Exposition « A different way to
move. Minimalismes. New York 1960-1980. »
Centre Pompidou 40 ans.
Carré
d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 7 avril au 17 septembre 2017
Danse avec les illusions
BABETTE MANGOLTE - Trisha Brown, Woman walking down a ladder, 1973. Photo © 1973 2010 Babette Mangolte. Courtesy de l’artiste & Broadway 1602. |
Danse avec les illusions
Dans le cadre des 40 ans d’existence du Centre Pompidou prend place
cette exposition consacrée aux rapports existant entre les arts visuels, la
musique et la danse dans les années 1960 et 70 à New York. Marcella Lista en
assure le très transversal commissariat. En effet optant pour une division
didactique en six parties, elle opte pour le décloisonnement entre production
plastique et approche gestuelle au sens large (la danse sous toutes ses formes)
plutôt que pour une lecture traditionnellement muséale qui se trouverait par
trop figée. On connaît néanmoins les grandes difficultés à redonner une
contemporanéité aux objets du passé, sans y perdre quelque chose
d’indéfinissable, l’air du temps.
Beaucoup de grands noms historiques se trouvent convoqués. Robert Morris
côtoie Simone Forti et ses escalades (escapades ?) dansées. Les
légendaires dalles industrielles de Carl Andre permettent d’éprouver les
différences du pas qui se pose, de construire un rythme nouveau et varier les
plaisirs en fonction des matériaux proposés. La chorégraphe Yvonne Rainer propose
des approches singulières ainsi que Lucinda Childs. La danse va dans toutes les
directions au travers de l’expérience du Judson Dance Theatre. Des films et des
extraits de performance permettent de mieux saisir le côté protéiforme de cet
art éphémère et sa possible reconduction, introduisant paradoxalement une
notion de classicisme avec les années qui passent.
Donald Judd et Dan Flavin, avec deux œuvres phares, les
« Stacks » pour le premier et les néons de « Monument for V.
Tatlin » pour le second, se confrontent dans la quatrième partie avec la
grande Trisha Brown qui nous a quitté il y a peu. Elle avait travaillé avec Sol
Lewitt. L’idée de la danse et des
rapports complexes entretenus avec cet art en train de se faire (ou de se
défaire ) nous conduit à Eva Hesse et Bruce Nauman. Ce dernier avait tenté une
expérience datant de 1967-68, en
marchant le long d’un tracé blanc, obligeant son corps à adopter un rythme
différent de celui de la marche, proche de la danse ou d’une possible
interprétation de celle-ci. C’est donc bien dans cet espace des possibles que
se jouent les différentes sensibilités et la sixième et dernière période voit
la réunion en 1979 de Lucinda Childs, Philip Glass et Sol Lewitt. Les plans de
scénographie et les croquis de travail permettent de se rendre compte des interactions
entre ce qui est visible et ce qui demeure potentiel.
Le minimalisme a toujours été une
projection, non seulement sur ce qu’il présente, mais peut-être surtout sur ce
qu’il pourrait représenter. Sa perception évolue au fil des ans et son évidente
simplicité, malgré un fort appareillage théorique, expose certes une pensée en
action, mais aussi des corps en mouvement. Cette monstration le démontre ici avec
beaucoup de brio.
Christian Skimao
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