mardi 13 octobre 2015

Expositions David Hockney et Raphael Hefti Fondation Vincent van Gogh Arles

Exposition David Hockney «  L’Arrivée du printemps » et Raphael Hefti « On Core / Encore »
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton, Arles
Du 11 octobre 2015 au  10 janvier 2016



Nature et industrie cherchent la lumière



  Double exposition avec David Hockney d’une part, Raphael Hefti d’autre part.  Il existe bien des liens entre eux qui ne se voient pas tout de suite mais qui optent pour une singulière complémentarité.

David Hockney, « L’Arrivée du printemps à Woldgate, Est du Yorkshire en 2011 (deux mille onze) – 18 décembre » Premier exemplaire sur un tirage de 10 Dessin sur iPad imprimé sur quatre feuilles de papier (118,1 x 88,9 cm chacune), montées sur quatre panneaux Dibond® 236,20 x 177,80 cm Avec l’aide de la collection de la Fondation David Hockney Photographe : Richard Schmidt


  Deux techniques différentes ont été utilisées par Hockney, soit 12 dessins réalisés sur iPad et reproduits en 10 exemplaires numérotés et 25 dessins exécutés au fusain. La série des « peintures » (le terme demeure impropre en raison de la remise en cause du caractère unique de ces réalisations) qui se trouve chacune reproduite à 10 exemplaires numérotés, se compose de quatre feuilles de papier imprimées, montées sur quatre panneaux en Dibond. Des couleurs très vives font exploser cette vision qui pourtant reste fidèle au travail sur le motif. Il existe néanmoins une perception qualifiable de « flashy » qui irradie de ses œuvres, obligeant le spectateur à un questionnement permanent. On voit le rapport entre une utilisation de la tablette numérique et une activité traditionnelle en noir et blanc. Le paysage, genre essentiel de la peinture anglaise depuis la fin du 18ème siècle trouve dans ce contrepoint surprenant une nouvelle vitalité. Le Yorkshire, source d’inspiration oscille donc entre deux perceptions. Si Hockney a déjà travaillé auparavant avec le Polaroïd et a déjà utilisé l’iPhone pour des recherches picturales, force est de constater que les références établies changent et contribuent à l’élaboration d’une nouvelle grammaire visuelle. J’oserais un parallèle amusant pour caractériser cette approche coloriste : la côte ouest des États-Unis (avec Los Angeles) face au film de Greenaway, The Draughtsman's Contract).


Raphael Hefti, La Maison violette bleue verte jaune orange rouge, 2014
Photographie Hervé Hôte


  Avec Raphael Hefti nous entrons dans un espace industriel dont la poésie sous-jacente n’est jamais bien loin. Au deuxième étage de la Fondation se trouve présentée une sélection de ses réalisations protéiformes. L’installation intitulée Various threaded poles of determinate length potentially altering their determinacy (2015) montre des structures tubulaires en acier, cuivre, titanium et aluminium qui chauffées excessivement de façon aléatoire ou intentionnelle laissent apparaître une esthétique nouvelle. Ces longues tiges deviennent souples et finissent par occuper l’espace comme des lianes industrielles. Dans le même ordre d’idées, deux vidéos Live Metals provenant de « Statements » d’Art Basel 2015 montrent la rapide et fascinante découpe du métal avec des machines ultra-performantes. Avec Lycopodium, nous passons à la photographie mais de façon très particulière puisque Raphael Hefti saupoudre des papiers photos de spores avant de les enflammer au briquet. Opération démiurgique et risquée dont le résultat monumental et époustouflant questionne paradoxalement la sensibilité picturale. Substraction as Addition (2012) se compose de pièces en verre multicouche Luxar. Elles vivent en fonction de la lumière et changent avec elles. Une sorte de référence indirecte au rayonnement des toiles de Rothko et qui nous conduit à l’œuvre pérenne de l’artiste, installée sur le toit de l’institution, La Maison violette bleue verte jaune orange rouge. Fabriquée à partir de verres dichroïques, elle rayonne à la fois sur l’extérieur et l’intérieur tout en se référant à Van Gogh. L’artiste se situe où on ne l’attend pas. Il entre par effraction dans le monde industriel et le subvertit par un changement des codes et des structures. Il obtient un effet visuel en déplaçant la frontière entre objectivité et subjectivité, rationalité et poésie. L’effet Hefti, sans aucun doute...
                                                                                                                               Christian Skimao

     

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