Exposition
David Armstrong, Photographies
La
Tour, LUMA Arles
Du 5
juillet 2025 au printemps 2026
Dans
le cadre d’Arles Associé
Nan
Goldin, Syndrome de Stendhal
Eglise
Saint-Blaise, Arles
Du 7
juillet au 5 octobre 2025
Dans
le cadre des Rencontres d’Arles 2025
![]() |
Photo de Nan Goldin par David Armstrong |
Entre
histoire et histoires
Ces deux expositions fonctionnent
en miroir. En effet, en 2009, aux Rencontres d’Arles, Nan Goldin présentait le
travail de David Armstrong (1954-2024). Aujourd’hui,
une sélection de ses œuvres donne lieu à une grande exposition personnelle à la
LUMA. Les deux photographes se sont connus jeunes à Boston et ont cheminé
ensemble sur des voies à la fois proches et parallèles.
Armstrong est connu pour ses nombreux portraits
d’amis, d’amours et de relations diverses sur un fond urbain, souvent celui de
New York (ex. Cookie at Bleecker Street, New York City, 1977). Un
monde déglingué, pourtant porteur de promesses, où règne une sorte
d’insouciance avec un arrière-plan de désespérance. Parfois ses photographies
semblent, en apparence, assez traditionnelles, puis lors d’une lecture plus
attentive, deviennent plus troubles et moins consensuelles. Le grain de l’image,
l’éclairage et l’attention portée à ceux et celles qu’il photographie font
toute la différence. Ainsi nommera-t-on le talent. Avec l’explosion du sida, la
mort se dessine en creux dans les visages et introduit une notion de fin de
parcours, comme des stèles qui parsèment le cimetière de nos illusions perdues.
Des paysages qualifiables de vaporeux se trouvent aussi exposés (ex. Fountain
at Schönbrunn, 1992). David Armstong a toujours affiché son homosexualité,
dans sa vie et sur sa pellicule. A la vue actuelle de ce travail, joyeux et
crépusculaire à la fois, surgit une forte émotion liée à cette esthétique de la
mélancolie.
Nan Goldin présente un film intitulé Syndrome
de Stendhal, reprenant la théorie stendhalienne selon laquelle la vision de
certaines œuvres, prend une signification particulière pour un visiteur ou une
visiteuse de musée, pouvant conduire à des troubles psychosomatiques.
N’oublions pas que Stendhal s’inscrit dans une certaine flamboyance mystico-hédoniste
de type Romantique et conservons cependant la notion de trouble pour Goldin. Celle-ci
présente dans son diaporama des images de chefs-d’œuvre de la Renaissance, du
Classique et du Baroque, en provenance de grands musées comme le Louvre à Paris,
le Metropolitan Museum of Art de New York, la Galleria Borghese à Rome ou la
Gemäldegalerie de Berlin) en regard de ses proches et de ses amours. La
structure générale de l’oeuvre s’inspire des Métamorphoses d’Ovide
et ses ami(e)s se trouvent sous les traits de figures mythologiques (ex. Diane
au bain ou La Mort d’Orphée) avec la voix de l’artiste et une bande
sonore spécifique. Cette mise en équivalence fonctionne souvent mais n’apparaît
pas si évidente. Photographies et peintures se trouvent parfois en juxtaposition
plutôt qu’en transposition. La narration et la musique créent un lien possible entre
deux mondes mais la différence de temporalité demeure extrêmement forte. Pourtant
les musées ne demeurent-ils pas aussi troublants que certaines chambres
américaines ? Et nous revoilà partis avec Stendhal à Florence…
Christian
Skimao
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire