mercredi 28 décembre 2011

Exposition LES SUJETS DE L'ABSTRACTION Peinture non-figurative de la seconde Ecole de Paris (1946-1962)



Gérard Schneider (1896-1986)
Révolutions
1958, huile sur toile, 92 x 73 cm
Fondation Gandur pour l’Art
©ADAGP 2011 © Fondation Gandur pour l’Art, Genève / photographie Sandra Pointet


Exposition "Les sujets de l'abstraction"
Musée Fabre
39, boulevard Bonne Nouvelle à Montpellier
Du 8 décembre 2011 au 25 mars 2012




Le retour du refoulé


La présente exposition propose des œuvres acquises au fil des années par la Fondation Gandur de Genève. Cette rétrospective d'un mouvement artistique français connu sous l'appellation de Seconde Ecole de Paris (du milieu des années 1940 aux début des années 1960) permet à la fois de revenir sur une spécifié d'approche de l'abstraction au sens générique et sur l'éclipse subie par ce mouvement avec l'éclosion de l'Expressionnisme abstrait et de ce que l'on a parfois nommé l'Ecole de New York. Il faut cependant nuancer ce propos puisque s'y trouvent inclus des artistes étrangers à forte renommée internationale (Tàpies) mais aussi des français très reconnus en dehors du pays (Hartung et Soulages). Après la monstration au Musée Rath de Genève en 2011, le Musée Fabre sert à cette halte française de la collection suisse avant le retour des peintures dans leur futur lieu d'exposition genevois, le Musée d'art et d'histoire, agrandi et réaménagé. Eric de Chassey en assure le commissariat scientifique, Michel Hillaire le commissariat à Montpellier.

Le Musée Fabre a décidé de présenter le fonds Gandur en relation avec ses propres collections permanentes de la même époque – soit des œuvres de Pierre Soulages, des artistes de la Seconde Ecole de Paris et de la galerie Jean Fournier– ce qui permet de créer une synergie originale à cette occasion. Un parcours très didactique se décline en 9 périodes ou stations. La première, "Synthèses" avec les jeunes "peintres de tradition française" présents à l'exposition de 1941 à la galerie Braun soit Bazaine, Lapicque, Le Moal, Manessier, Singier qui représentent le courant "non figuratif" de leur époque. La seconde avec "Primitivismes comprenant Fautrier mais aussi Atlan et Karel Appel de CoBrA, ou encore Wols qui jouent avec l'héritage figuratif du surréalisme. En troisième vient "Constructions" dans les années 1950 avec Geer van Velde et Poliakoff qui travaillent l'espace même du tableau. Puis
la quatrième intitulée "Pierre Soulages" qui montre l'importance de sa contribution à l'abstraction tant nationale qu'internationale. La défense de son œuvre par James Johnson Sweeney, conservateur au MoMA de 1935 à 1946 puis au Guggenheim de New York de 1952 à 1960, le consacre comme l'unique peintre français abstrait retenu par les milieux picturaux américains. "Gestes" vient en cinquième avec Degottex et Hantaï et la mise en place d'un espace marqué par le gestuel. "Gérard Schneider et Hans Hartung", sous l'appellation éponyme viennent en sixième; ils présentent une approche puissante de l'abstraction lyrique. Avec "Georges Mathieu" en septième, on entre dans un univers marqué par la rapidité et la performance avec des peintures réalisées en direct; la mise en scène voulue par l'artiste casse les genres établis de l'époque. On peut penser que le travail de réhabilitation de Mathieu entreprit depuis quelques années profitera fortement du coup de pouce donné par la Fondation Gandur. En huitième "Paysages", dont la dénomination peut sembler trompeuse, offre une recherche subjective avec Vieira da Silva et Zao Wou-Ki. Enfin "Ruines" arrive en neuvième et dernière position ave Burri, Dubuffet, Scarpitta ou l'immense Antoni Tàpies.

On aura donc compris que cette exposition est une magnifique occasion pour réviser une période de l'histoire de l'art qui a eu tendance à se trouver minimisée par certains . La dénomination même du courant pictural – peut-on se cantonner à parler seulement d'abstraction lyrique ? – dépasse assez rapidement les frontières tant géographiques qu'esthétiques. On se trouve rapidement confronté à des générations différentes et des approches assez contradictoires. La pensée en action ne s'est pas laissée dominer par une géopolitique datée et restrictive.



Christian Skimao

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