samedi 13 mai 2023

Expositions pour les 30 ans de Carré d’Art, à Nîmes, 2023. Volet 1.

Expositions pour les 30 ans de Carré d’Art, à Nîmes :

La mélodie des choses Regards sur la collection, Carré d’Art, à tous les étages

Sélection d’œuvres de la collection et les regards de Walid Raad et Tarik Kiswanson

- Photos des artistes passés par l ’institution de Jean-Pierre Loubat

Dans le cadre de Grand Arles Express 2023 :

- Regard de Suzanne Lafont, Galerie Foster

- Ugly Plymouths de Martine Syms, espace d’exposition de la Bibliothèque

- Fragments de Noé Soulier, Chapelle des Jésuites

Du 9 mai au 3 septembre 2023

 

Vue salle Arte Povera (accrochage La Mélodie des Choses, 2e étage Carré d’Art) : Barry Flanagan, Mario Merz, Giuseppe Penone et Jannis Kounellis. Photo Cédrick Eymenier. © Waddington Galleries, Londres / ADAGP Paris 2023

30 ans dans un monde en pleine mutation (1993-2023)

 

 

  Il n’est guère aisé de rendre compte des réalisations muséales sans tomber dans les travers d’une célébration par trop convenue. En effet, comment demeurer original lorsque l’on devient trentenaire ? Nous nous focaliserons ici sur ce qui est exposé à Carré d’Art, vaisseau immobile, avant de prendre en considération d’autres espaces dévolus à cet anniversaire dans un autre article.

  La collection commencée en 1986 comprend près de 600 œuvres et couvre différents domaines. D’abord un certain nombre de mouvements historiques comme le Nouveau Réalisme, Supports-Surfaces bien évidemment (Daniel Dezeuze, Toni Grand, Claude Viallat, etc.) et la Figuration Libre. Viennent ensuite l’Arte Povera avec une sélection d’œuvres de Mario Merz, Penone, Anselmo, …). Enfin des artistes américains comme Richard Artschwager, Kaprow, Kosuth et des peintures allemandes de Richter, Polke, Oehlen, qui ne pourraient guère se trouver acquises aujourd’hui. D’autres artistes françaises, Sophie Calle, Annette Messager se positionnent dans cette approche encore très encore occidentale. Sans oublier le regretté Christian Boltanski. Depuis quelques années des artistes issus du Moyen-Orient ou du Vietnam rejoignent ce fonds en expansion.

  Pour donner un nouvel éclat à l’ensemble, diverses propositions ont été faites à des artistes actuels pour revivifier l’ensemble. Ainsi, Walid Raad a proposé une salle avec la série « Ombres » où des œuvres n’existent que par leurs emplacements. Une narration conjointe attribue la paternité de ces réalisations à une certaine Mme Traboulsi qui aurait donné ces œuvres à Bob Calle en échange du paiement de ses soins. Mise en abyme du récit des ombres … Tarik Kiswanson dispose de trois salles pour revivifier une partie de la collection et mettre en lumière la présence du corps et de l’identité. Il s’agit de montrer des problématiques actuelles, sises entre contestation et esthétique avec parfois un fort rapport au politique (comme LaToya Ruby Frazier ou Wolfgang Tillmans).


Vue partielle de l'exposition de Suzanne Lafont, galerie Foster, 2023.


  Dans des espaces séparés, comme la galerie Foster, une excellente proposition de Suzanne Lafont propose un regard sur la collection photographique du musée. Elle joue avec des œuvres réellement présentes mais aussi avec des affiches qui signalent l’absence des autres, impossibles à se procurer. De ce ballet entre ce qui est à voir et ce qui aurait pu l’être, naît un sentiment de frustration, mais aussi de recul nécessaire. Et laisse songeur face à l’existence et à l’inexistence des lieux et des événements. Dans l’espace d’exposition de la Bibliothèque se tient Ugly Plymouths de Martine Syms. Elle utilise des vidéos très courtes qui proposent des séquences hachées prises à Los Angeles, et projetées sur des écrans semblables à ceux des portables mais de grande dimension. Sur les vitrines de la librairie, présentation des portraits d’artistes de Jean-Pierre Loubat, en noir et blanc, qui ont hanté  de leur présence les diverses expositions. Enfin, à la Chapelle des Jésuites, Noé Soulier propose Fragments, une vidéo qui travaille les chocs des corps au travers des cadrages. Il essaye de montrer ce qui ne se voit pas sur scène, focalisant l’attention du public sur la forte intensité de ces rencontres chorégraphiées, entre lutte et élégance.

 

 

                                                                                                                                         Christian Skimao

 

 

 

 

 

 

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