vendredi 11 novembre 2011

Exposition "Daniel Dezeuze, Patrick Saytour, Claude Viallat"





Exposition "Daniel Dezeuze, Patrick Saytour, Claude Viallat
Espace d'exposition temporaire rive gauche
Site du Pont du Gard
Du 11 octobre 2011 au 13 mars 2012




Les trois mousquetaires




La présence d'un trio dynamique, Dezeuze, Saytour, Viallat, membres d'un groupe historique bien connu et entré depuis un moment dans l'Histoire, sous la houlette de Bernard Ceysson peut surprendre. En bien. Cette volonté de présenter ces trois artistes ensemble apparaît finalement comme extrêmement pertinente. S'il ne s'agit pas d'une première, l'importance de la manifestation offre pourtant des perspectives nouvelles liées aux connexités entre les trois approches.

En effet Daniel Dezeuze a opté pour une sélection de pièces allant du milieu des années 1970 jusqu'à de belles séries très actuelles; sa fidélité à la déstructuration de l'objet châssis trouve ici toute sa pertinence avec des variantes à la fois colorées et luttant au corps-à-corps avec l'espace. Claude Viallat a choisi ses toiles libres recouvertes de la fameuse forme sur une période de près de quarante ans. La mise en scène des œuvres repose sur ce mélange de rigueur chromatique et de liberté liée à la confection même du support. Dans les deux cas le parti pris réflexif, toujours fidèle à l'idéal de Supports-Surfaces se trouve débordé par le talent même de chacun des deux créateurs. Saytour a réalisé des séries spécifiques et récentes de véritables peintures, optant pour un format carré où les formes colorées se heurtent puissamment, séparées et soutenues par un fort cloisonnement. Le spectateur se trouve pris au piège de ses géométries qui se réfèrent à la fois au cadre et à la couleur, remplissant ainsi la fonction critique dans l'acte même de la réalisation.

L'ensemble fonctionne à merveille et les trois propositions plastiques semblent se répondre l'une l'autre dans le contexte de ce lieu très particulier. Plongeant dans les profondeurs du sol, la salle d'exposition dispose d'un éclairage tout à fait performant mais ne permet aucune dissipation du visiteur en raison de son enfouissement. La qualité du regard obtenue ainsi permet à la réflexion de se déployer pour englober le parti pris de recherche des trois artistes. On ne se trouve donc plus en présence de trois expositions juxtaposées mais de trois monstrations en dialogue qui n'en forment plus qu'une. Il y a là quelque chose d'extrêmement déroutant qui s'accomplit, comme une discussion reprise depuis des années et magnifiée par l'expérience de chacun des protagonistes. Un coup de jeune en quelque sorte car cette génération d'artistes a encore beaucoup à nous apprendre, surtout dans un monde où la pensée critique régresse devant la pensée –pesée serait le terme adéquat en un jubilatoire lapsus freudien– de la marchandise.


Christian Skimao

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