Mo.Co.
Hôtel des Collections
Exposition
« Cosmogonies. Zinsou, une collection africaine. »
13, rue de la République à
Montpellier
Du 3 juillet au 10 octobre
2021
Léonce Raphaël AGBODJELOU, ASTON, lshola AKPO,
Joël ANDRIANOMEARISOA, Sammy BALOJI, Pierre BODO, Frédéric BRULY BOUABRE, Seyni
Awa CAMARA, Chéri CHERIN, Jeremy DEMESTER, Jean DEPARA, Omar Victor DIOP,
Kifouli DOSSOU, Rotimi FANI‐KAYODE, Samuel FOSSO, Pauline GUERRIER, Romuald
HAZOUME, Seydou KEITA, Adama KOUYATE, George LILANGA, Ibrahim MAHAMA, Esther
MAHLANGU, Emo de MEDEIROS, MOKE, Zanele MUHOLI, Rigobert NIMI, J. D.'Okhai
OJEIKERE, Kwesi OWUSU-ANKOMAH, Gérard QUENUM, Sadek RAHIM, Lyndi SALES, Chéri
SAMBA, Amadou SANOGO, Malick SIDIBE, Aïcha SNOUSSI, Sanlé SORY, Cyprien
TOKOUDAGBA
![]() |
Emo de Medeiros, Vodunaut # 4 (2016) |
Le Bénin, l’Afrique, le
monde.
En un vaste panorama, l’exposition Cosmogonies présente
près de 110 œuvres (sculptures, photographies, peintures et installations) de
37 artistes de différentes générations. Elles proviennent de la Fondation
Zinsou, créée en 2005, à Cotonou, au Bénin, qui a ensuite ouvert un musée d’art
contemporain à Ouidah, comprenant plus de 1000 œuvres d’une soixantaine
d’artistes, provenant de 34 pays.
La question de la dénomination d’art
contemporain « africain » se pose toujours, mais finit par s’estomper
en raison de la valeur des œuvres des artistes les plus connus. Le phénomène de
mondialisation a changé le regard avec des enjeux planétaires comme la
restitution des œuvres africaines anciennes et le dynamisme d’une création
actuelle ouverte. Par ailleurs, la Fondation fait appel à des artistes
originaires de toute l’Afrique, mais aussi d’autres continents, du moment
qu’ils et elles travaillent sur des problématiques africaines, au sens large.
À l’Hôtel des collections, sept grands
thèmes d’approche se trouvent proposés : alphabets et codes ; intimité
et mémoire ; un air du temps ; poses et mises en scène ; distance
critique ; légendes et symboles ; métamorphoses. Une mise en scène
ludique et dynamique permet de circuler à travers les étages avec beaucoup
d’aisance.
En vrac, commençons par Chéri Samba, star
internationale, avec ses fameuses peintures, sorte de narrations figuratives
explorant les événements de la vie quotidienne et ceux du monde comme Le
Combat du siècle (1997), entre Muhammad Ali et George Foreman. Continuons
avec une des fameuses peintures d’Esther Mahlangu, aux motifs géométriques
colorées (2010). La découverte de son travail en Occident, elle avait exposé à
la grande exposition « Les Magiciens de la Terre », marque symboliquement
une date. La photographie y tient une grande part avec l’admirable série Bodies
of Expériences de Rotimi Fani-Kayode, emporté trop tôt par le sida en 1989.
Les mises en scène questionnantes de Léonce Raphaël Agbodjelou se situent entre
stéréotypes et histoires de l’art. Bien sûr, Zanele Muholi (rencontrée à Arles
il y a quelques années) très connue, elle aussi, qui continue son long travail
sur l’identité et le genre. Sans oublier Samuel Fosso qui expose des portraits
ironiques.
Une œuvre très significative d’Emo de Medeiros,
Vodunaut # 4 (2016) où transparaît la synthèse de cet art contemporain
et pourtant africain. Un casque de cosmonaute décoré des fameux cauris
symbolisant le voyage et que l’on trouvait sur les statuettes africaines
traditionnelles puis sur leurs innombrables copies actuelles À l’intérieur un
smartphone diffuse des vidéos prises sur quatre continents. L’artiste pose la
question de la connaissance du futur par le Fâ (art divinatoire) qui nous ramène
au vodoun du Bénin. Modernité, tradition et projection constituent ainsi une
véritable fusée pour l’art. Aïcha Snoussi pratique le dessin avec un grand
talent. Ces derniers, Anticodexxx (2017) se trouvent un peu cachés à
l’écart sur une étagère, au dernier sous-sol ; il faut donc les chercher, mais
le jeu en vaut la chandelle car on y découvre un univers militant queer et
féministe soutenu par une grande imagination. Par contre, une monumentale
installation d’elle remplit l’espace, La Sépulture aux noyés (2021),
hommage à tous les disparus de la Méditerranée qui avaient espéré une vie
meilleure en Europe. Ce qui relie et ce qui sépare.
Christian
Skimao
![]() |
Aïcha Snoussi, La Sépulture aux noyés (2021) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire