lundi 10 juillet 2017

Dialogue entre deux artistes « Francis Bacon/ Bruce Nauman. Face à face »

Exposition « Francis Bacon/ Bruce Nauman. Face à face »
Musée Fabre
39, boulevard Bonne Nouvelle   Montpellier
www.museefabre.com
Du 1er juillet au 5 novembre 2017

  

                           Dialogue entre deux artistes                       



   Une rencontre entre des œuvres de Francis Bacon et Bruce Nauman se trouve présentée au musée Fabre de Montpellier dans le cadre de l’anniversaire des 10 ans de la réouverture dudit lieu et des 40 ans du Centre Pompidou. Pourquoi pas ? C’est du moins le regard personnel de la commissaire invitée, Cécile Debray, qui nous invite à un parcours comparatif de l’œuvre des deux artistes en cinq sections : cadre/cage ; mouvement/animalité ; corps/fragment ; piste/rotation ; réflexion/portrait. L’art demeure une expérience, mais il s’agit aussi de deux générations d’artistes (Bacon est né en 1909 et mort en 1992 tandis que Nauman est né en 1941 et se trouve toujours en vie) qui opèrent dans des contextes très différents.

  De Bacon, on connaît la peinture tourmentée qui narre des épisodes privés et des références plus vastes tandis que Nauman participe de l’exploration du conceptuel. Comment le corps de la peinture va-t-il se confronter au corps expérimental ? C’est dans cette délicate approche que se situe toute l’ambiguïté de cette monstration que la commissaire explique par le souvenir d’une émotion visuelle née de la confrontation de l’un par rapport à l’autre, dans un musée européen : madeleine ou révélation ?

  Si le cadre semble bien contenir et convenir aux deux œuvres, il apparaît comme une fausse limite à dépasser impérativement. Avec la notion d’animalité, on compare des représentations peintes à une installation en volume avec des animaux déstructurés. Le glissement visuel crée là aussi un fort sentiment d’ambivalence que l’on retrouve dans la section portrait. La puissance de l’œuvre de Nauman intitulée « Anthro/Socio (Rinde Facing Camera) » explose de façon tonitruante, créant les conditions d’un enveloppement artistique. Ce qui nous conduit à questionner la théâtralité en action chez les deux créateurs tout en se posant la question centrale de la scénographie de cette exposition. La circulation du spectateur épouse les divers questionnements dans une approche très organisée. Une sorte de lieu des histoires qui tourne autour des sujets convoqués dans cette dynamique de confrontation où se chevauchent les époques.

  Cibler les autres débordements implique une sorte de concurrence latente de plus en plus en vogue dans l’espace muséal actuel. Comparer, opposer, voir les différences, supputer les ressemblances, laisser émerger un jeu de pistes qui aboutit à d’habiles circonvolutions. La stratégie labyrinthique laisse le champ libre à une dialectique du regard. Les affects passent du champ peint au champ pensé, mais à quel artiste faut-il vraiment les attribuer ?

                                                                                                                   Christian Skimao

Aucun commentaire: