Expositions Dan Flavin (Épiphanies),
Ann Veronica Janssens (entre le crépuscule et le ciel), Jean Charles
Blais (Idylles) Collection Lambert (musée d’art contemporain), Avignon.
Du 2 juillet au 9 octobre 2022
L’invisible du lisible
| Dan Flavin, untitled (to Cy Twombly) 1, 1972, courtesy of David Zwirner ©Stephen Falvin ADAGP, Paris |
La grande exposition d’été de la Collection
Lambert s’inscrit autour de trois artistes. Le premier, Dan Flavin représente
une approche historique, qu’il s’agit ici de rendre vivante par le biais
d’œuvres liées à des dédicataires comme Cy Twombly, Sol Le Witt, David Smith, Robert Ryman, Barnet
Newman, Don Judd, Ad Reinhardt, etc. Si son travail semble archi connu, il est
toujours bon de rappeler qu’il ne se prête à aucune interprétation mystique, s’inscrivant
dans le courant minimal le plus absolu. Le rayonnement voulu des tubes
fluorescents nous invite certes à des supputations personnelles, mais qui se
dissolvent à l’épreuve de l’évidence. La longue collaboration d’Yvon Lambert
avec l’artiste (décédé en 1996, quatre ans avant l’ouverture de la Collection
Lambert), diffuse un parfum de nostalgie pour les possibles de cette époque
révolue, puisqu’il ne sera plus loisible de les réaliser.
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| Ann Veronica Janssens, Untitled (blue glitter), open sculpture #4, 2015 à l'infini |
Au premier étage, la deuxième, Ann Veronica
Janssens, mondialement connue, travaille sur les perceptions sensorielles. Ici,
dans une installation en relation avec un autre lieu, la fondation CAB à Saint-Paul
de Vence, elle interroge la lumière et ses effets multiples sur nos sens. Grâce
à des sculptures posées au sol et des installations elle nous convie à des jeux
visuels et intellectuels. Les multiples variations lumineuses s’inscrivent dans
des œuvres denses comme Blue Glass Roll 405/2 (2019) ou Cocktail
Sculpture (2008) composée de couches d’eau distillée et d’huile de
paraffine, mais aussi des séries de verres feuilletés dichroïques qui transforment
la lumière de façon permanente. Le lieu, dans son ensemble, sert de laboratoire
expérimental en fonction des variations lumineuses de la journée, en tenant
compte de la position du soleil, des nuages, etc. Pour le spectateur, existe ce
qui est vu, mais aussi ce qui est ressenti. Ces approches plastiques extrêmement
complexes et élégantes s’inscrivent dans un champ poétique référentiel avec La
Postérité du soleil, de Camus et Char, accompagné des photos d’Henriette
Grindat, publié en 2009 chez Gallimard.
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| Jean Charles Blais, Sans titre, 2022. |
Enfin, le troisième créateur, Jean-Charles Blais, apparaît comme éternellement jeune. Travaillant toujours à partir de monceaux d’affiches publicitaires, il s’en sert comme support, laissant s’insinuer ses figures doubles au travers des irrégularités et des interstices du papier. Cette série de figures duelles, réalisée au printemps 2022, s’étale avec force et grâce sur les murs du 18ème siècle, jouant du contraste des époques avec une certaine insolence. Ses images archétypales de couples modernes où toutes et tous peuvent s’identifier, construisent un rapport fort étonnant. On retrouve l’élégance de certaines peintures rupestres (ici seulement avec des êtres humains, bien entendu) qui apparaissent au détour des restes du lettrage criard de la publicité. Ce choc des cultures se trouve servi par un accrochage tous azimuts qui occupe l’espace imparti avec brio.
Pour conclure, une manifestation réjouissante où la qualité de
la mise en scène le dispute au plaisir de croiser l’Histoire et les histoires.
Christian
Skimao


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