Expositions « satellites » pour les 30 ans de Carré d’Art, à Nîmes. Volet 2 :
Mémoire vive, d’Oliver Laric, Musée de la Romanité, Nîmes. Du 21 avril au 31 décembre 2023.
Travaux en cours 4 installations d’étudiants de l’Ecole supérieure des beaux-arts de Nîmes dans la ville, Noémie Cartailler-Combe, Quentin Duvillier, Won Jy, Alvina Söderlundh. Du 9 mai au 2 juillet 2023.
Exposition Martial Raysse, Musée des Beaux-arts, Nîmes. Du 25 mars au 3 décembre 2023.
Jeunes et moins jeunes, dispersions
Neptune, variation d'Oliver Laric, Musée de la Romanité, 2023.
Commençons avec
l’exposition Mémoire vive d’Oliver Laric, artiste autrichien, au
sous-sol du Musée de la Romanité. Une approche pertinente et particulièrement
questionnante se joue ici, entre l’héritage des « vieilles pierres »
et celui de l’extrême modernité de la modélisation.
Dans la pénombre, apparaissent des statues « modifiées » ou « augmentées », rehaussées de parties en aluminium ou en plastique grillagé, comme L’Hermanubis du Vatican, la statue de L’Oceanus, etc. ou encore toute une série de variations autour du Neptune appartenant au musée. Son approche, menée de concert avec les spécialistes du musée dont Cécile Carrier pour l’iconographie et Nicolas de Larquier, conservateur du lieu et commissaire de l’exposition repose sur trois axes fondamentaux : la construction même de la sculpture, la notion de copie, enfin le concept d’hybridité. Dans l’Antiquité, la composition d’une sculpture repose sur le fait de partir d’un bloc puis de l’évider pour trouver les formes tandis qu’Oliver Laric ajoute couche sur couche par le biais d’une imprimante 3D. En ce qui concerne la copie elle est primordiale dans les deux cas également. Souvent, les modèles romains font référence à un original grec, disparu depuis longtemps et qui se trouve dupliqué jusqu’à la Renaissance et même au-delà. Pour l’artiste, il s’agit de créer des œuvres en série et d’échapper à la croyance de l’objet unique puisque les pensées et les réalisations se trouvent désormais interconnectées entre tous les humains. Enfin l’hybridité se retrouve dans le mélange entre animaux et humains, entre homme et femme, entre la représentation de certains dieux et de leur part animale (Pan, par exemple). Dans la recherche exposée l’importance de la relation humain-animal apparait primordiale dans le cadre d’une grande fluidité contemporaine. On comprend toute l’importance d’une démarche aussi passionnante dans la création actuelle et son application toute trouvée dans la cité des Antonin. A voir « impérialement » et impérativement !
Premières pierres, Won Jy, Cour de l'Hôtel de ville, Nîmes, 2023.
Travaux
en cours propose donc quatre œuvres d’étudiants de l’École
supérieure des beaux-arts de Nîmes dans la ville. Noémie Cartailler-Combe,
place de la Calade, propose Résidence du soleil levant, grande pièce de
métal posée à même le sol qui montre les contours d’un bâtiment de la ZUP de Nîmes.
Paradoxalement le monumental de l’œuvre fait apparaître le caché de la réalité
des quartiers oubliés du centre. Les intempéries et les pas de passants font
partie de l’œuvre, réactivant indirectement la pratique de Carl Andre, tout en
y introduisant un fort élément sociologique. Pour Quentin Duvillier, place du
Chapitre il s’agit d’une sculpture intitulée Cœur de ville, qui explore
les différentes strates de la cité où le contemporain se mêle à l’antique. Alvina
Söderlundh, d’origine suédoise, expose Place aux herbes, une composition issue
des façades et fenêtres de Göteborg. Il s’agit de mettre en évidence la
distance entre deux objets abstraits ou concrets, le vide qui se trouve entre,
soit Mellanrum. Enfin dans la cour intérieure de l’Hôtel de ville, Won
Jy, d’origine coréenne, expose Premières pierres, des sculptures qui
sont en réalité des blocs de gravats de béton sur lesquels se trouvent imprimés
des images de roche. Il se place donc dans un mouvement dialectique
nature-culture mais en inversé, déguisant un réel violent en une sérénité plus
ou moins feinte, comme le laisse penser l’agencement autour du jet d’eau. Le
cours des choses ne coule pas de source dans cette jungle urbaine recomposée.
Exposition Martial Raysse, Musée des Beaux-Arts, Nîmes, 2023. Raysse@MBA.C.Eymenier
Martial Raysse, né en 1936, a été un de nos
très grands artistes du Pop art français. Revenu à la figuration dans les années
1975 il a droit ici à une assez modeste exposition dans l’atrium du musée des
Beaux-Arts. Une sorte de condensé mémoriel avec quelques œuvres des débuts flamboyants
jusqu’aux travaux picturaux plus empreints de classicisme. Raysse a également marqué
Nîmes au niveau de ses réalisations monumentales, dont la place d’Assas (1989) avec
Nemausus-Nemausa et ses compositions ésotériques autour du thème de
l’eau. Une restauration générale de ce travail semble aujourd’hui nécessaire
face au temps qui passe et à l’avancée inexorable des terrasses environnantes.
Christian Skimao
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