jeudi 13 mars 2014

Expositions « Jean Azémard Œuvres 1968-1998 »



Expositions « Jean Azémard Œuvres 1968-1998 »                                                                                                                               
Frac Languedoc-Roussillon et Galerie AL/MA à Montpellier
Du 7 mars au 26 avril 2014 au Frac Languedoc-Roussillon
4, rue Rambaud
Du 7 mars au 3 mai 2014 à la galerie AL/MA
14, rue Aristide Ollivier

Jean Azémard, Sans titre, s.d., technique mixte. Photo François Lagarde.

                             Un béton à visage humain


  Le travail de Jean Azémard s’inscrit dans une démarche liée aux avancées artistiques de son époque mais avec une sensibilité qualifiable de singulière. S’il a été un compagnon de route de Supports-Surfaces, et nous utilisons cette formule à dessein, il n’en a pas moins continué à s’inscrire dans un rapport à un lieu avec une dimension très particulière  (sa « cabane » au bord de l’Étang de l’Or) qui irradie l’ensemble de son travail. Sa participation à cet événement très important se déroulant à Montpellier en mai 1970 intitulé 100 artistes dans la ville, organisé par ABC Productions qu’il crée en 1969 avec Tjeerd Alkema, Vincent Bioulès et Alain Clément, et qui mériterait pour son cinquantième anniversaire de se trouver « reproduit », le situe également dans la mouvance de cette dernière avant-garde française.

  La reprise de son travail en 1983 conduit à l’élaboration de volumes en béton mais ces derniers acquièrent une souplesse nouvelle avec l’emploi du moulage. Violemment torsadés, ils respirent une élégante fragilité, se trouvant mise à l’épreuve par l’utilisation de matériaux très fragiles comme des cartons ou des sangles. Enfin des pigments de couleurs établissent une nouvelle perception de l’ensemble. L’inscription de l’œuvre dans une référence très large au paysage que l’on retrouve dans ses nombreuses aquarelles permet de ponctuer une approche qui apparaîtrait sinon comme trop formaliste. C’est dans cet écart entre fidélité au génie du lieu et acceptation d’une modernité en train de se faire que se situe l’originalité de l’artiste. Il avance dans sa recherche tandis que bien d’autres reculent avec leur pratique, signifiant sa volonté de tordre le coup aux idées reçues comme il tord ses bétons.

  Les peintures sur des papiers déchirés continuent cette exploration des formes. Avec le recul lié au temps qui passe on saisit mieux la parenté profonde entre la vie et l’œuvre. C’est la notion de légèreté qui semble parcourir les diverses réalisations présentées. Finesse du trait et délicatesse du béton ne doivent pas faire oublier une force brute sise dans cette conception toute méditerranéenne de la nature et de ses éléments. Franc Ducros dans une analyse d’un travail poétique réalisé avec Azémard  et intitulé « Les taureaux de Jean Azémard » paru en 2008 dans les Actes du colloque Choses tues qui s’était déroulé à l’Université Paul Valéry de Montpellier en 2004 évoque la notion de faille : « elle apparaît, hésite un instant sur sa trajectoire, puis se lance et déploie un espace. » Merveilleuse perception d’une unité dynamique dans cette recherche polymorphe.

  Pour conclure saluons une fois encore cette double participation entre privé et public qui permet d’augmenter grandement la visibilité de l’œuvre de l’artiste, sans oublier l’engagement de Jean-Marc Andrieu, François Lagarde et Patrick Saytour dans cette aventure. Jean Azémard  disparu trop tôt en 1998 a certes bénéficié d’une exposition posthume dès1999 au Musée de Collioure. Néanmoins il reste à entreprendre dans les années qui viennent ce long travail de défense et d’illustration, parfois ingrat mais toujours passionnant, pour que ne s’estompe pas son œuvre.

                                                                                                                                 Christian Skimao







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