Expositions « Jean
Azémard Œuvres 1968-1998 »
Frac
Languedoc-Roussillon et Galerie AL/MA à Montpellier
Du 7 mars au
26 avril 2014 au Frac Languedoc-Roussillon
4, rue
Rambaud
Du 7 mars au
3 mai 2014 à la galerie AL/MA
14, rue
Aristide Ollivier
Le travail de Jean Azémard
s’inscrit dans une démarche liée aux avancées artistiques de son époque mais
avec une sensibilité qualifiable de singulière. S’il a été un compagnon de
route de Supports-Surfaces, et nous utilisons cette formule à dessein, il n’en
a pas moins continué à s’inscrire dans un rapport à un lieu avec une dimension
très particulière (sa
« cabane » au bord de l’Étang de l’Or) qui irradie l’ensemble de son
travail. Sa participation à cet événement très important se déroulant à Montpellier
en mai 1970 intitulé 100 artistes dans la
ville, organisé par ABC Productions
qu’il crée en 1969 avec Tjeerd Alkema, Vincent Bioulès et Alain Clément, et qui
mériterait pour son cinquantième anniversaire de se trouver
« reproduit », le situe également dans la mouvance de cette dernière avant-garde
française.
La reprise de son travail en 1983 conduit à
l’élaboration de volumes en béton mais ces derniers acquièrent une souplesse
nouvelle avec l’emploi du moulage. Violemment torsadés, ils respirent une élégante
fragilité, se trouvant mise à l’épreuve par l’utilisation de matériaux très
fragiles comme des cartons ou des sangles. Enfin des pigments de couleurs
établissent une nouvelle perception de l’ensemble. L’inscription de l’œuvre
dans une référence très large au paysage que l’on retrouve dans ses nombreuses
aquarelles permet de ponctuer une approche qui apparaîtrait sinon comme trop
formaliste. C’est dans cet écart entre fidélité au génie du lieu et acceptation
d’une modernité en train de se faire que se situe l’originalité de l’artiste.
Il avance dans sa recherche tandis que bien d’autres reculent avec leur
pratique, signifiant sa volonté de tordre le coup aux idées reçues comme il
tord ses bétons.
Les peintures sur des papiers déchirés
continuent cette exploration des formes. Avec le recul lié au temps qui passe
on saisit mieux la parenté profonde entre la vie et l’œuvre. C’est la notion de
légèreté qui semble parcourir les diverses réalisations présentées. Finesse du
trait et délicatesse du béton ne doivent pas faire oublier une force brute sise
dans cette conception toute méditerranéenne de la nature et de ses éléments. Franc
Ducros dans une analyse d’un travail poétique réalisé avec Azémard et intitulé « Les taureaux de Jean
Azémard » paru en 2008 dans les Actes du colloque Choses tues qui s’était déroulé à l’Université Paul Valéry de
Montpellier en 2004 évoque la notion de faille : « elle apparaît,
hésite un instant sur sa trajectoire, puis se lance et déploie un
espace. » Merveilleuse perception d’une unité dynamique dans cette recherche
polymorphe.
Pour conclure saluons une fois encore cette
double participation entre privé et public qui permet d’augmenter grandement la
visibilité de l’œuvre de l’artiste, sans oublier l’engagement de Jean-Marc
Andrieu, François Lagarde et Patrick Saytour dans cette aventure. Jean
Azémard disparu trop tôt en 1998 a certes
bénéficié d’une exposition posthume dès1999 au Musée de Collioure. Néanmoins il
reste à entreprendre dans les années qui viennent ce long travail de défense et
d’illustration, parfois ingrat mais toujours passionnant, pour que ne s’estompe
pas son œuvre.
Christian Skimao
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