Exposition « Dessins" de Daniel Dezeuze
Frac Languedoc-Roussillon
Frac Languedoc-Roussillon
4, rue Rambaud à Montpellier
Du 8 octobre au 5 décembre 2015
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Daniel
Dezeuze, Forteresse assiégée, 1986,
craies de couleur, 70 x 110 cm. Collection particulière, Paris. © Adagp, Paris
2015
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Un dessin philosophe
Les
dessins de Daniel Dezeuze prennent place dans une approche très particulière de
sa réflexion. Si la virtuosité est présente et ô combien, elle ne réside pas
dans l’essentiel de son approche. L’artiste utilise le dessin pour questionner
et déchiffrer le monde, poser les questions essentielles liées à l’art et à la
vie, philosopher pour tout dire et souvent avec une malice réjouissante.
L’exposition, qualifiable de
mini-rétrospective, englobe des œuvres des débuts (années 1960) jusqu’à
aujourd’hui, comprenant des travaux de la période des armes, des papillons, des
plantes mais aussi d’une série chinoise fort matissienne. Au gré des voyages
(Canada, Mexique, Chine, etc.) l’artiste a recueilli des images mais aussi des
impressions, passées au filtre de la réflexion et des savoirs maîtrisés. Des pyrogravures et des travaux sur tablettes
d’argile se trouvent dans une vitrine qui accueille le visiteur. Emmanuel
Latreille, directeur du Frac L-R en a réalisé l’accrochage avec intelligence et
clarté. L’énigmatique désir du spectateur permet une fois encore de questionner
─ ce terme m’apparaît ici incontournable ─ l’obscure puissance du dessin. Car
rien ne se donne à qui ne veut voir.
En revenant sur une thématique chère à Daniel
Dezeuze, celle des gnostiques (« où les tendances universelles de la pensée trouvent leur dénominateur commun
autour de la notion de connaissance »), nous comprenons mieux certaines recherches
en cours. Cependant le dessin permet à la fois d’accompagner la pensée mais
aussi d’œuvrer en parenté avec les volumes. Ainsi pour la série des
« Armes » où des dessins issus d’un Moyen Âge qualifiable de conceptuel
(Forteresse assiégée de 1986)
répondent à de fausses armes de poing et de jet. L’apparence des choses se
dérobe pour aboutir à une vérité elle-même cachée.
La sœur maligne de la
philosophie demeure la poésie. Choix antinomique pour d’aucuns, elle apparaît
complémentaire pour l’artiste. Il la pratique aussi et elle constitue sa
troisième approche. On parlera dès lors d’une écriture qui arpente les sentiers
escarpés de cette quête. L’artiste a toujours opté pour une salutaire exigence
de ses réalisations, optant pour une rareté qui entre en totale contradiction
avec la surproduction actuelle du marché. Une sélection de Pavillons se trouve également exposée à la galerie AL/MA à
Montpellier dans le cadre de la monstration collective 2D/3D.
Artiste rare, Daniel Dezeuze
aime les chemins de traverse. Il se méfie des autoroutes communicatives et des
émotions de pacotille. Une joie certaine irradie de ces dessins envoûtants. La
puissance d’un rire cultivé bouleverse ainsi nos visions trop corsetées.
Christian Skimao
Christian Skimao
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