Exposition
« Même les soleils sont ivres »
Histoires
de vent, Collection Lambert Avignon
Du 18 janvier
au 25 mai 2025
Dans
le cadre des célébrations Avignon, Terre de culture(s)
Avec Francis
Alÿs, Massimo Bartolini, Céleste Boursier-Mougenot, Mircea Cantor, Martin Creed,
Laurent Derobert, Jean Epstein, Spencer Finch, Susanna Fritscher, Claude-Marie
Gordot, Henriette Grindat, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Roni Horn, Joris
Ivens, Joan Jonas Zilvinas Kempinas, Perrine Lacroix, Julie Rousse, Joseph
Vernet, Auguste Vidal, Lawrence Weiner
![]() |
Céleste Boursier-Mougenot, Prototype pour scanner, Collection Lambert, 2025 |
Le
vent du désir souffle dans nos regards
L’exposition décline la thématique du vent
avec brio et éclectisme. Elle emprunte son titre à une phrase d’Albert Camus extraite
de La Postérité du soleil, chez Gallimard, ouvrage réalisé dans le Vaucluse
avec la photographe Henriette Grindat, et préfacé par René Char. De nombreux
artistes de diverses époques prennent place dans les salles (sous-sol,
rez-de-chaussée et premier étage) parmi des textes qui eux aussi semblent voler
autour de nous. L’aérien semble parfois léger, parfois tumultueux, se situant
entre brise et tempête, sur une échelle de Beaufort quelque peu fantasmée.
L‘installation de Céleste Boursier-Mougenot, Prototype
pour scanner (2006) irradie d’une grande charge poétique. Un ballon muni
d’un micro se déplace dans la salle tout en inventant des compositions spatiales
et musicales. La technologie rencontre le charme des variations aériennes en un
ballet toujours recommencé. Cette légèreté se poursuit avec une création sonore
électroacoustique de Julie Rousse dans la cour de l’hôtel de Montfaucon. Susanna
Fritscher a installé au plafond d’étranges structures constituées de tubes
mécaniques qui produisent des harmoniques grâce à l’air qui les traverse
nommées Flügel Klingen (2017). La vitesse de rotation et le son varient
continuellement produisant un effet de haute intensité pour notre appareil
auditif.
Une des œuvres les plus imposantes se trouve
à l’étage avec Zilvinas Kempinas et ses seize fontaines sises au sol, Fountain
(2011-2013). Animées par un mouvement aérien grâce à des ventilateurs et composées
de bandes magnétiques qui flottent, elles entrent ici en résonance avec le
Rhône et le mistral local. Au même endroit, sur le mur, Lawrence Weiner a
réalisé ÉCRIT SUR LE VENT/WRITTEN ON THE WIND (2013) reprenant son
travail plastique d’écriture.
![]() |
Zilvinas Kempinas, Fountain, Collection Lambert, 2025 |
Le cinéma se trouve également présent avec des
réalisations très différentes. Un film de Jean Epstein, Le tempestaire (1947),
est un court métrage en noir et blanc, assez énigmatique, où une jeune fille
consulte un mage qui maîtrise les tempêtes. Une vidéo de Joan Jonas, Wind (1968),
où des artistes réalisent des performances, comiques ou tragiques, orchestrées
par le vent et la neige. Francis Alÿs, lui, tente d’entrer dans le tourbillon des
tornades au Mexique et transcrit cette démarche dans une vidéo datée de 2010. Perrine
Lacroix avec Winfried (2013) filme un voile blanc qui cache la tragique
aventure de Winfried Freudenberg, qui avait quitté la DDR en mars 1989,
quelques mois avant la chute du mur, avec un ballon artisanal et avait trouvé
la mort dans cette tentative de passer à l’Ouest. Enfin l’admirable réalisation
de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Histoire du vent, à l'occasion
du festival d'Avignon en 2010. D’un côté, apparaissent des scènes de théâtre
au palais des Papes, avec le vent en protagoniste qui sublime ou déstructure
les pièces, de l’autre des gens du théâtre qui parlent de cette expérience.
Pour finir, la première œuvre qui ouvre
l’exposition, une sorte de caisson de Massimo Bartolini, In a Landscape (2017)
qui comprend un orgue jouant les dix premières mesures de la célèbre pièce
musicale éponyme de John Cage. Sans oublier les installations minimales de Roni
Horne et Spencer Finch qui dialoguent avec l’œuvre d’Emily Dickinson. Le matériel
et l’immatériel s’épousent en des retrouvailles qualifiables d’inspirées, expirées
ou aspirées.
Christian Skimao
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire