Exposition David Hockney « L’Arrivée
du printemps » et Raphael Hefti « On Core / Encore »
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton,
Arles
Du 11 octobre 2015 au 10 janvier 2016
Nature et industrie cherchent la lumière
Nature et industrie cherchent la lumière
Double exposition avec David
Hockney d’une part, Raphael Hefti d’autre part.
Il existe bien des liens entre eux qui ne se voient pas tout de suite
mais qui optent pour une singulière complémentarité.
Deux techniques différentes ont été utilisées par Hockney, soit 12
dessins réalisés sur iPad et reproduits en 10 exemplaires numérotés et 25
dessins exécutés au fusain. La série des « peintures » (le terme
demeure impropre en raison de la remise en cause du caractère unique de ces
réalisations) qui se trouve chacune reproduite à 10 exemplaires numérotés, se
compose de quatre feuilles de papier imprimées, montées sur quatre panneaux en
Dibond. Des couleurs très vives font exploser cette vision qui pourtant reste
fidèle au travail sur le motif. Il existe néanmoins une perception qualifiable
de « flashy » qui irradie de ses œuvres, obligeant le spectateur à un
questionnement permanent. On voit le rapport entre une utilisation de la
tablette numérique et une activité traditionnelle en noir et blanc. Le paysage,
genre essentiel de la peinture anglaise depuis la fin du 18ème siècle
trouve dans ce contrepoint surprenant une nouvelle vitalité. Le Yorkshire,
source d’inspiration oscille donc entre deux perceptions. Si Hockney a déjà
travaillé auparavant avec le Polaroïd et a déjà utilisé l’iPhone pour des
recherches picturales, force est de constater que les références établies
changent et contribuent à l’élaboration d’une nouvelle grammaire visuelle.
J’oserais un parallèle amusant pour caractériser cette approche coloriste :
la côte ouest des États-Unis (avec Los Angeles) face au film de Greenaway, The
Draughtsman's Contract).
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Raphael Hefti, La Maison violette bleue verte jaune orange rouge, 2014 Photographie Hervé Hôte |
Avec Raphael Hefti nous entrons dans un espace industriel dont la poésie
sous-jacente n’est jamais bien loin. Au deuxième étage de la Fondation se
trouve présentée une sélection de ses réalisations protéiformes. L’installation
intitulée Various threaded poles of
determinate length potentially altering their determinacy (2015) montre des
structures tubulaires en acier, cuivre, titanium et aluminium qui chauffées excessivement de façon aléatoire
ou intentionnelle laissent apparaître une esthétique nouvelle. Ces longues
tiges deviennent souples et finissent par occuper l’espace comme des lianes
industrielles. Dans le même ordre d’idées, deux vidéos Live Metals provenant de « Statements » d’Art Basel 2015
montrent la rapide et fascinante découpe du métal avec des machines ultra-performantes.
Avec Lycopodium, nous passons à la
photographie mais de façon très particulière puisque Raphael Hefti saupoudre
des papiers photos de spores avant de les enflammer au briquet. Opération
démiurgique et risquée dont le résultat monumental et époustouflant questionne
paradoxalement la sensibilité picturale. Substraction
as Addition (2012) se compose de pièces en verre multicouche Luxar. Elles
vivent en fonction de la lumière et changent avec elles. Une sorte de référence
indirecte au rayonnement des toiles de Rothko et qui nous conduit à l’œuvre
pérenne de l’artiste, installée sur le toit de l’institution, La Maison violette bleue verte jaune orange
rouge. Fabriquée à partir de verres dichroïques, elle rayonne à la fois sur
l’extérieur et l’intérieur tout en se référant à Van Gogh. L’artiste se situe
où on ne l’attend pas. Il entre par effraction dans le monde industriel et le
subvertit par un changement des codes et des structures. Il obtient un effet
visuel en déplaçant la frontière entre objectivité et subjectivité, rationalité
et poésie. L’effet Hefti, sans aucun doute...
Christian Skimao
Christian Skimao
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