Exposition « Post-Noir » de Glenn
Ligon
Carré d’Art-Musée d’art contemporain, Nîmes
Du 24 juin au 20 novembre 2022
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| Double America, 2012 Néon et peinture 91,4 x 304,8 cm Photo : Farzad Owrang |
Glenn Ligon est un artiste américain qui travaille depuis des années sur la question de l’identité noire en généra, mais aussi pour ce qu’elle induit pour d’autres populations. Il évoque ainsi une extension des problèmes liés à la discrimination, à partir de ce terme générique, face au regard porté sur elles par les classes dominantes. Avec une salle consacrée à sa série de néons dont Double America (2012), il veut montrer le haut et le bas de chaque événement, le fait que la société ne repose pas sur un équilibre, mais sur une tension de chaque moment (depuis toujours, l’extrême richesse et l’extrême pauvreté existent simultanément aux USA, par exemple). Évoquant Charles Dickens et la première phrase de son roman A Tale of Two Cities (Conte de deux villes) : « It was the best of times, it was the worst of times, … » (« C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps, … »), Ligon établit une correspondance entre cette citation et son travail. Ainsi le mot AMERICA se trouve inversé, détourné, employé comme une idée ou un concept, transformé en quelque chose d’autre qui relève du vocabulaire étatique et/ou libertaire, des possibilités individuelles et/ou des idées de masse, de la liberté et/ou de l'oppression, etc.
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| Stranger (Full Text) #1, 2020-2021 Bâton d'huile, gesso et poussière de charbon sur toile, deux panneaux 304,8 x 1371,6 cm Photo : Jon Etter |
Stranger Full Text 1 (2020-21) reprend
un essai de James Baldwin de 1953 intitulé Stranger in the Village où ce
dernier raconte son séjour dans un petit village suisse, dont les habitants n’avaient
jamais rencontré d’homme noir. Dans l’œuvre graphique, le blanc et le noir ont
tendance à glisser l’un vers l’autre, le texte s’efface ou plutôt se
métamorphose en quelque chose de nouveau. Cette recherche de la disparition et
de l’éclatement du concret vers l’abstrait donne lieu à la série des Debris
Field, peintures éclatées réalisées à partir de lettres isolées et de marques
diverses, météorites flottantes qui questionnent l’idée même de composition.
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| Malcolm X (Version 3) #1, 2000 Sérigraphie et crayon à l'huile sur toile 121,9 x 91,4 cm Courtesy de l’artiste |
Une série de portraits consacrés à la figure
de Malcom X, le leader afro-américain assassiné en 1965, prennent place dans
une autre salle. Partant d’un travail réalisé avec les enfants lors d’une
résidence au Walker Art Center de Minneapolis en 1999-200, Glenn Ligon
reproduit ces dessins sur de grandes toiles. Les œuvres initiales, joyeuses et
débridées, se confrontent à la rigueur du genre portrait, et davantage encore lorsqu’il
s’agit d’une représentation iconique. Les contrastes apparaissent, posant la
question de savoir qui se trouve véritablement représenté, un homme ou un
héros.
Cette monstration peut également se voir en relation avec d’autres démarches, comme celle d’Arthur Jafa, dont l’exposition Live Evil se trouve toujours visible en ce moment à la Luma Arles.
Christian Skimao



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