mardi 7 mars 2017

Exposition Alice Neel Fondation Vincent van Gogh Arles

Expositions « Alice Neel : peintre de la vie moderne »
Et Vincent van Gogh dans la collection Bührle
Plus deux sculptures de Rebecca Warren
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton, Arles


Du 4 mars au 17 septembre 2017

Andy Warhol  1970
Huile et acrylique sur toile de lin, 152,4 x 101,6 cm
Whitney Museum of American Art, New York
Crédit photo : Whitney Museum of American Art, New York 



En marge des courants dominants


  Alice Neel, artiste très connue aux Etats-Unis, l’est beaucoup moins en Europe. Pourtant, cette artiste, née en 1900 à Gladwyne en Pennsylvanie, gagne à le devenir en raison de son travail qui n’emprunte pas les chemins faciles de la mode de son époque, mais s’inscrit dans une grande rigueur personnelle au niveau de son esthétique. En effet lorsque l’abstraction devient une norme dans le monde de l’art, elle continue à privilégier le figuratif, principalement au travers du portrait, tout en suivant les débats théoriques propres à l’époque. Dotée d’une forte personnalité, elle s’engage politiquement du côté du parti communiste américain et réalise des peintures des gens du peuple présents à Greenwich Village puis à Spanish Harlem.  À partir de 1960, elle s’installe dans l’Upper West Side et va commencer à réaliser des portraits de conservateurs de musée, critiques ou artistes. Celui d’Andy Warhol, au titre éponyme, réalisé en 1970, semble représentatif de son approche picturale. Le pape du Pop se trouve assis dans un décor inachevé, dans une pose de souffrance, montrant les cicatrices liées à la tentative d’assassinat de Valerie Solanas dont il a été victime en 1968. Neel ne cache rien, montrant le corset de Warhol, travaillant sa peinture avec des reflets sous-jacents de couleur, héritage de Van Gogh et de l’expressionnisme, tout en renouant avec certains aspects de la grande peinture. Ce mélange détonant entre narration plastique et trivialité peinte caractérise son talent. La peinture demeure un art incandescent qui transfigure ses modèles tout en les plaçant dans l’humble position de l’être humain.

  Elle a connu de nombreux déboires en raison de ses choix esthétiques, du fait d’être une femme, de sa position de féministe, de son engagement auprès des gens pauvres et de ses choix politiques. Peintre déterminée, elle a fait face à un dénuement certain, travaillant avec les modèles qui se trouvaient à sa portée (voisins, amants, enfants, famille, etc.) tout en faisant face à des problèmes physiques. L’exposition d’Arles propose un parcours chronologique inversé, présentant en premier les portraits de gens célèbres (Gerard Malanga, Michel Auder, Meyer Schapiro, pour ne citer qu’eux) avant de revenir à ses débuts avec des toiles sombres comme celle de José en 1936. La forte présence de femmes enceintes l’inscrit aussi dans une volonté de mettre en avant le regard d’une femme sur les femmes. Sa révolte permanente, Alice Neel l’a mise au service de son art, essayant de se trouver exposée de façon équivalente à d’autres artistes, sans jamais y parvenir vraiment. Trop tôt semble-t-il, trop tard pour elle. Si elle a participé aux nombreuses explorations politiques et poétiques de son temps, le jugement de l’histoire lui est devenu favorable. Admirablement servie par Jeremy Lewison, commissaire d’exposition, cette tournée sur le Vieux continent replace l’artiste dans une histoire de l’art où elle a retrouvé sa vraie place.
                                                           Christian Skimao



  Avec cette monstration se trouvent exposées en parallèle huit toiles de Van Gogh dont six proviennent de la collection Bührle de Zurich. Deux sculptures géantes de Rebecca Warren, aux formes élancées et tourmentées, accueillent le visiteur dans la cour d’entrée. Enfin l’annonce d’un nouveau partenariat intitulé « Festival Permanent » qui associe non plus trois partenaires (Fondation Vincent van Gogh à Arles, Carré d’art-Musée d’art contemporain à Nîmes, Collection Lambert en Avignon) mais quatre (la Friche de la Belle de Mai à Marseille) pour un billet commun à 15,00 euros d’une durée d’un an.
                                             Christian Skimao






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