dimanche 15 mai 2016

Expositions Glenn Brown « Suffer Well » et « Van Gogh en Provence : la tradition revisitée » Fondation Van Gogh à Arles


Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton, Arles

Du 14 mai 2015 au  11 septembre 2016

                        Torsions de l’âme


  Coup double, comme souvent, à la Fondation arlésienne avec une grande exposition d’œuvres de Glenn Brown et une riche sélection de peintures de Van Gogh. Une possibilité de mettre en relation directe la pensée plastique du 19ème siècle et les problématiques artistiques du 21ème siècle.

Glenn BROWN "Misogyny" 2006 Huile sur bois, 159 x 122.5 cm
Douglas B. Andrews Collection
Photo : Mike Bruce



 Glenn Brown donne le tournis avec ses œuvres qui interrogent l’intérieur et l’extérieur des êtres. Sa démarche est à fois évidente et éminemment complexe. De là provient ce tourbillon pictural qui emporte le spectateur dans une dimension autre. Faire revenir à la surface la partie musculaire du modèle oblige à découvrir ce qui devrait se trouver caché ; il existe donc une dimension exploratoire relevant aussi d’une volonté de s’inscrire dans l’histoire de l’art. Comme le montre sa peinture « Misogyny » de 2006 qui s’inspire d’un croquis de Van Gogh, « Torse de Vénus » datant de 1886. La réflexion existant sur les coups de pinceau prend ainsi place dans une réflexion sur les techniques d’autrefois, leur approche novatrice pour l’époque et leur réinterprétation actuelle. Glenn Brown réalise aussi d’étranges sculptures tourmentées qui se réfèrent également au maître hollandais. Ainsi « Flowers of Arles » de 2016 se compose d’un support en fibre de verre sur acier recouvert de peinture à l’huile. La dimension onirique le dispute ainsi aux références intellectuelles. Les émotions viennent en force et acquièrent une dimension physique. La couleur violente se retrouve dans la violence buissonnière du matériau. Si ces fleurs ont à voir avec la cruauté elles aiguisent notre regard qui découvre ainsi des circulations inattendues. Peut-on qualifier son approche de postmoderne ? Pas véritablement au sens où l’entendait historiquement Jean-François Lyotard. Il s’agit ici d’une singularité en actes qui utilise le passé pour opérer un vif retournement. Avec ou sans détournement.


Vincent van GOGH "Vieille arlésienne" 1888 Huile sur toile, 58 x 42 cm
Van Gogh Museum, Amsterdam
(Vincent van Gogh Foundation)


La présence de 31 toiles de Van Gogh représente un évènement de taille. L’importance de cet artiste devenu une icône ne doit pas faire oublier la difficulté de ses recherches, l’épanouissement de son talent et le peu de reconnaissance de son vivant. Le parcours voulu par Sjraar van Heugten commence avec des œuvres représentant les gens du peuple, continue avec ses autoportraits et ses natures mortes, montre ensuite sa représentation de la Provence et termine avec le thème du blé et ses infinies variations. S’il n’est guère aisé d’écrire sur cet artiste sans enfoncer des portes ouvertes ou de reprendre ce qui a déjà été rédigé auparavant, il existe toujours la possibilité d’admirer en silence. Puis d’établir des liaisons entre les artistes admirés par Van Gogh (comme Jean-François Millet) et sa relecture moderne du monde. L’astre noir n’a pas fini d’éclairer notre vision.
                                                                                                                                 Christian Skimao






Aucun commentaire: