lundi 9 octobre 2017

La vie simple (Fondation Van Gogh Arles)


Exposition « La vie simple-Simplement la vie/ Songs of alienation »
Avec Pawel Althamer, Jonathas De Andrade, Yto Barrada, Andrea Büttner, David Claerbout, Sanya Kantarovsky, Jean-François Millet, Nicolas Party, Dan Perjovschi, Juergen Teller, Oscar Tuazon, Vincent van Gogh.
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton, Arles
Du 7 octobre 2017 au 2 avril 2018



David Claerbout, The Pure Necessity

2016
Film d’animation 2D en couleur, son stéréo, environ 60 minutes
Courtesy : l’artiste et les galeries Sean Kelly, New York, et Esther Schipper, Berlin
   La vie, la vie, toujours recommencée

  L’esprit de Van Gogh vagabonde dans une jungle polonaise créée par Pawel Althamer au rez-de-chaussée de la Fondation tandis que des perruches nous entraînent vers les étages parsemés d’œuvres. On excusera ce commencement quelque peu surréaliste afin de mieux rendre compte de cette exposition qui repose à la fois sur des artefacts bien visibles, mais aussi des concepts dissimulés de-ci de-là (même avec des santons prêtés pour l’occasion par le Museon Arlaten). La thématique du foisonnement apparaît de prime abord avec des réalisations qui s’épousent ou se repoussent comme des lianes tandis qu’opère le choc des diverses temporalités (la thématique des fleurs passe des œuvres murales et éphémères de Nicolas Party aux photographies d’Yto Barrada tout en se référant aux iris de Van Gogh).

  Deux vidéos très frappantes évoquent les rapports complexes entre une certaine idée de la nature et une autre -parallèle- de la culture. Ainsi Jonathas De Andrade propose sous couvert de documentaire une création artistique de rituels plus vrais que nature avec de faux pêcheurs brésiliens ; David Claerbout revisite le dessin animé de Walt Disney, « Le livre de la jungle », en y ôtant toute référence dynamique, montrant des animaux vivant dans un rythme lent sans intrigue ni tension. Les deux œuvres s’inscrivent dans des champs sociologiques différents, mais tentent un écart créatif entre réalité et illusion.

  Sanya Kantarovsky a réalisé des peintures à la fois tragiques et émouvantes, aux teintes acidulées qui empruntent aux cartoons, mais avec une grande mélancolie. A mettre paradoxalement en relation avec les recherches en histoire de l’art d’Andrea Büttner et son travail comparatif et projeté de « Bergers et Rois ». Enfin, n’oublions pas le grand photographe Juergen Teller qui joue avec les codes de la célébrité et de la simplicité tandis que des graffitis de Dan Perjovschi parsèment les murs de l’institution.

 Cette conception d’une exposition « mélangée » emprunte aux codes muséaux anglo-saxons et se situe dans un cadre plus proche d’un centre d’art que d’un musée. Saluons donc cette réjouissante transversalité, véritable Angélus d’une vision rhizomique (clin d’œil appuyé aux déclinaisons de l’icône de Jean-François Millet).

                                                          Christian Skimao

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