mercredi 22 janvier 2025

Exposition "Même les soleils sont ivres", Collection Lambert, Avignon, 2025

 

Exposition « Même les soleils sont ivres »

Histoires de vent, Collection Lambert Avignon

Du 18 janvier au 25 mai 2025

Dans le cadre des célébrations Avignon, Terre de culture(s)

Avec Francis Alÿs, Massimo Bartolini, Céleste Boursier-Mougenot, Mircea Cantor, Martin Creed, Laurent Derobert, Jean Epstein, Spencer Finch, Susanna Fritscher, Claude-Marie Gordot, Henriette Grindat, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Roni Horn, Joris Ivens, Joan Jonas Zilvinas Kempinas, Perrine Lacroix, Julie Rousse, Joseph Vernet, Auguste Vidal, Lawrence Weiner

 

 

Céleste Boursier-Mougenot, Prototype pour scanner, Collection Lambert, 2025

 

    Le vent du désir souffle dans nos regards

 

  L’exposition décline la thématique du vent avec brio et éclectisme. Elle emprunte son titre à une phrase d’Albert Camus extraite de La Postérité du soleil, chez Gallimard, ouvrage réalisé dans le Vaucluse avec la photographe Henriette Grindat, et préfacé par René Char. De nombreux artistes de diverses époques prennent place dans les salles (sous-sol, rez-de-chaussée et premier étage) parmi des textes qui eux aussi semblent voler autour de nous. L’aérien semble parfois léger, parfois tumultueux, se situant entre brise et tempête, sur une échelle de Beaufort quelque peu fantasmée.

  L‘installation de Céleste Boursier-Mougenot, Prototype pour scanner (2006) irradie d’une grande charge poétique. Un ballon muni d’un micro se déplace dans la salle tout en inventant des compositions spa­tiales et musicales. La technologie rencontre le charme des variations aériennes en un ballet toujours recommencé. Cette légèreté se poursuit avec une création sonore électroacoustique de Julie Rousse dans la cour de l’hôtel de Montfaucon. Susanna Fritscher a installé au plafond d’étranges structures constituées de tubes mécaniques qui produisent des harmo­niques grâce à l’air qui les traverse nommées Flügel Klingen (2017). La vitesse de rotation et le son varient continuellement produisant un effet de haute intensité pour notre appareil auditif.

  Une des œuvres les plus imposantes se trouve à l’étage avec Zilvinas Kempinas et ses seize fontaines sises au sol, Fountain (2011-2013). Animées par un mouvement aérien grâce à des ventilateurs et composées de bandes magnétiques qui flottent, elles entrent ici en résonance avec le Rhône et le mistral local. Au même endroit, sur le mur, Lawrence Weiner a réalisé ÉCRIT SUR LE VENT/WRITTEN ON THE WIND (2013) reprenant son travail plastique d’écriture.

Zilvinas Kempinas, Fountain, Collection Lambert, 2025


  Le cinéma se trouve également présent avec des réalisations très différentes. Un film de Jean Epstein, Le tempes­taire (1947), est un court métrage en noir et blanc, assez énigmatique, où une jeune fille consulte un mage qui maîtrise les tempêtes. Une vidéo de Joan Jonas, Wind (1968), où des artistes réalisent des performances, comiques ou tragiques, orchestrées par le vent et la neige. Francis Alÿs, lui, tente d’entrer dans le tourbillon des tornades au Mexique et transcrit cette démarche dans une vidéo datée de 2010. Perrine Lacroix avec Winfried (2013) filme un voile blanc qui cache la tragique aventure de Winfried Freudenberg, qui avait quitté la DDR en mars 1989, quelques mois avant la chute du mur, avec un ballon artisanal et avait trouvé la mort dans cette tentative de passer à l’Ouest. Enfin l’admirable réalisation de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Histoire du vent, à l'occasion du festival d'Avi­gnon en 2010. D’un côté, apparaissent des scènes de théâtre au palais des Papes, avec le vent en protagoniste qui sublime ou déstructure les pièces, de l’autre des gens du théâtre qui parlent de cette expérience.

  Pour finir, la première œuvre qui ouvre l’exposition, une sorte de caisson de Massimo Bartolini, In a Landscape (2017) qui comprend un orgue jouant les dix premières mesures de la célèbre pièce musicale éponyme de John Cage. Sans oublier les installations minimales de Roni Horne et Spencer Finch qui dialoguent avec l’œuvre d’Emily Dickinson. Le matériel et l’immatériel s’épousent en des retrouvailles qualifiables d’inspirées, expirées ou aspirées.

 

                                                                                                                                                        Christian Skimao

Aucun commentaire: