mardi 7 février 2017

Exposition François Rouan Musée Fabre Montpellier 2017

Exposition François Rouan
« Tressages 1966-2016 »
Musée Fabre
39, boulevard Bonne Nouvelle à Montpellier
Du 4 février au 30 avril 2017

  

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  Cette première rétrospective de François Rouan au Musée Fabre à Montpellier, sa ville natale, a toute la force et l’élégance d’un tressage visuel et didactique. Une soixantaine d’œuvres classées en 5 périodes permettent une approche historique de son travail : la première intitulée « 1966-1976 : Trames » montre les débuts du tressage et l’importance des recherches dans le contexte d’une époque marquée par les débats sur la forme ; la seconde « 1976-1986 : Combinatoires » évoque la période romaine de l’artiste, très luxuriante jusqu’au choc personnel de 1982 qui le ramène au noir et blanc ; la troisième « 1986-1996 : Empreintes » fait glisser vers une notion nouvelle qui met en scène l’Histoire dans sa grandeur, mais aussi son horreur (nous y reviendrons par la suite) ; la quatrième « 1966-2006 : Paysages » renoue avec une subtile approche de la figuration et de l’abstraction ; enfin la cinquième « 2006-2016 : Retour-Avant » propose une réactualisation de certains de ses tableaux en un questionnement étourdissant.

 L’approche de François Rouan est à la fois théorique et pratique. Elle repose sur une grande connaissance de la peinture ancienne et actuelle. Loin de s’inscrire dans un art contemporain dont il déteste l’idée restrictive puisque tout art de son époque est contemporain, il met en place une technique liée au tressage qui le situe dans une recherche permanente. L’importance de la peinture se trouve confrontée à une lecture nouvelle qui joue avec une profondeur nouvelle. Le regard posé sur les choses change de nature par cette « difficulté » à les saisir d’emblée. Nous ne sommes ni dans une relecture ni dans une simple réappropriation des codes du passé, mais dans un univers spécifique à l’artiste qui joue avec les possibles. Cet espace du regard entre fond et forme nous offre une magnifique ouverture qui multiplie les points de vue.

  Si la série des « Cassoni » (coffrets) décline la magnificence des couvercles de coffres de mariage florentins et siennois du 15ème siècle, une autre série, beaucoup plus sombre, nommée « Stücke » (« morceaux ») emprunte, pour en montrer toute l’inhumanité, la terminologie nazie qui désignait ainsi les détenus promis à l’extermination dans les camps. La rencontre entre l’espace politique et l’espace pictural trouve sa pleine justification, et dans l’approche de ce sujet délicat, et dans le souvenir de l’artiste. Une réalité pleine qui ne se commet dans aucune complaisance et nous entraîne dans cette vision à la fois esthétique et éthique.

  Tresser, c’est entrelacer. Des lés de peinture, des fragments d’histoire, des éclats photographiques, des pensées, des impressions, sans oublier Masson, Matisse, Picasso, etc. composent ce « génie du lieu » du tressage. François Rouan demeure un artiste labyrinthique avec une œuvre en constante mutation.
                                                                               Christian Skimao



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