Exposition
Ugo Rondinone
« Becoming
Soil »
Carré
d’art-Musée d’art contemporain
Place
de la Maison Carrée, Nîmes
Du
15 avril au 18 septembre 2016
© Ugo Rondinone "N° 559 dreissigsternovemberzweitausendundacht", 2008, acrylique sur toile, plaque de plexiglass, 430 x 320 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Eva Presenhuber, Zürich |
Les
cycles de Dame nature
Avec cette importante exposition autour d’un
retour à notre terre, Ugo Rondinone explore une approche à la fois romantique et
philosophique de cette thématique. Bien sûr la traduction du titre de
l’exposition « Becoming Soil » nous entraîne vers une vision cyclique
des choses où rien ne se crée mais où tout se transforme, ce qui donne une
paradoxale situation pour un créateur dont l’activité ne connaît pas de
relâche. La terre se trouve d’ailleurs présente dès l’entrée, dans sa
matérialité même mais aussi dans sa représentation symbolique.
Optant pour une déclinaison au travers des
trois éléments (air, terre et eau) au travers d’animaux en bronze disséminés au
sol dans trois salles, il propose des oiseaux (« Primitiv »), des
chevaux (« Primal ») et des poissons (« Primordial ») en
bronze. Ces référents animaux se conjuguent avec des toiles de ciels étoilés,
des dessins de paysages et des fragments de ciel au caractère assez pop. La
référence au temps qui passe se trouve symbolisée par diverses horloges dont la
lumière qui sourd à l’arrière offre une échappée vers une autre réalité. Comme
le dit l’artiste, il manque le feu à la nomenclature grecque d’Empédocle mais
un animal réel lié à cet élément pose un problème de crédibilité, à moins de
glisser vers les légendes.
Ugo Rondinone en ayant transformé l’ensemble
de l’étage de Carré d’art offre des perspectives nouvelles au spectateur qui
traverse les œuvres mais se trouve aussi traversé par elles. Cette promenade
cultivée fonctionne sur un abandon et une grande sensibilité. Il n’y a pas lieu
de rechercher des références trop lointaines aux œuvres mais plutôt de
ressentir l’ensemble de son installation. Dans un deuxième temps une analyse
plus poussée montre un ensemble de références tant littéraires (Nerval, Novalis)
que picturales (Caspar David Friedrich) qui enrichissent l’approche générale de
la monstration.
En revenant sur le titre des peintures
présentées, elles optent pour un cartel indiquant la date en lettres capitales
tout attachées (en allemand). Ces inscriptions construisent de petites séries
prospectives. Le temps et l’espace lui permettent d’inscrire l’individu dans
une représentation globale où la compréhension du réel nécessite une grande
humilité. Ainsi sa mise en relation du microcosme et du macrocosme joue avec la
perturbation des codes établis et des approches superficielles. On pourrait enfin
évoquer une sorte de compost intellectuel permettant l’éclosion d’une nouvelle
perception où la construction d’un imaginaire dérive lentement vers des
continents nouveaux, toujours en attente d’un évènement immémorial.
Christian Skimao
Christian Skimao
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