

   À l’Hôtel des collections, sept grands thèmes d’approche se trouvent proposés : alphabets et codes ; intimité et mémoire ; un air du temps ; poses et mises en scène ; distance critique ; légendes et symboles ; métamorphoses. Une mise en scène ludique et dynamique permet de circuler à travers les étages avec beaucoup d’aisance.

  En vrac, commençons par Chéri Samba, star internationale, avec ses fameuses peintures, sorte de narrations figuratives explorant les événements de la vie quotidienne et ceux du monde comme Le Combat du siècle (1997), entre Muhammad Ali et George Foreman. Continuons avec une des fameuses peintures d’Esther Mahlangu, aux motifs géométriques colorées (2010). La découverte de son travail en Occident, elle avait exposé à la grande exposition « Les Magiciens de la Terre », marque symboliquement une date. La photographie y tient une grande part avec l’admirable série Bodies of Expériences de Rotimi Fani-Kayode, emporté trop tôt par le sida en 1989. Les mises en scène questionnantes de Léonce Raphaël Agbodjelou se situent entre stéréotypes et histoires de l’art. Bien sûr, Zanele Muholi (rencontrée à Arles il y a quelques années) très connue, elle aussi, qui continue son long travail sur l’identité et le genre. Sans oublier Samuel Fosso qui expose des portraits ironiques.

 Une œuvre très significative d’Emo de Medeiros, Vodunaut # 4 (2016) où transparaît la synthèse de cet art contemporain et pourtant africain. Un casque de cosmonaute décoré des fameux cauris symbolisant le voyage et que l’on trouvait sur les statuettes africaines traditionnelles puis sur leurs innombrables copies actuelles À l’intérieur un smartphone diffuse des vidéos prises sur quatre continents. L’artiste pose la question de la connaissance du futur par le Fâ (art divinatoire) qui nous ramène au vodoun du Bénin. Modernité, tradition et projection constituent ainsi une véritable fusée pour l’art. Aïcha Snoussi pratique le dessin avec un grand talent. Ces derniers, Anticodexxx (2017) se trouvent un peu cachés à l’écart sur une étagère, au dernier sous-sol ; il faut donc les chercher, mais le jeu en vaut la chandelle car on y découvre un univers militant queer et féministe soutenu par une grande imagination. Par contre, une monumentale installation d’elle remplit l’espace, La Sépulture aux noyés (2021), hommage à tous les disparus de la Méditerranée qui avaient espéré une vie meilleure en Europe. Ce qui relie et ce qui sépare.

                                                                                                                                                        Christian Skimao

 

Aïcha Snoussi, La Sépulture aux noyés (2021)

 

 

 

 

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