lundi 29 avril 2024

Exposition Alfred Latour, musée Réattu, Arles, 2024

 

Exposition Alfred Latour

Regard sur la forme

Musée Réattu, Arles

Du 27 avril au 6 octobre 2024

 

 


                     Complémentarités exemplaires

 

 

  L’histoire de l’art demeure un filtre où certaines créations perdurent tandis que d’autres disparaissent. Il arrive néanmoins que des artistes reviennent par le biais du travail opéré par les musées et fondations. Ainsi en va-t-il de l’œuvre polymorphe d’Alfred Latour (1888-1964). Si son travail photographique a été présenté au Réattu en 2018, il s’agit en 2024 de montrer les relations existant entre dessins, croquis, gravures, réalisations de motifs pour le tissu et pratique photographique. Cette approche multiple se trouve soutenue par le musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon ainsi que la Fondation Alfred Latour de Lausanne (CH). Né à la fin du 19ème siècle, Latour va mettre en application les nombreuses découvertes du 20ème siècle. L’exposition présente des réalisations et recherches menées entre 1928 et 1964. Membre de l’Union des artistes modernes, il s’inscrit dans une tradition à la fois manuelle, conceptuelle et picturale au sens le plus large.


A      Dans l’exposition, période géométrie/abstraction, remarquons le rapport existant entre un treillage de potager et une composition en diagonales. Les photographies réalisées sont souvent postérieures aux motifs inventés dans un renversement des chronologies. Si l’artiste s’est inspiré du motif, il ne l’a photographié que plus tard, se constituant ainsi une mémoire des formes. Dans son travail de graveur, Latour respecte les règles des contrastes du noir et blanc, comme dans ses photos. Il œuvre aussi du côté du monochrome, succédant au grand et prolifique Raoul Dufy (1877-1953) dans la maison de soierie lyonnaise Bianchini-Férier. L’art et l’industrie semblent donc faire bon ménage dans cette appétence qualitative pour trouver des formes nouvelles en tenant compte de la mode et du goût de l’époque. Le végétal ne se trouve pas non plus ignoré puisque ce dernier tient toujours une grande place dans les arts au milieu du 20ème siècle, non plus dans le style Art Nouveau, mais dans une stylisation actualisée. L’exemple de la feuille de figuier, déclinée avec brio par ses soins, mêle une esthétique répétitive avec un retour aux motifs de la nature.

 

Alfred Latour, Toile de Fontenay: Croisade, 1948, 232x141cm Fondation Alfred Latour, Lausanne. Toile imprimée au cadre. Coton,lin.Copyright Lyon,musée des Tissus-Sylvain Pretto


  Alfred Latour demeure un artiste assez inclassable aux influences multiples et diverses. Sa double formation à l’École nationale des arts décoratifs et à l’École des beaux-arts lui permet une hybridation plastique inattendue. Sa connaissance du monde de l’art et de l’industrie lui ouvre de nouvelles voies. Citons un dernier exemple : en 1950, sept motifs d’éléments historiques de l’Abbaye de Fontenay, dites les Toiles de Fontenay se trouvent édités par Pierre Aynard et imprimés par la manufacture Brunet-Lecomte à Jallieu d’après les cartons de l’artiste. Cette réalisation d’époque s’inspirant d’un passé prestigieux, apparaît contemporaine pour un regard du 21ème siècle.

                                                                                                                                Christian Skimao

 

 

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