mardi 19 avril 2016

Ugo Rondinone "Becoming Soil"

Exposition Ugo Rondinone
« Becoming Soil »
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 15 avril au 18 septembre 2016




© Ugo Rondinone  "N° 559 dreissigsternovemberzweitausendundacht", 2008, acrylique sur toile, plaque de plexiglass, 430 x 320 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Eva Presenhuber, Zürich



Les cycles de Dame nature

  Avec cette importante exposition autour d’un retour à notre terre, Ugo Rondinone explore une approche à la fois romantique et philosophique de cette thématique. Bien sûr la traduction du titre de l’exposition « Becoming Soil » nous entraîne vers une vision cyclique des choses où rien ne se crée mais où tout se transforme, ce qui donne une paradoxale situation pour un créateur dont l’activité ne connaît pas de relâche. La terre se trouve d’ailleurs présente dès l’entrée, dans sa matérialité même mais aussi dans sa représentation symbolique.
  Optant pour une déclinaison au travers des trois éléments (air, terre et eau) au travers d’animaux en bronze disséminés au sol dans trois salles, il propose des oiseaux (« Primitiv »), des chevaux (« Primal ») et des poissons (« Primordial ») en bronze. Ces référents animaux se conjuguent avec des toiles de ciels étoilés, des dessins de paysages et des fragments de ciel au caractère assez pop. La référence au temps qui passe se trouve symbolisée par diverses horloges dont la lumière qui sourd à l’arrière offre une échappée vers une autre réalité. Comme le dit l’artiste, il manque le feu à la nomenclature grecque d’Empédocle mais un animal réel lié à cet élément pose un problème de crédibilité, à moins de glisser vers les légendes.
 Ugo Rondinone en ayant transformé l’ensemble de l’étage de Carré d’art offre des perspectives nouvelles au spectateur qui traverse les œuvres mais se trouve aussi traversé par elles. Cette promenade cultivée fonctionne sur un abandon et une grande sensibilité. Il n’y a pas lieu de rechercher des références trop lointaines aux œuvres mais plutôt de ressentir l’ensemble de son installation. Dans un deuxième temps une analyse plus poussée montre un ensemble de références tant littéraires (Nerval, Novalis) que picturales (Caspar David Friedrich) qui enrichissent l’approche générale de la monstration.
  En revenant sur le titre des peintures présentées, elles optent pour un cartel indiquant la date en lettres capitales tout attachées (en allemand). Ces inscriptions construisent de petites séries prospectives. Le temps et l’espace lui permettent d’inscrire l’individu dans une représentation globale où la compréhension du réel nécessite une grande humilité. Ainsi sa mise en relation du microcosme et du macrocosme joue avec la perturbation des codes établis et des approches superficielles. On pourrait enfin évoquer une sorte de compost intellectuel permettant l’éclosion d’une nouvelle perception où la construction d’un imaginaire dérive lentement vers des continents nouveaux, toujours en attente d’un évènement immémorial.

                                                                                                               Christian Skimao



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