Exposition « Francis Bacon/ Bruce
Nauman. Face à face »
Musée Fabre
39, boulevard Bonne Nouvelle Montpellier
www.museefabre.com
Du 1er juillet au 5 novembre
2017
Dialogue entre deux artistes
Une rencontre entre des œuvres de Francis Bacon et Bruce Nauman se
trouve présentée au musée Fabre de Montpellier dans le cadre de l’anniversaire des
10 ans de la réouverture dudit lieu et des 40 ans du Centre Pompidou. Pourquoi
pas ? C’est du moins le regard personnel de la commissaire invitée, Cécile
Debray, qui nous invite à un parcours comparatif de l’œuvre des deux artistes en
cinq sections : cadre/cage ; mouvement/animalité ;
corps/fragment ; piste/rotation ; réflexion/portrait. L’art demeure une
expérience, mais il s’agit aussi de deux générations d’artistes (Bacon est né
en 1909 et mort en 1992 tandis que Nauman est né en 1941 et se trouve toujours
en vie) qui opèrent dans des contextes très différents.
De Bacon, on connaît la peinture tourmentée qui narre des épisodes
privés et des références plus vastes tandis que Nauman participe de
l’exploration du conceptuel. Comment le corps de la peinture va-t-il se
confronter au corps expérimental ? C’est dans cette délicate approche que
se situe toute l’ambiguïté de cette monstration que la commissaire explique par
le souvenir d’une émotion visuelle née de la confrontation de l’un par rapport
à l’autre, dans un musée européen : madeleine ou révélation ?
Si le cadre semble bien contenir et convenir aux deux œuvres, il
apparaît comme une fausse limite à dépasser impérativement. Avec la notion
d’animalité, on compare des représentations peintes à une installation en
volume avec des animaux déstructurés. Le glissement visuel crée là aussi un
fort sentiment d’ambivalence que l’on retrouve dans la section portrait. La
puissance de l’œuvre de Nauman intitulée « Anthro/Socio (Rinde Facing
Camera) » explose de façon tonitruante, créant les conditions d’un
enveloppement artistique. Ce qui nous conduit à questionner la théâtralité en
action chez les deux créateurs tout en se posant la question centrale de la
scénographie de cette exposition. La circulation du spectateur épouse les
divers questionnements dans une approche très organisée. Une sorte de lieu des
histoires qui tourne autour des sujets convoqués dans cette dynamique de
confrontation où se chevauchent les époques.
Cibler les autres
débordements implique une sorte de concurrence latente de plus en plus en vogue
dans l’espace muséal actuel. Comparer, opposer, voir les différences, supputer
les ressemblances, laisser émerger un jeu de pistes qui aboutit à d’habiles
circonvolutions. La stratégie labyrinthique laisse le champ libre à une
dialectique du regard. Les affects passent du champ peint au champ pensé, mais
à quel artiste faut-il vraiment les attribuer ?
Christian Skimao
Christian Skimao
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