mercredi 29 juin 2011

Exposition ALBERT OEHLEN



"C.C.", 2003, huile sur toile, 220 x 170 cm. Collection particulière. Courtesy Galerie Max Hetzler, Berlin

Exposition ALBERT OEHLEN
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 24 juin au 9 octobre 2011



Das wohltemperierte Clavier (sic)



Cette exposition monographique réunit trente-cinq œuvres de grand format. On connait bien Albert Oehlen sur la scène artistique internationale ainsi que dans l’art allemand actuel. Il a choisi pour Nîmes d'organiser avec Françoise Cohen une monstration, non pas chronologique, mais mettant en relation quatre types de travaux: peintures abstraites des années 1995, "Grey Paintings" (peintures grises) datées de 1998 à 2008, "Computer paintings" (compositions en noir et blanc) et une série de "Finger Malerei" (peintures aux doigts).

Le travail de l'artiste s'inscrit dans une recherche menée autour de la question même de la peinture. Ses références sont multiples allant d'une relecture de la peinture de Willem De Kooning à Gerhard Richter. Dans le cas des peintures grises on remarque à la fois la référence directe à cet artiste contemporain mais aussi l'inscription dans une histoire de l'art plus large, allant vers la peinture fantastique comme Füssli ou certains romantiques allemands. Dans son entretien avec Judicaël Lavrador il explique comment parvenir à ce gris foncé à partir d'une couleur rouge brossée de façon répétitive. De la répétition naît une action qui définit désormais un résultat, pas seulement citationnel mais expérimental.

Elève de Sigmar Polke et ami de Kippenberger, Oehlen navigue entre une pratique plastique où les couches se superposent et créent des entrelacs complexes tandis que l'occupation de la toile demeure une priorité. Recyclant certaines affiches il crée un espace ambigu de la citation et de l'expression (comme "FM 26" datée de 2008). Mais les références conceptuelles ne se trouvent jamais loin et son appartenance au mouvement de la "bad painting" repose plus sur une vision désormais historique qu'une continuité actuelle. Jonglant avec un hommage rendu à John Graham, un artiste américain assez méconnu mais familier de Jackson Pollock, Stuart Davies, Arshile Gorky, il donne une nouvelle image de ce dernier au travers de sa réactivation figurative dans certaines de ses toiles.

Toutes ses œuvres travaillent avec la notion de frontière. Souvent il use de références musicales actuelles pour définir son activité plastique ce qui demeure assez insolite, débouchant sur un univers complexe où dessin et le collage ont aussi leur place. Ces techniques mixtes relèvent d'une pensée hybride toujours en éveil et à l'affût d'une contemporanéité à construire, toujours et encore. Albert Oehlen se situe dans une abstraction décalée donc à redéfinir tandis que des figures apparaissent sournoisement. Le cloisonnement des genres s'estompe tandis qu'apparaît la nature même de l'œuvre d'art, insaisissable et toujours recommencée. Rien ne s'impose mais tout prend forme dans le flou d'images parfois nostalgiques.


Christian Skimao

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