mardi 11 avril 2017

A different way to move. Minimalismes. New York 1960-1980. » Centre Pompidou 40 ans/ Carré d'art-Musée d'art contemporain, Nîmes.

Exposition « A different way to move. Minimalismes. New York 1960-1980. »
Centre Pompidou 40 ans.
Carré d’art-Musée d’art contemporain
Place de la Maison Carrée, Nîmes
Du 7 avril au 17 septembre 2017



BABETTE MANGOLTE - Trisha Brown, Woman walking down a ladder, 1973. Photo © 1973  2010 Babette Mangolte. Courtesy de l’artiste & Broadway 1602.



Danse avec les illusions

 
  Dans le cadre des 40 ans d’existence du Centre Pompidou prend place cette exposition consacrée aux rapports existant entre les arts visuels, la musique et la danse dans les années 1960 et 70 à New York. Marcella Lista en assure le très transversal commissariat. En effet optant pour une division didactique en six parties, elle opte pour le décloisonnement entre production plastique et approche gestuelle au sens large (la danse sous toutes ses formes) plutôt que pour une lecture traditionnellement muséale qui se trouverait par trop figée. On connaît néanmoins les grandes difficultés à redonner une contemporanéité aux objets du passé, sans y perdre quelque chose d’indéfinissable, l’air du temps.

  Beaucoup de grands noms historiques se trouvent convoqués. Robert Morris côtoie Simone Forti et ses escalades (escapades ?) dansées. Les légendaires dalles industrielles de Carl Andre permettent d’éprouver les différences du pas qui se pose, de construire un rythme nouveau et varier les plaisirs en fonction des matériaux proposés. La chorégraphe Yvonne Rainer propose des approches singulières ainsi que Lucinda Childs. La danse va dans toutes les directions au travers de l’expérience du Judson Dance Theatre. Des films et des extraits de performance permettent de mieux saisir le côté protéiforme de cet art éphémère et sa possible reconduction, introduisant paradoxalement une notion de classicisme avec les années qui passent.

  Donald Judd et Dan Flavin, avec deux œuvres phares, les « Stacks » pour le premier et les néons de « Monument for V. Tatlin » pour le second, se confrontent dans la quatrième partie avec la grande Trisha Brown qui nous a quitté il y a peu. Elle avait travaillé avec Sol Lewitt. L’idée de la danse et des rapports complexes entretenus avec cet art en train de se faire (ou de se défaire ) nous conduit à Eva Hesse et Bruce Nauman. Ce dernier avait tenté une expérience datant de 1967-68,  en marchant le long d’un tracé blanc, obligeant son corps à adopter un rythme différent de celui de la marche, proche de la danse ou d’une possible interprétation de celle-ci. C’est donc bien dans cet espace des possibles que se jouent les différentes sensibilités et la sixième et dernière période voit la réunion en 1979 de Lucinda Childs, Philip Glass et Sol Lewitt. Les plans de scénographie et les croquis de travail permettent de se rendre compte des interactions entre ce qui est visible et ce qui demeure potentiel.

  Le minimalisme a toujours été une projection, non seulement sur ce qu’il présente, mais peut-être surtout sur ce qu’il pourrait représenter. Sa perception évolue au fil des ans et son évidente simplicité, malgré un fort appareillage théorique, expose certes une pensée en action, mais aussi des corps en mouvement. Cette monstration le démontre ici avec beaucoup de brio.


 

                                                                                                                                                       Christian Skimao

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