jeudi 24 juillet 2025

Expositions David Armstrong et Nan Goldin, Arles, 2025

 

Exposition David Armstrong, Photographies

La Tour, LUMA Arles

Du 5 juillet 2025 au printemps 2026

Dans le cadre d’Arles Associé

 

Nan Goldin, Syndrome de Stendhal

Eglise Saint-Blaise, Arles

Du 7 juillet au 5 octobre 2025

Dans le cadre des Rencontres d’Arles 2025

 

   

Photo de Nan Goldin par David Armstrong

 

                            Entre histoire et histoires

 

 

  Ces deux expositions fonctionnent en miroir. En effet, en 2009, aux Rencontres d’Arles, Nan Goldin présentait le travail de David Armstrong (1954-2024).  Aujourd’hui, une sélection de ses œuvres donne lieu à une grande exposition personnelle à la LUMA. Les deux photographes se sont connus jeunes à Boston et ont cheminé ensemble sur des voies à la fois proches et parallèles.

 

  Armstrong est connu pour ses nombreux portraits d’amis, d’amours et de relations diverses sur un fond urbain, souvent celui de New York (ex. Cookie at Bleecker Street, New York City, 1977). Un monde déglingué, pourtant porteur de promesses, où règne une sorte d’insouciance avec un arrière-plan de désespérance. Parfois ses photographies semblent, en apparence, assez traditionnelles, puis lors d’une lecture plus attentive, deviennent plus troubles et moins consensuelles. Le grain de l’image, l’éclairage et l’attention portée à ceux et celles qu’il photographie font toute la différence. Ainsi nommera-t-on le talent. Avec l’explosion du sida, la mort se dessine en creux dans les visages et introduit une notion de fin de parcours, comme des stèles qui parsèment le cimetière de nos illusions perdues. Des paysages qualifiables de vaporeux se trouvent aussi exposés (ex. Fountain at Schönbrunn, 1992). David Armstong a toujours affiché son homosexualité, dans sa vie et sur sa pellicule. A la vue actuelle de ce travail, joyeux et crépusculaire à la fois, surgit une forte émotion liée à cette esthétique de la mélancolie.

 

  Nan Goldin présente un film intitulé Syndrome de Stendhal, reprenant la théorie stendhalienne selon laquelle la vision de certaines œuvres, prend une signification particulière pour un visiteur ou une visiteuse de musée, pouvant conduire à des troubles psychosomatiques. N’oublions pas que Stendhal s’inscrit dans une certaine flamboyance mystico-hédoniste de type Romantique et conservons cependant la notion de trouble pour Goldin. Celle-ci présente dans son diaporama des images de chefs-d’œuvre de la Renaissance, du Classique et du Baroque, en provenance de grands musées comme le Louvre à Paris, le Metropolitan Museum of Art de New York, la Galleria Borghese à Rome ou la Gemäldegalerie de Berlin) en regard de ses proches et de ses amours. La structure générale de l’oeuvre s’inspire des Métamorphoses d’Ovide et ses ami(e)s se trouvent sous les traits de figures mythologiques (ex. Diane au bain ou La Mort d’Orphée) avec la voix de l’artiste et une bande sonore spécifique. Cette mise en équivalence fonctionne souvent mais n’apparaît pas si évidente. Photographies et peintures se trouvent parfois en juxtaposition plutôt qu’en transposition. La narration et la musique créent un lien possible entre deux mondes mais la différence de temporalité demeure extrêmement forte. Pourtant les musées ne demeurent-ils pas aussi troublants que certaines chambres américaines ? Et nous revoilà partis avec Stendhal à Florence…

 

                                                                                                                         Christian Skimao

 

                                                                                                                   

 

  .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire