lundi 28 juillet 2025

Rencontres d’Arles 2025 (1)

 

Rencontres d’Arles 2025

Dans divers lieux de la ville

Eté 2025

 

 

Stéphane Couturier, photographie de la série 1027 + 123, Rencontres d'Arles 2025
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                   Rencontres électives (partie 1)

 

  Débutons avec l’éclatante proposition de Stéphane Couturier à l’abbaye de Montmajour. Il mixe les images de la villa d’Eileen Gray à Roquebrune-Cap-Martin (réalisée avec Jean Badovici à la fin des années 1920) avec les peintures de Le Corbusier ainsi que du paysage environnant. Un petit rappel historique : ce dernier avait réalisé des peintures murales en 1938-39, sans en avoir demandé l’autorisation à Gray, pensant que son travail pictural pouvait se trouver imposé chez ses amis sans problèmes. Même si Eileen Gray avait quitté la villa E 1027 (numérotation d’après les initiales des lettres des 2 fondateurs) dès 1932, elle avait été fort choquée de la défiguration de son travail de designeuse et d’architecte. Aujourd’hui, Stéphane Couturier met en place un dispositif qui doit conduire à une osmose symbolique (1027 + 123 pour les initiales du Corbu) au travers de photographies extrêmement travaillées nommées par lui des « images augmentées ». La somptuosité du résultat jointe à une démarche résiliente, surtout après toutes ces années, subjugue le regard et ouvre de nouveaux horizons.

 

Collectif, affiche de La guerre de la langouste, Rencontres d'Arles 2025



  Autre problématique avec « La guerre de la langouste » qui n’aura pas lieu pour parodier la pièce de Giraudoux des années 1930 sur la guerre de Troie. Il s’agit ici d’une uchronie mise en récit par le critique d’art Jean-Yves Jouannais, l’artiste et enseignante Mabe Bethônico (travaillant sur le questionnement des archives et la création de fausses pièces), la scénographe Elisabeth Guyon et des étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie. Cette installation, collective, assez vaste, se tient d’ailleurs dans les locaux de l’ENSP à Arles et propose de mettre en scène au travers d’objets, de films, de photographies, une histoire extrêmement plaisante qui se serait déroulée dans les années 1961 et 63, entre la France et le Brésil à propos de cet animal comestible. Un véritable incident diplomatique a existé entre les deux pays, à propos des zones de pêche, et a été vite aplani juridiquement. On se laisse facilement happer par le réalisme des créations proposées et des discours élaborés dans ce grand but fictionnel (ex. changement de la couverture de l’édition de poche de Mythologies de Roland Barthes où la DS se trouverait remplacée par le crustacé). Saluons le caractère inventif et très amusant qui tranche avec le sérieux et la componction de certaines expositions. Sourire demeure le privilège des langoustes, fussent-elles en guerre.

 

Kourtney Roy, photographie  de la série La touriste, Rencontres d'Arles 2025

  Voyageons avec  « La touriste » de Kourtney Roy qui déconstruit les vacances de rêve. Sur fond de décor de carte postale, la vie de la touriste (américaine) ressemble plus à un véritable cauchemar qu’à un séjour apaisant. Le clinquant le dispute à l’inutile avec des photos aux couleurs éclatantes. Une courte vidéo montre l’envers de la vie d’une possible retraitée où tout s’écroule dès que fond le masque de beauté. Un humour noir qui demeure assez éprouvant.

 

                                                                                                                                                        Christian Skimao

 

 

 

 

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