mardi 2 décembre 2025

Exposition à Vincent: un conte d'hiver, Fondation Vincent Van Gogh, Arles, 2025-26

 

Exposition à Vincent : un conte d’hiver

Avec Harold Ancart, Jacopo Benassi, Martin Boyce, James Castle, Louise Chennevière, Gérard Collin-Thiébaut, Rineke Dijkstra, Simone Fattal, Gustave Fayet, Dominique Ferrat, Joseph Grigely, Nathanaëlle Herbelin, Isidore Isou, Ann Veronica Janssens, Hans Josephsohn, Anselm Kiefer, Mark Manders, Sylvain Prudhomme, Louise Sartor, Wolfgang Tillmans, Rico Weber & Vincent van Gogh.

Fondation Vincent Van Gogh, Arles

Du 30 novembre 2025 au 21 avril 2026

 

 

Mark Manders, Working Table, 2017. Exposition Arles 2025.

             Un brasier au cœur de l’hiver

 

 

  Fidèle à cette déclinaison de la vie de Van Gogh, l’exposition se concentre sur son arrivée à Arles, sous la neige, en février 1888 jusqu’à son départ de Saint-Rémy-de-Provence, 27 mois plus tard. Pour donner corps à cette période très créative, bien que fort difficile, deux écrivain (e) s interviennent au début et à la fin du livre catalogue (à l’ancienne, certaines pages n’étant pas massicotées), Sylvain Prudhomme et Louise Chennevière, qui possèdent le même statut que les artistes exposés.

 

  Ces derniers occupent divers champs de l’art contemporain avec des œuvres réalisées spécialement pour la circonstance ou non. Sur la façade de la Fondation, l’annonce de la monstration passe par un immense rébus de Gérard Collin-Thiébaut, reprenant le titre même de ce qui est montré. La petite salle à l’intérieur, occupée par une de ses installations, se trouve consacrée à ses activités de lettres copiées de Van Gogh ainsi que ses célèbres puzzles de tableaux. Des toiles de grande taille d’Harold Ancart nous accompagnent dans cette traversée épistolaire, évoquant une plongée dans une histoire de l’art sans cesse revisitée. Certaines semblent presque élégiaques tandis que d’autres frappent par leur puissante rigueur. Inattendus, les tableaux d’Isidore Isou (1925-2007), « pape du lettrisme », intitulés Commentaires sur Van Gogh. Retour de Dominique Ferrat, qui a beaucoup travaillé, mais à l’abri du monde pendant de longues années. De grands formats questionnent l’acte même de peindre où la pensée le dispute au « faire ». L’inachevé demeure un lieu expérimental empreint d’une grande sensibilité. Des photographies de grand format de Rineke Dijkstra, extraits de la série Beach Portraits, montre des adolescent (e) s sur la plage, avec une grande qualité visuelle où le réel devient presque irréel.

 

Harold Ancart, Green, 2025. Exposition Arles 2025.

   Trois bustes de femmes en laiton de Hans Josephsohn, dont les formes floutées proviennent d’une accumulation de touches, semblables, mais en volume, à celles de Tête de femme (1885) de Van Gogh. Les superbes œuvres de Mark Manders dont Working Table (2017) qui présente lui aussi quatre têtes de femmes qui semblent en argile alors qu’elles sont en réalité en bronze peint. Jacopo Benassi expose des volumes qui hésitent entre sculpture et peinture, sorte de « machineries » narratives, comme Anti Trojan Horse (2025), un charriot porte-tableaux évoquant une malle de Van Gogh. Enfin, les panneaux colorés de la grande Ann Veronica Janssens, Gaufrettes, séquence aléatoire (2025) jouent avec la lumière et avec notre passage devant eux, mettant en valeur les innombrables variations liées au temps qu’il fait et à celui qui passe.

 

  De nombreux dessins parsèment également le parcours, dont ceux d’un certain Anselm Kiefer, devenu la star que l’on sait. Dans sa jeunesse, en 1963, profitant d’une bourse, il va réaliser toute une série autour du maître hollandais, certains à Fourques (banlieue d’Arles). Pour nombre d’entre nous, une découverte importante qui se retrouvera, plus ou moins, dans son œuvre future. Des gouaches sur cartons récupérés de Louise Sartor font le lien avec des motifs floraux, entre éphémère et intemporel. Une grande émotion naît avec les aquarelles de Simone Fattal qui opte pour la suggestion et légèreté, traduisant ainsi le tragique de la vie et la grandeur de la création grâce à ses fleurs esquissées.

 

  Enfin, deux artistes historiques se trouvent également présents : Gustave Fayet (1865-1952), peintre de grand talent et important collectionneur, né à Béziers et qui a fortement contribué à l’aventure artistique de son temps ; James Castle (1899-1977), né à Garden Valley aux USA, qui a réalisé une vaste œuvre dessinée avec des intérieurs et des lieux de vie, créateur se trouvant totalement coupé du monde et du marché jusqu’en 1951, date de sa première exposition.

 

   Postalement vôtre…

 

                                                                                                                                                        Christian Skimao

 

 

 

 

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