Exposition « Van Gogh live ! »
Avec Vincent van Gogh, Elisabeth Peyton,
Raphael Hefti, Gary Hume, Bertrand Lavier, Camille Henrot, Bethan Huws,
Guillaume Bruère, Fritz Hauser.
Fondation Vincent van Gogh
35, rue du docteur Fanton, Arles
Du 7 avril au 31 août 2014
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Bertrand Lavier, portail Vincent, 2014, vue depuis la rue du Docteur Fanton (photographe: Hervé Hote) |
Van Gogh souverainement contemporain
La fondation Vincent van Gogh voulue par Luc Hoffmann et dont Maya
Hoffmann assure la présidence du conseil artistique s’inscrit dans la
continuité de l’association Van Gogh créée par Yolande Clergue en 1983. Cette
nouvelle institution se trouve dans l'hôtel Léautaud de
Donines au centre d’Arles, totalement réaménagé par les architectes Guillaume
Avenard et Hervé Schneider de l'agence Fluor. Elle se trouve à la fois
dépositaire du fonds pictural et a pour charge de continuer l’exploration artistique
contemporaine au travers des diverses thématiques du maître hollandais.
Les expositions temporaires se décomposent en deux parties. La première intitulée
« Couleurs du Nord, couleurs du Sud » a pour commissaire Sjraar van
Heugten et propose une lecture d’œuvres de Van Gogh à la lumière d’autres
artistes de son temps. Une exposition de type classique qui s’inscrit dans une
mise en scène de bonne qualité en fonction des critères muséaux. La seconde
partie se trouve assurée par Bice Curiger (directrice artistique du lieu) et
propose une sélection internationale d’artistes d’aujourd’hui.
D’emblée la proposition de Bertrand Lavier séduit par sa pertinence. Il occupe
le portail d’entrée et reprend la signature de Van Gogh en un immense « Vincent »
qui se scinde en deux. Utilisant la fameuse touche picturale en recouvrement total,
il impose à la fois l’idée de peinture et sa correspondance conceptuelle. Lavier
évoque à son sujet la notion de tag et de culture populaire. Une seconde œuvre pérenne
de Raphael Hefti (« La Maison violette bleue verte jaune orange rouge »)
composée de plaques de verre multicolores spécialement réalisées pour l’occasion
prend place sur le toit de la verrière. Le fonctionnement général de l’œuvre joue
avec les effets lumineux et leur projection à l’étage inférieur.
L’installation de Thomas Hirschhorn intitulée « Indoor Van Gogh
Altar » retient également l’attention par sa taille. Dans le cadre d’un
grandiose fouillis où la circulation s’avère volontairement difficile pour le
spectateur, toutes les facettes de Van Gogh se trouvent évoquées, analysées et
comme décapées. Le questionnement demeure le point central de son travail lié à
la notion d’énergie. Pourtant l’humour n’est jamais loin comme en témoignent
les nombreuses chaussures en caoutchouc noir faisant allusion à la toile du
maître « Les souliers » et à ses nombreux commentateurs dont Heidegger
et Derrida. Les références à Beuys et au Merzbau se bousculent ainsi que les
liens entretenus entre la notion de fan compulsif et notre contemporanéité
souvent anxiogène. En contrepoint Camille Henrot présente une œuvre minimale et
calme où triomphe l’art japonais de l’ikebana. Épurée comme il se doit ses
vases composent une installation questionnante mais tournée vers l’intérieur. Avec
Bethan Huws une série de bateaux de petits formats stationnent dans des vitrines.
Réalisés en jonc ils jouent avec des références locales dans le cas présent tout
en nous emmenant vers quelque rêverie plus vaste. Sa vidéo « Zone » explore
au travers des oiseaux des narrations plus symboliques encore.
La peinture ne se trouve pas oubliée avec les portraits d’Elisabeth
Peyton et surtout les dessins de Guillaume Bruère. Son travail consiste à
sélectionner des œuvres très connues et à en redonner une vision personnelle et
actuelle. On évoque à son sujet une ligne « brisée », le résultat d’une
transe. Au travers d’une œuvre majeure de Van Gogh présente au musée de Zürich,
un « Autoportrait à l’oreille bandée », l’artiste a réalisé quelques
douzaines de dessins en 2012. Le côté « jeté » de ses réalisations mélangeant
brisures et ruptures donne une dimension performative à sa pratique. En 2013 il
a travaillé en « live » au portrait d’une « Arlésienne » en
chair et en os, mélangeant les niveaux de perception entre sujet de l’histoire
de l’art et sujet de l’histoire quotidienne. Sans oublier les discrètes
interventions de Gary Hume qui jouent avec les couleurs et les représentations
de la nature. Et les hachures musicales de Fritz Hauser.
Une dichotomie dynamisante entre des œuvres méditatives et des œuvres plus
palpitantes semble prendre corps. On glisse au travers des œuvres en essayant
de saisir les liens ténus entre l’Absent et les innombrables présents. Si les
confrontations laissent parfois perplexes, le questionnement demeure
permanent.
Christian Skimao
Christian Skimao
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